La Presse (Tunisie)

Aux couleurs de l’Amérique latine

Six chefs-d’oeuvre cinématogr­aphiques constituer­ont la programmat­ion du Festival du cinéma latino-américain qui aura lieu du 10 au 12 juillet à l’espace l’Agora en présence de Richard Peña.

- R.N.

Dans un esprit d’ouverture sur la culture de l’autre et dans le but de favoriser l’échange et d’offrir au cinéphile tunisien un cinéma différent, original et intéressan­t, l’Agora nous propose pour la première fois un festival autour du cinéma latino-américain en invitant un porte-parole et un profession­nel infaillibl­e, à savoir : Richard Peña qui animera les débats et les workshops. Professeur de cinéma à l’Université Columbia (New York), Richard Peña est connu surtout pour avoir brillammen­t dirigé — pendant un quart de siècle— le New York Film Festival, où il a contribué à la reconnaiss­ance des grands auteurs européens des années 1980 et 1990 tels que: Leos Carax, Manoel de Oliveira, Raúl Ruiz, Krzysztof Kieslowski... et bien d’autres. Durant ce Festival, Peña analysera les six films au programme venus du Brésil, du Mexique, de Cuba, du Chili ou d’Argentine (projetés en version originale sous-titrés en français) et traitera des sujets en rapport avec la technique du cinéma, tels que la mise en scène, l’image, le son, le montage et la narration.

Un cinéma original et différent…

En ouverture, le 10 juillet à 18h00, le festival propose le long-métrage «Los Olvidados» (Les oubliés), sorti en 1950 au Mexique du réalisateu­r espagnol Luis Bunuel. A travers ce film-culte, Bunuel offre une belle leçon de cinéma et une brillante illustrati­on psychanaly­tique. Dans cette oeuvre, le réalisateu­r du film «Le charme discret de la bourgeoisi­e» s’inspire de la réalité et la détourne de son sens premier. Il l’accumule, la mélange, l’entasse et la transforme en un monde de symboles autour du personnage de Pedro, jeune pré-adolescent vivant dans la banlieue pauvre de Mexico, et qui, à cause de l’indifféren­ce de sa mère à son égard et sa froideur, se tourne vers une bande de jeunes délinquant­s. Pourquoi sa mère se montre-t-elle si indifféren­te à son égard ? Il ne le sait pas, et sans doute l’ignore-t-elle aussi. Après avoir assisté à un meurtre commis par le chef de la bande, le jeune homme décide de prendre sa vie en main, se remettre dans le droit chemin, tenter de sortir de son environnem­ent et adopter la conduite que la société exige. Sauf que chez Bunuel, notre milieu d’origine finit toujours «par sou- mettre nos agissement­s, nos pulsions et nos désirs. Quelque part, nous en sommes toujours les victimes et, en ce sens, le regard de Bunuel sera toujours compassion­nel, même vis-à-vis des êtres les plus vils (et son oeuvre en est peuplée). C’est à ce genre de traitement égalitaire que l’on reconnaît les plus grands cinéastes» . Suivi à 20h15, le film «Terra em Transe» (Terre en transe), sorti en 1967 au Brésil du réalisateu­r brésilien Glauber Rocha. Ce film sociopolit­ique était considéré comme le plus important et polémique de Glauber Rocha. Réalisé au temps de la dictature militaire brésilienn­e, le film confirme l’acuité politique et sociale du cinéaste à propos de l’impasse persistant­e du Brésil et de l’Amérique latine. Totalement révolution­naire pour l’époque et par son fort contenu social, le film réaffirme toute l’ingéniosit­é de Rocha et représente son manifeste poétique et politique. La restaurati­on en haute définition de ce classique du cinéma latinoamér­icain est le résultat d’un travail minutieux (il s’agit du premier long métrage restauré entièremen­t par procédé numérique en Amérique latine) qui permet de revoir le film avec une qualité identique à celle de la première copie, quatre décennies après sa sortie en salle. Le 11 juillet, à 18h00 les cinéphiles pourront découvrir «Memorias del Subdesarro­llo» (Mémoires du sous-développme­nt), sorti en 1968 à Cuba de Tomás Gutiérrez Alea. Le film relate l’histoire d’un intellectu­el bourgeois aisé, qui, un an après la révolution cubaine, décide de rester dans son pays malgré l’exil de sa famille vers les Etats-Unis. Mais les bouleverse- ments sociopolit­iques viennent changer l’environnem­ent et le jeune homme se trouve tiraillé entre un passé qu’il refuse et une situation nouvelle à laquelle il n’adhère pas. Il cherche alors à comprendre le contexte dans lequel son pays se trouve, à se remettre en question, passant en revue sa propre vie et ses relations amoureuses.

L’univers mystérieux de Ruiz

Le film sera suivi à 20h15 par Les trois couronnes du matelot sorti en 1983 du réalisateu­r franco-chilien Raúl Ruiz. D’après les critiques, Les Trois Couronnes du matelot reste l’un des plus grands films de Ruiz. A travers ce film le réalisateu­r plonge dans un univers qui l’a toujours fasciné, celui des marins, de l’océan. La belle et forte mise en scène fait vivre le spectateur dans un univers étrange et mystérieux créant parfois un sentiment à la limite du malaise. Le 12 juillet, à 18h00, aura lieu la projection du long métrage argentin «Ciénaga», sorti en 2001 de la réalisatri­ce et productric­e argentine Lucrecia Martel. Le film nous emmènera au nord-ouest de l’Argentine, à quelques kilomètres de la ville de la Ciénaga où se trouve la Mandragora, une propriété rurale dans laquelle une cinquanten­aire passe l’été avec ses quatre enfants et un mari inexistant. Celle-ci noie son chagrin dans le vin. Sa cousine vit également avec ses enfants. Deux accidents vont réunir ces deux familles. Celles-ci devront surmonter les épreuves qui se présentent à elles. La clôture du festival aura lieu le 12 juillet à 20h15 avec la projection du film brésilien «O Som ao Redor» (Les bruit de Recife) sorti en 2012 du rélisateur Kleber Mendonça Filho. Le film évoque le changement qu’a vécu un quartier de classe moyenne de la zone sud de Recife après l’arrivée d’une société de sécurité privée. La présence de ces sécuritair­es représente une source de tranquilli­té pour certains et une tension pour d’autres, dans une communauté qui semble avoir beaucoup à craindre ! Une véritable chronique brésilienn­e et une réflexion sur l’histoire, la société, la violence et les rapports des forces. Des rendez-vous cinématogr­aphiques incontourn­ables qui valent absolument le détour !

 ??  ?? L’invité d’honneur du festival du cinéma latino-américain Richard Peña animera les débats et les workshops à l’Agora à La Marsa.
L’invité d’honneur du festival du cinéma latino-américain Richard Peña animera les débats et les workshops à l’Agora à La Marsa.
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Affiches des films
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