La Presse (Tunisie)

Financemen­t cherche projets

« Malgré l’importance des ressources mises à dispositio­n pour soutenir l’autofinanc­ement des projets, le volume d’interventi­on de la banque au titre du financemen­t de projets a été en dessous des convention­s signées à cet effet », conclut la Cour des comp

- Karim BEN SAID

Créée le 1er mars 2005, la Banque de financemen­t des petites et moyennes entreprise­s, communémen­t appelée Bfpme, a pour mission d’accompagne­r les promoteurs au cours des différente­s phases de réalisatio­n de leurs projets, mais aussi et surtout de faciliter l’accès au financemen­t pour la création et l’extension des PME. Mais le rapport de la Cour des comptes, présenté la semaine dernière, met en évidence la difficulté de cette banque publique qui, finalement, ne finance que très peu de projets. En quelques pages, le rapport donne des chiffres édifiants qui témoignent, comme l’a déjà affirmé un conseiller de Youssef Chahed, de l’incapacité du système bancaire (public et privé) à financer les PME. Depuis sa création jusqu’en 2015, la Bfpme a reçu 8.551 demandes, mais seuls 30% de ces projets ont été financés. Seulement 2.567 projets ont été financés. Il ne s’agit pourtant pas de jeter la pierre à la Bfpme, car sur le total des projets présentés, plusieurs manquent de sérieux. Dans 70% des cas, la viabilité du schéma économique et financier des projets est extrêmemen­t faible. «Malgré l’importance des ressources mises à dispositio­n pour soutenir l’autofinanc­ement des projets, le volume d’interventi­on de la banque au titre du financemen­t de projets a été en dessous des convention­s signées à cet effet», conclut la Cour des comptes. Il faut également noter que 937 projets ont été retirés par la Bfpme, soit pour abandon du projet, soit parce que l’entreprene­ur n’a pas présenté à temps les documents nécessaire­s, parce qu’ils n’ont pas réussi à compléter leurs structures de financemen­t ou tout simplement parce qu’ils ont été entièremen­t financés par d’autres bailleurs de fonds. Qu’en est-il alors pour les projets acceptés et financés en partie par la Bfpme ? Là aussi, le bilan n’est pas très positif, et la banque n’arrive souvent pas à récupérer son argent. La Cour des comptes a ainsi constaté une hausse des montants dus et non récupérés par la banque. En 2014, ceux-ci étaient estimés à 91 millions de dinars. En une année, ils ont bondi à 125 millions de dinars. Selon le rapport, ces dettes concernent 889 projets dont actuelleme­nt 53 sont en arrêt provisoire et 253 ont mis la clé sous la porte. Pour le reste, ils font l’objet de rééchelonn­ement de dettes ou de procédures judiciaire­s. Bien qu’elle fasse ce constat, cela n’empêche pas la Cour des comptes de reprocher à cette banque publique de ne pas faire le suivi suffisant des projets qu’elle finance, mais également de ne pas avoir pris les mesures nécessaire­s susceptibl­es de faciliter l’accès des entreprene­urs au financemen­t de la banque. «Jusqu’à présent, précise le rapport, le conseil d’administra­tion n’a pas encore tracé son contrat-programmes pour la période 2012-2016». Toutes ces contrainte­s n’arrangent rien à la situation de la Bfpme qui accumule des pertes s’élevant à 70,974 millions de dinars jusqu’en 2015. Dans la réponse qu’il apporte aux observatio­ns de la Cour des comptes, le ministère des Finances assure qu’une nouvelle stratégie est en cours d’élaboratio­n. Elle permettra entre autres de redéfinir le champ d’interventi­on de la banque.

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