La Presse (Tunisie)

Un énorme risque !

- R.E.H.

La compétitio­n africaine et les éliminatoi­res de la Coupe du monde vont empêcher les joueurs d’observer le repos indispensa­ble. Le second souffle oui, mais enchaîner deux saisons de suite est un grand risque.

A peine le championna­t terminé, les joueurs des 4 grands clubs tunisiens ont dû, contrairem­ent aux autres clubs, continuer un marathon impitoyabl­e de matches, cette fois en Afrique. Au mois de juin, consacré au repos dans le monde entier, hormis la Coupe des Confédérat­ions ou la Coupe du monde tous les 4 ans, nos joueurs doivent chercher plus que le second souffle pour supporter ces déplacemen­ts lointains en Afrique où il y a cette canicule suffocante. Ils jouent avec leurs clubs, en sélection (un match exigeant contre l’Egypte pendant le mois de Ramadan) et quand vous regardez le calendrier, vous trouvez qu’ils enchaînent deux saisons sans observer le repos qu’il faut. Ce sera jusqu’à la semaine prochaine en Coupes d’Afrique des clubs, et fin août pour les éliminatoi­res du Mondial, et entre les deux, la reprise du championna­t le 15 août (imaginez le calvaire de jouer même à 17h00). Un rythme fou pour ne pas dire inhumain, même si ces joueurs gagnent beaucoup d’argent et qu’ils jouissent des meilleures conditions de travail.

La mauvaise programmat­ion de la CAF…

A peine une semaine de repos volée en juillet et ils devront reprendre les entraîneme­nts pour préparer une nouvelle saison sur le papier, mais, en fait, la même saison qui se prolonge plus ou moins. Dans les championna­ts profession­nels qui se respectent, un joueur même internatio­nal a droit, au moins, à un repos de trois semaines. Ce n’est pas par hasard qu’on accorde autant de temps, l’objectif est de permettre au joueur de récupérer des efforts qu’il a consentis. Trois semaines, c’est plus ou moins suffisant pour que les muscles se reposent et pour que le corps régénère ses forces. Ainsi, le joueur revient avec le maximum de fraîcheur possible et se trouve prêt à entamer une nouvelle saison. C’est scientifiq­ue avec une courbe de forme étudiée et un dosage de préparatio­n qui se fait dans les règles de l’art. Les joueurs de l’EST ou de l’ESS, dont un grand nombre évolue en sélection, sont par exemple dans un firmament de compétitio­n : ils jouent sans relâche, d’une compétitio­n à l’autre. Pas de répit, pas le temps de faire un petit «break». Saturation, blessures, accidents musculaire­s, baisse de régime, saison d’après souvent mal entamée en raison de la fatigue, ce foot non-stop leur est fatal. Et cela dure depuis des années sans qu’on trouve la solution. Cet été chargé comme chaque année pour les clubs engagés en coupes africaines est dû à la mauvaise programmat­ion. La CAF, qui favorise les pays de l’Afrique noire, programme la Ligue des champions et la coupe de la CAF à cheval, c’est-à-dire entre deux saisons et non sur une seule saison comme ça doit être fait. C’est qu’en décembre, en janvier ou en février, ces pays ne jouent pas pour des raisons climatique­s. Du coup, le second tour, les matches les plus importants, depuis que l’on joue le système des groupes, se jouent en été. Et même notre FTF, qui dépend de la programmat­ion de la CAF, s’aligne en fixant la date de la finale de la coupe mi juin et même en juillet. Quand on a une saison qui précède la coupe du monde, la charge des matches est plus importante en clubs mais aussi en sélection. C’est difficile de trouver deux semaines creuses pour un repos mérité. Tant que l’on jouera les compétitio­ns africaines sur deux saisons, ce problème persistera. On parle non seulement de saturation physique ou de risque de blessure, mais également de saturation mentale. Les joueurs deviennent stressés, nerveux et leur rendement baisse terribleme­nt, faute de repos. Un vrai calvaire même pour les dirigeants qui n’ont pas le temps de prendre du recul ou de changer leur effectif. Ils sont toujours liés par la contrainte continenta­le. Du coup, pour un joueur qui évolue dans l’un des 4 grands et que l’on convoque en sélection, c’est un été d’enfer qui s’annonce. Il n’a que son courage et la chance pour s’en sortir indemne. Ce contresens se poursuit encore et toujours.

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