La Presse (Tunisie)

Macron promet le déploiemen­t d’une force conjointe

La France apportera 70 véhicules tactiques et un appui opérationn­el, a-t-il annoncé à l’ouverture du sommet

-

AFP — Le président français, Emmanuel Macron, a promis hier au sommet du G5 Sahel à Bamako son aide pour le déploiemen­t d’une force conjointe de ces pays contre les jihadistes mais leur a enjoint d’en démontrer l’efficacité. Face à la dégradatio­n de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, le G5 a réactivé, lors d’un sommet en février, également dans la capitale malienne, le projet de création de cette force. Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, avec un effectif initial de 5.000 hommes, basée à Sévaré, (centre du Mali), elle s’ajoutera à l’opération française Barkhane qui traque les jihadistes dans le Sahel et à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). M. Macron a rejoint dans la nuit à Bamako le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, et ses pairs Idriss Déby Itno (Tchad), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mahamadou Issoufou (Niger). La France apportera 70 véhicules tactiques et un appui opérationn­el, a-t-il annoncé à l’ouverture du sommet. «Sur le volet militaire, c’est un effort équivalent à plus de 8 millions d’euros que nous consacrons d’ici la fin de l’année», a-t-il dit. Il a salué «une dynamique, un mouvement de fond que la France est fière d’accompagne­r», qualifiée d’«alliance pour le Sahel». M. Macron a ajouté avoir «bon espoir que le 13 juillet», le Conseil franco-allemand à Paris permettra aux deux pays d’«annoncer des engagement­s communs autour de cette alliance». Mais, «pour garantir un soutien dans la durée, ce sera à vous et à vos armées de convaincre que le G5 peut être efficace, dans le respect des convention­s humanitair­es. Les résultats doivent être au rendez-vous pour convaincre nos partenaire­s», a prévenu le président français à l’intention de ses pairs. Le 21 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution qui «salue» le déploiemen­t de cette force mais sans lui délivrer ni mandat ni fonds.

«Faire semblant de faire»

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a évoqué avant-hier un budget total de 450 millions de dollars. La question financière est d’au- tant plus sensible que le président tchadien, dont le pays est déjà engagé dans la Minusma et dans la force multinatio­nale contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer du projet pour des raisons budgétaire­s. L’Union européenne ( UE) a déjà promis 50 millions d’euros, «l’amorce d’un engagement dans la durée» que compte favoriser la France, selon M. Macron. Une conférence des donateurs doit se tenir dans les prochains mois. Dans un nouveau geste de défi aux dirigeants du G5, la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a diffusé avant-hier, veille du sommet, une vidéo montrant six étrangers enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017: une Française, une Colombienn­e, un Sud-Africain, un Roumain, une Suissesse et un Australien. Cette même alliance a revendiqué l’attentat du 18 juin contre un lieu de villégiatu­re proche de Bamako, qui avait fait cinq morts, en plus de quatre assaillant­s tués. L’allégeance de nombreux mouvements jihadistes du Sahel à AlQaïda ou au groupe Etat islamique «projette notre région dans un champ de confrontat­ion mondiale», a souligné le président malien. «Nous avons chaque jour à affronter des terroriste­s, des voyous, des assassins», a affirmé M. Macron, mais ils «se sont nourris de nos faiblesses, de nos hypocrisie­s, des complexes du passé, de notre inefficaci­té collective». S’exprimant souvent sur le ton de la remontranc­e collective, le président français a exhorté à éviter dorénavant de «ne pas parler des vrais problèmes et faire semblant de faire». Dans cet esprit, il a pressé les dirigeants du G5 de mener «des réformes institutio­nnelles et des efforts de gouvernanc­e, appelés par vos population­s». A M. Keïta, il a redemandé, comme lors de sa visite au Mali en mai, la «pleine mise en oeuvre de l’accord de paix» de mai-juin 2015 censé isoler les jihadistes, y compris «le redéploiem­ent de l’Etat sur tout le territoire et la décentrali­sation». Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par une interventi­on militaire internatio­nale lancée en 2013 à l’initiative de la France. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrem­ent visées par des attaques.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia