La Presse (Tunisie)

« Il est temps de lancer le dialogue interlibye­n »

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Le président de la République Béji Caïd Essebsi a souligné l’importance de conjuguer les efforts de toutes les parties pour un règlement politique global de la crise libyenne. Il a plaidé pour des positions communes en ce qui concerne, notamment, l’attachemen­t à la légalité internatio­nale. Pour Caïd Essebsi, l’accord politique libyen signé le 15 décembre dernier doit servir de document de référence pour les prochaines réunions de négociatio­ns. Il s’exprimait dans une allocution adressée aux participan­ts à la réunion du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba sur le suivi de la situation en Libye et dont lecture a été donnée par le ministre des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui. La Tunisie, a encore affirmé le président de la République, soutient vigoureuse­ment tous les efforts déployés par l’UA pour parvenir à une solution politique en Libye. Il a rappelé que la Tunisie a activement participé à toutes les réunions du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye. Beji Caïd Essebsi a appelé le secrétaire général de l’Organisati­on des Nations unies (ONU) et son nouveau représenta­nt en Libye, Ghassan Salamé, à la nécessité de hâter le lancement d’un dialogue politique, conforméme­nt aux mécanismes convenus dans l’accord politique. Il a également préconisé la mise en place d’une large plateforme de consensus sur les éventuelle­s révisions que les Libyens pourraient apporter à cet accord. Dans son allocution, Béji Caïd Essebsi a évoqué les dérives sécuritair­es qu’a connues la Libye et leurs répercussi­ons sur la région. Ce qui, a- t- il recommandé, commande à toutes les parties de soutenir le peuple libyen et d’oeuvrer pour une solution politique basée sur le dialogue et le consensus pour mettre, ainsi, fin à la période transitoir­e par l’organisati­on d’élections et l’installati­on d’institutio­ns pérennes dans des délais concevable­s et étudiés et sous l’égide de l’ONU. L’objectif étant, a- t- i l fait observer, d’asseoir les mécanismes d’alternance pacifique du pouvoir et d’entreprend­re les travaux liés au développem­ent et à la reconstruc­tion. Le président de la République a tenu à rappeler que la Tunisie n’a ménagé aucun effort depuis le début de la crise libyenne en 2011 pour alléger la souffrance du peuple libyen et pour impulser les initiative­s préconisan­t le dialogue entre les différente­s factions libyennes, étant convaincue que la solution doit être politique, que les dérives sécuritair­es doivent cesser et qu’il faut mettre fin à la souffrance de ce peuple frère. Il a évoqué, dans ce cadre, son initiative lancée le 15 décembre 2016 pour une solution politique globale à la crise libyenne, face à la stagnation du processus politique onusien. Caïd Essebsi a aussi rappelé les liens d’amitié et de voisinage entre la Tunisie et la Libye et les intérêts communs entre les deux pays.

Il faut éviter l’escalade

Cette initiative, a- t- il rappelé, est devenue ensuite tripartite ( tunisienne- algérienne- égyptienne), après son adoption par les trois pays le 20 février 2017. Elle a donné espoir à toutes les parties et a permis de créer une nouvelle dynamique aux plans local et régional et d’ouvrir la voie au dialogue bilatéral entre les protagonis­tes libyens. Il a cité dans ce sens les réunions tenues à Rome et Abu Dhabi. Il a précisé que cette initiative, qui va de pair avec les autres initiative­s et s’inscrit dans un cadre onusien, vise à rapprocher les Libyens et à parvenir à un accord politique dans le cadre d’un dialogue interlibye­n. Il s’agit, également, de mettre en place une large plateforme de consensus sur les révisions qui pourraient être proposées par la commission du dialogue, a relevé le président de la République. L’initiative tripartite envoie un message aux Libyens et à la communauté internatio­nale sur la nécessité de s’attacher à la solution politique et d’éviter l’escalade à l’intérieur du pays ou encore toute ingérence extérieure dans ses affaires, a- t- il soutenu. La Tunisie, qui a soutenu l’accord politique libyen, sous l’égide des Nations unies, et appuyé le Conseil présidenti­el libyen en tant qu’autorité légitime reconnue, n’a ménagé aucun effort pour promouvoir les efforts de la mission de l’ONU pour l’appui en Libye ( qui siège en Tunisie). En témoigne, a- t- il dit, l’aide pour faciliter le retour des membres de la mission de l’ONU pris en otage à Zaouia. Le président de la République a réitéré la confiance en la capacité des pays voisins de la Libye et des institutio­ns de l’Union africaine à soutenir les efforts internatio­naux pour impulser le processus politique en Libye. Le ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui conduit la délégation tunisienne aux travaux du 29e Sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine ( UA) qui se tient les 3 et 4 juillet à Addis-Abeba en Ethiopie. La guerre contre la corruption et la malversati­on a plombé le paysage politique national et a jeté son ombre sur la scène médiatique. Elle a même fait basculer la donne politique et pousser les deux « grands partis », Nida Tounès et Ennahdha, à sceller une alliance contre nature en signant le jour même de la célébratio­n de la création du Mouvement de la tendance islamique, fondé le 6 juin 1981, un accord portant création d’un haut comité de coordinati­on. Les deux mouvements se sentent visés par cette guerre sans relâche engagée par le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, vu la proximité de certains de leurs dirigeants avec des personnage­s sulfureux, aujourd’hui sous les verrous et dont les biens et avoirs ont été confisqués. Cette alliance décriée non seulement par d’autres acteurs de la scène politique, mais également par certains membres influents de ces deux mouvements. Abdellatif Mekki, dirigeant d’Ennahdha et député au sein de l’Assemblée des représenta­nts du peuple, a reconnu qu’il y a « des différends au sein du mouvement en raison de l’alliance avec Nida Tounès ». Il a rejeté tout accord autour de listes communes avec Nida Tounès, lors des prochaines élections municipale­s, sans toutefois exclure que « des coalitions pourraient avoir lieu après le scrutin ». Afek Tounes, qui fait partie du gouverneme­nt d’union nationale a fustigé cette alliance estimant qu’elle est à l’encontre de l’esprit même du Document de Carthage qui est à l’origine de la formation du gouverneme­nt d’union nationale. Cette alliance ne sert aucunement l’intérêt suprême de la nation qui demeure tributaire de la coordinati­on et de la concertati­on entre les différente­s composante­s du gouverneme­nt.

Un fragile équilibre rompu

Déjà depuis la formation du premier gouverneme­nt Habib Essid, on sentait que cette bipolarisa­tion incarnée par les deux

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