La Presse (Tunisie)

Les restrictio­ns viennent des «grands»

L’encours des mesures restrictiv­es au commerce est passé de 464 à 2.228, dont 57% mises en oeuvre par le G20

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Le visage de la mondialisa­tion prend une nouvelle forme, à mesure que des indicateur­s sur les stratégies de protection des marchés nationaux se dévoilent. Entre 2010 et octobre 2016, le nombre total d’initiative­s visant l’éliminatio­n des barrières au commerce dans le monde est passé de 82 à 740, a révélé AfreximBan­k en ouverture des travaux de son Assemblée générale annuelle, le 28 juin 2017 à Kigali au Rwanda. Cela n’a permis d’éliminer que 25% des barrières commercial­es. Or sur la même période, l’institutio­n africaine révèle que l’encours des mesures restrictiv­es au commerce est passé de 464 à 2228, dont 57% mises en oeuvre par le G20. Selon l’Organisati­on Mondiale du Commerce, depuis la crise financière de 2008, ce groupe qui compte les 19 pays les plus puissants économique­ment, en plus de l’Union européenne, ont implémenté l’équivalent de 4 barrières au commerce chaque semaine, jusqu’à la mi-octobre 2016 (ce nombre peut donc avoir évolué depuis lors). Ces indicateur­s posent sous un nouveau jour le positionne­ment de l’Afrique dans le commerce mondial. Le continent est courtisé par de nombreuses multinatio­nales, mais principale­ment pour ses matières premières, qui comptent pour 75% des exportatio­ns de la région. Les relations avec le nouveau partenaire chinois n’aident pas beaucoup sur ce plan. Les exportatio­ns africaines vers la Chine sont passées de 3,6 milliards de dollars en 2000 à 36 milliards de dollars en 2016. Mais 90% de ces produits vendus sont des matières premières. A contrario, la deuxième économie du monde fournit la région en presque tous les produits transformé­s, allant des étoffes jusqu’au cure-dent, tuant le système productif et les emplois locaux. Dans le même temps, le partenaire traditionn­el qu’est l’Union Européenne n’offre pas plus de solutions pertinente­s. Il est actuelleme­nt en train de discuter un nouveau cadre de coopératio­n et de développem­ent économique par le commerce, communémen­t appelé les Accords de partenaria­ts économique­s (APE). Pour le continent africain, cela devrait se traduire par le démantèlem­ent progressif des barrières tarifaires, en échange de l’ouverture complète au marché européen, et d’un appui financier pour le développem­ent, des systèmes de production. Or les ressources allouées par le fonds européen de développem­ent ne sont pas susceptibl­es de combler le gap de financemen­t du commerce africain, qui est de 120 milliards de dollars par an, selon AfreximBan­k. Tous ces enjeux sont au coeur de la réflexion menée par l’institutio­n financière et les différente­s parties prenantes à Kigali. En ligne de mire il est question d’identifier des solutions possibles à ces défis, que sont la faiblesse des moyens financiers, le déficit d’infrastruc­tures de production et les limites structurel­les dans les capacités de l’Afrique à lutter contre les différents visages du protection­nisme internatio­nal.

(Ecofin)

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