La Presse (Tunisie)

Ne pas lâcher prise

Serrer les rangs et résister aux torrents existentie­ls !

- Khaled KHOUINI

En football, et c’est ce qui fait le charme de ce sport, avec de l’enthousias­me et de la solidarité, il y a possibilit­é de lutter ponctuelle­ment quand on serre les rangs après avoir traversé une zone de turbulence­s. Car au CA, récemment, la crise qui couvait était à la hauteur de l’attente suscitée ! Immense. Profonde. Structurel­le même ! Vite dépassée, et on l’espère pour le représenta­nt tunisien en Coupe de la CAF, cette période d’incertitud­e ne devrait pas perturber l’équipe et l’éloigner de son objectif immédiat, soit ramener au moins un point du Nigeria. L’on aurait pu appeler la poule du CA le groupe de la mort, tellement les positions se sont resserrées en haut du tableau avec quatre équipes ex aequo. Et pour le CA, il suffira d’un nul arraché chez Rivers United pour entrevoir le final du groupe avec sérénité. C’est pourtant loin d’être gagné, vu les absences signalées çà et là. Oui, le CA est à la croisées des chemins. Ça passe ou ça casse, et à tous les étages. Entre l’éventuel passage de témoin au sein de l’exécutif, la reconducti­on des contrats de plusieurs tauliers et la crise de confiance globale autour de la bulle clubiste, les supporters ne savent plus à quel saint se vouer. Actuelleme­nt, c’est forcément une période charnière dans l’histoire du Club Africain. Une associatio­n quasi centenaire qui n’arrive décidément pas à épouser l’air du temps, et ce n’est pas faute d’avoir essayé depuis 2012. Car il faut tout de même se rendre à l’évidence. Malgré des moyens conséquent­s, le CA n’est pas parvenu à franchir un cap, un palier qui cadre avec ses ambitions et le programme tracé. Alors, au coup de sifflet final, cet après-midi, l’on sera forcément fixé sur cette capacité de réaction du CA. Ça pourrait forcément déteindre sur la sphère clubiste dans le bon sens. Mais dans l’avenir seulement! Car aujourd’hui, il y a un monde d’écart entre le CA tel qu’il est présenté et le CA tel qu’il est vraiment. Il faut comprendre que l’habit ne fait pas le moine et que l’équipe a autant de points faibles que de qualités. Pour le moment, le constat est sans appel. Tel qu’il est dressé, le CA reste un outsider capable de créer la surprise mais incapable de se transcende­r sur la durée. Manque d’alternativ­es, de solutions, de doublures, de joueurs polyvalent­s, de souffle, d’implicatio­n, de caractère et d’endurance. Ça fait beaucoup pour un club qui vise le trophée de la C3. Pour rappel, sept joueurs manqueront à l’appel aujourd’hui. Farouk Ben Mustapha, Imed Meniaoui, Saber Khelifa, Mathew Rusike, Nader Ghandri, Ahmed Khelil et Ghazi Ayadi ne seront pas de la partie. Et au technicien clubiste de recourir aux Yaferni, Tka, Sami Hammami, Zemzemi et Agrebi pour grossir les rangs d’un groupe quelque peu décimé. Encore heureux que les Ifa, Kchok, Belkhiter, Abdi, Ben Yahia, Darragi, Dkhilali et autre Chenihi soient là pour du moins maintenir l’ossature à un niveau correct et permettre au CA de tenir son rang au Nigeria.

Repartir malgré tout

Sans soutenir que l’effectif est léger sur le papier, il ne semble pas taillé pour titiller les meilleurs à ce niveau. Peut-être que ça suffira pour tenir en respect Rivers United. Mais il faudra forcément remédier à cela par la suite. Il ne s’agit pas de glisser un message à peine voilé aux tenants du CA. Mais il faudra tirer des enseigneme­nts pour l’avenir. C’est une évidence en cette période de remise à plat clubiste. Le temps, c’est de l’argent, clament les plus avertis parmi les fans. Oui, le temps bien employé est souvent source de profits. A contrario, du temps gaspillé provoque souvent pertes et manques à gagner. Plus de place aux tergiversa­tions et aux coups de sang. S’il ne veut pas ramer à contre-courant et s’il a décidé de résister à la marée et de ne pas lâcher le manche, Slim Riahi doit s’en donner les moyens. Car il est désormais inutile de multiplier les interventi­ons médiatique­s pour assurer le service après-vente de «son projet clubiste» et proclamer de nouveau son ambition de grandeur. Non, le vrai objectif est de redevenir compétitif et pas seulement à l’occasion. Au CA, «la leçon» de l’assemblée évaluative a ramené tout le monde sur terre. Le CA est un club anxieux, angoissé, et à la limite mélancoliq­ue. Ce n’est pas bon signe pour une associatio­n qui veut redevenir souveraine, du moins en C3. Car en football il n’y pas que le talent qui compte. Provisoire­ment et ponctuelle­ment, si le groupe se projette avec un grand appétit, il peut toucher au but en attendant des jours meilleurs, point de vue renforts. Capable d’être compétitif avec moins de moyens que les autres ! Demandez-le au CSS! C’est l’exemple frappant d’un club structuré, bien que mis à mal par les sommations diverses de la Fifa. Et ça, ça s’appelle la maturité. L’honneur. La dignité même ! En clair, les Clubistes doivent annoncer la couleur dès aujourd’hui. Ils doivent avoir l’ambition de résister aux torrents existentie­ls. Ne pas se consumer, trouver ce supplément d’âme propre aux grands et repartir malgré tout. Il s’agit ni plus ni moins que de redorer son blason pour, à terme, entamer une mutation nécessaire.

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