Bac lettres, une orientation maudite ?
La question de l’orientation scolaire et universitaire figure parmi les réformes sur lesquelles se pencheront les commissions de réforme éducative
Des parents têtus qui imposent leur diktat à leurs enfants, décident de leur orientation scolaire, ça pullule encore. «Le bac lettres c’est pour les ratés, les cancres et les nuls», «Tu n’iras pas très loin avec les langues», telles sont les remarques absurdes, voire débiles, faites par certains parents pour décourager leurs enfants à s’orienter vers la section lettres. Au bout de ces intimidations, il en résulte une «orientation subie» qui installe chez l’enfant un sentiment de frustration et finit par le démotiver. L’échec est inéluctable et seul cet enfant qu’on a désorienté et forcé à opter pour une section qu’il n’a pas choisie va subir les conséquences désastreuses de la non-réussite au bac. Sarra (nom d’emprunt) a échoué au bac cette année, après une mauvaise orientation scolaire, ou plutôt une orientation imposée par ses parents. Excellente dans les matières littéraires depuis son bas âge, le père et la mère n’ont trouvé de mieux que de la forcer à s’orienter vers la section mathématiques. Avec 1.5 comme note en maths le jour du bac, elle ne pouvait aller très loin. Elle a vu ses rêves s’écrouler en raison de l’entêtement de ses parents. «On ne pouvait pas rêver pour moi, ils n’avaient pas le droit», témoigne-telle. Si elle avait été orientée vers la section lettres, elle aurait pu avoir une excellente moyenne, mais ses parents ont en voulu autrement .Le cas de Sarra n’est pas unique, ils (elles) sont plusieurs à avoir subi le diktat parental et à échouer. Le taux de réussite à l’épreuve du bac pour la section lettres a connu une chute vertigineuse et occupe toujours la dernière place à la session principale avec 12.25% en 2015, 16.59% en 2016, 13% pour l’année en cours. La section s’est-elle muée en une orientation maudite après ses années de gloire ? On a bien peur que la réponse soit oui .Plusieurs bacheliers portent un préjugé négatif sur cette section qui, selon eux, n’offre plus une belle perspective de vie professionnelle. Il est vrai que de nos jours, ceux qui n’ont pas la moyenne au cours de l’année dans certaines matières de base sont systématiquement orientés vers la section lettres, ce qui explique le nombre élevé des candidats pour cette année (30208) et le faible taux de réussite de 13% enregistré durant la session principale. Même ceux qui sont doués dans les matières littéraires, et peuvent facilement réussir, n’en veulent plus de cette section en raison de la pression des parents. Malheureusement, ceux qui ont fait fausse route au lycée sont systématiquement orientés à la section lettres, d’où ce taux de réussite au bac qui ne choque plus à la session principale. La faute incombe essentiellement au système éducatif actuel et la question de la réforme de l’orientation est plus que jamais impérative. Justement, le ministre de l’Education par intérim, Slim Khalbous, a dernièrement indiqué à l’agence TAP que la question de l’orientation scolaire et universitaire figure parmi les réformes sur lesquelles se pencheront les commissions de réforme éducative. Un peu en retard et que de dégâts enregistrés durant ces années passées.