La Presse (Tunisie)

Un grand club ne meurt jamais…

- R.E.H.

TOUTES les circonstan­ces étaient défavorabl­es pour le CA avant d’affronter «Rivers United» au Nigeria : un président de club contesté par son public et au milieu d’une tourmente judiciaire (gel des avoirs), voyage organisé in extremis grâce à l’apport d’un mécène du club, plus de 7 joueurs-cadres absents pour diverses raisons, deux adjoints qui ont pris la fuite (Zouita et Saïbi qui auraient pu franchemen­t terminer leur boulot), terrain impraticab­le… Cela n’a pas empêché ce CA de ramener une précieuse victoire du Nigeria et prendre une option sérieuse sur la qualificat­ion aux quarts de finale. Avec 14 joueurs prêts, Ellili (cette fois plus sobre et qui a beaucoup appris des deux défaites contre le FUS et Kampala City) a bien organisé ses cartes pour gérer tous ces contretemp­s. Sauvé aussi par la chance avec trois buts ratés des Nigérians en fin de match, ce CA a eu le mérite de jouer avec courage, à l’image de Darragi, Ifa, Jaziri, Haddad ou Belkhither. Même un point ramené aurait pu être considéré comme une bonne affaire. Ce n’est pas facile de jouer et de gagner sur un terrain pareil, sous la pluie, et au bout d’un long voyage et au milieu d’une énième crise.

Ce ne sont que les grands clubs qui le font et qui arrivent à aller au-delà de tous leurs maux et souffrance­s pour gagner. La bonne lecture du match de la part de Chiheb Ellili y a été pour beaucoup, mais il y a également la réaction d’amour-propre des joueurs qui ont été présents. Pour une fois, on a vu un jeu musclé, des joueurs qui ont mouillé le maillot sans la moindre hésitation. Ceux qui ont joué au Nigeria ont gagné plus que les trois points. Ils ont gagné l’estime de leur public. Au moment où certains joueurs n’ont pas voulu se rendre au Nigeria, d’autres ont sué et joué comme des costauds. Un joueur comme Haddad est une véritable découverte : encore jeune, encore brouillon, il a confirmé la finesse de sa touche. Pour marquer un coup-franc pareil, il faut avoir un bon potentiel technique, d’autant que ce joueur a déjà donné un «assist» précieux à Abdi face au Fus Rabat. Pour un CA éclaboussé par ses problèmes, gagner la coupe de Tunisie, gagner à la dernière seconde face au Fus, gagner en déplacemen­t face à «Rivers», ça ne peut qu’arriver qu’aux grands clubs qui, dans les moments pénibles et contre toute attente, ressurgiss­ent en toute force. Au CA, c’est un succès qui peut constituer un point de départ pour se rassembler et pour mettre fin à tout ce désordre.

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