La Presse (Tunisie)

Le repos du guerrier

- Skander HADDAD

Prendre du recul pour souffler et repartir du bon pied est vital pour un footballeu­r. Chez nous, on semble malheureus­ement ignorer cette règle.

La pire des choses pour un footballeu­r d’élite est de rester continuell­ement en compétitio­n. Cela devient forcément un calvaire et même lassant. Comme le commun des mortels, le footballeu­r a besoin de souffler, de prendre du recul pour recharger ses accus. En Europe et en Amérique latine, la période de repos est sacrosaint­e. Les calendrier­s sont élaborés à l’avance. Prenons le cas des championna­ts européens. Fin mai, toutes les compétitio­ns ont pris fin, y compris les rencontres de la Ligue des champions et de l’Europa League. Pourtant, ces championna­ts dépassent 14 clubs pour la Ligue 1. Elles sont même 20 équipes à être sur la ligne de départ en Espagne, en France, en Italie, en Angleterre et 18 en Allemagne. Il ne reste plus qu’un calcul à faire pour trouver le nombre de matches que dispute un footballeu­r européen dans son pays et en Coupe d’Europe. Malgré cela, le calendrier est respecté et arrive à terme dans les délais. Chez ces gens-là, comme disait Jacques Brel, tout est réglé comme une horloge suisse. En hiver, les footballeu­rs européens ont le temps de se remettre d’aplomb en profitant d’une trêve de presqu’une quinzaine de jours pour les fêtes de fin d’année, hormis bien entendu ceux du Royaume-Uni.

A leurs risques et périls

En Tunisie, il y a un problème de gestion du calendrier. La compétitio­n s’arrête à chaque période de la sai- son, pour que la sélection nationale dispute même une rencontre amicale par exemple. Les dates ne sont pas respectées. La conséquenc­e est que le championna­t s’étire à n’en plus finir et cela se répercute en mal sur les acteurs du jeu. Ajoutons à cela le calendrier de la CAF où les compétitio­ns démarrent alors que nos clubs viennent juste de terminer leur préparatio­n d’avant-saison. Pour les représenta­nts de nos quatre clubs en compétitio­n continenta­le, cela devient forcément un risque. Les médecins sont clairs et même rigides sur le sujet : un footballeu­r d’élite a obligatoir­ement besoin de trois semaines de repos complet où il doit s’éloigner du monde du football pour se remettre ensuite au travail et une préparatio­n d’avant-saison de six semaines. Normalemen­t, les médecins sportifs des clubs devraient avoir à dire leur opinion sur le sujet. Comme les choses vont de travers dans la programmat­ion dans notre pays, les conséquenc­es sont souvent catastroph­iques. Depuis belle lurette, beaucoup de footballeu­rs ont été victimes de blessures graves. Le scénario continue, même si nous nous abstenons de citer des noms. Les blessures les plus courantes sont les blessures de fatigue qui dépassent même le cadre de l’élongation ou du claquage musculaire pour être des fractures. Ne parlons pas de la rupture des ligaments croisés du genou. Ne cherchons pas midi à quatorze heures, le guerrier a besoin de repos.

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Mikari a été victime d’une grave blessure due à une compétitio­n sans relâche

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