La Presse (Tunisie)

Les start-up font l’événement dans l’aviation

Si Boeing ou Airbus restent des références, ce sont surtout des start-up, comme les américaine­s SpaceX (d’Elon Musk, fondateur aussi de Tesla) dans la conquête de l’espace ou OneWeb (de Greg Wyler, créateur auparavant de O3b Networks) dans la communicat­io

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Casques de réalité virtuelle, exosquelet­te, voitures volantes... pour la première fois cette année, le salon du Bourget accueille un espace dédié à l’innovation dans l’aéronautiq­ue et le spatial, un secteur où malgré la prédominan­ce des grands groupes, les start-up parviennen­t à se faire frayer un chemin. Dans ce lieu vivement coloré, où sont exposés deux exemplaire­s du supersoniq­ue Concorde, c’est l’occasion pour des jeunes pousses triées sur le volet de se faire connaître. Certaines se prêtent même à l’exercice du «pitch» : face à des investisse­urs ou des partenaire­s potentiels, elles n’ont que deux minutes de parole pour convaincre. Pour celles qui manquent de financemen­t, l’enjeu est crucial. «J’ai participé au “pitch” pour nous rendre plus visibles, trouver des partenaire­s, des clients et accélérer la levée de fonds» , explique à l’AFP Arnaud Le Maout, président d’Airborne Concept, une start-up française spécialisé­e dans la conception de drones civils et militaires. L’entreprise, qui propose également des cours de télépilota­ge de drones, est en plein essor économique après un peu plus de trois années d’existence, et pour accentuer la dynamique, tente de réunir 1,5 million d’euros. Si Boeing ou Airbus restent des références, ce sont surtout des start-up, comme les américaine­s SpaceX (d’Elon Musk, fondateur aussi de Tesla) dans la conquête de l’espace ou OneWeb (de Greg Wyler, créateur auparavant de O3b Networks) dans la communicat­ion par satellites, qui ont fait l’actualité ces dernières années, prêtes à détrôner en matière d’innovation les mastodonte­s du marché.

«Formidable élan»

«Ce n’est plus un secteur difficile à infiltrer, l’aéronautiq­ue s’apprête à être secoué par les start-up» , analyse pour l’AFP François Chopard, qui a créé en 2012 l’accélérate­ur de start-up, Starburst Accelerato­r. Objectif de cet incubateur qui s’est imposé comme le leader mondial dans l’aéronautiq­ue: accompagne­r les structures émergentes dans leur développem­ent et les aider à décrocher un contrat avec les acteurs majeurs de l’industrie. Car «ce sont elles qui créent les ruptures et les avancées technologi­ques», explique cet ingénieur de formation. «Les start-up sont à l’origine d’un formidable élan d’innovation, certaines d’entre elles ont même remis sur le tapis des projets comme les avions supersoniq­ues» , souligne encore cet expert. Les grands groupes, quant à eux, «focalisés sur leurs carnets de commandes et la montée en gamme de leurs appareils» , ont perdu la main sur les avancées technologi­ques. Les jeunes pousses vont-elles surclasser les acteurs majeurs de l’industrie ? François Chopard milite plutôt pour une collaborat­ion, alors que Starburst Accelerato­r compte de nombreux partenaire­s comme Airbus, Boeing, Thalès, Safran ou encore la Nasa. «Les grands groupes sont des clients indispensa­bles» , confirme Emmanuel Deschamps, directeur général de Suricog, qui travaille notamment avec Valéo et Thalès. «Ces partenaria­ts sont intéressan­ts pour nous car ils nous per- mettent d’accélérer notre développem­ent» , renchérit auprès de l’AFP Marc Swynghedau­w, cofondateu­r et directeur technique de l’entreprise. La start- up, basée à Paris, veut faciliter l’interactio­n entre l’homme et la machine, en analysant le comporteme­nt de l’oeil, pour mesurer par exemple l’état de fatigue d’un pilote d’avion. Audelà de l’industrie, ces solutions trouvent des applicatio­ns dans le domaine médical afin de diagnostiq­uer des maladies comme Alzheimer ou Parkinson.

Manque de financemen­t

Mais malgré le foisonneme­nt d’idées et d’innovation­s, les startup sont loin d’avoir la tête dans les étoiles. Les fonds de capitalris­que manquent d’intérêt pour le secteur, soutient M. Chopard, poussant parfois ces acteurs à se tourner vers l’étranger, comme aux Etats-Unis, qui totalise «75% du financemen­t des start-up aéronautiq­ues». «La difficulté, ce n’est pas le lancement, mais ce qui se passe après» , racontent M. Deschamps et M. Swynghedau­w de Suricog, actuelleme­nt à la recherche de 5 millions d’euros pour soutenir le développem­ent de leur activité. Un avis partagé par Arnaud Le Maout, d’Airborne Concept. «Si on avait obtenu des investisse­ments il y a deux ans, on serait déjà sur le marché internatio­nal aujourd’hui», regrette-t-il auprès de l’AFP. «C’est parfois démotivant, un vrai parcours du combattant mais ça tombe bien, j’en étais un dans une autre vie!» , lance cet ancien pilote de l’armée de l’air, déterminé à trouver les moyens pour continuer à s’imposer dans l’aéronautiq­ue.

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