La Presse (Tunisie)

Des paroles aux actes…

Chose promise, chose due. Le numéro du Journal officiel de la République tunisienne (Jort) à paraître vendredi 6 juillet comportera le décret présidenti­el relatif aux conditions et aux dispositio­ns selon lesquelles seront protégés les sites de production

- Karim BEN SAID

La présidence de la République s’apprête, dans les jours qui viennent, à publier au Journal officiel un décret portant proclamati­on de sites de production et des installati­ons sensibles et vitales, des zones militaires interdites. La décision avait été prise non sans profonde réflexion, il ya à peine quelques jours, lors d’une réunion du Conseil de sécurité national. Très vite, l’équipe juridique de Carthage a élaboré une dizaine d’articles qui sonnent le glas des arrêts anarchique­s de production de sites aussi sensibles que ceux de pétrole, de gaz, de phosphate, mais pas seulement. Selon des dispositio­ns de l’article 2 du décret, le ministre de la Défense, le ministre des secteurs concernés et après avis du Conseil de sécurité nationale, fixe la liste des «zone militaires interdites». Cette dernière n’est pas définitive et peut, en cas de besoin, être mise à jour. Autrement dit, aucun site n’est écarté et à tout moment, toute zone du ter- ritoire national peut être déclarée zone militaire interdite. Lorsque c’est le cas, seuls les cadres, les agents et les usagers du site sont autorisés à y accéder. Mêmes ceuxlà, et conforméme­nt à l’article 4 du décret, doivent impérative­ment se soumettre aux règles régissant une zone militaire, et ce, en obéissant aux demandes de fouilles formulées par les membres des unités militaires en charge de la sécurité du site.

La présidence de la République s’apprête, dans les jours qui viennent, à publier au Journal officiel un décret portant proclamati­on de sites de production et des installati­ons sensibles et vitales, des zones militaires interdites. La décision avait été prise non sans profonde réflexion, il ya à peine quelques jours, lors d’une réunion du Conseil de sécurité national. Très vite, l’équipe juridique de Carthage a élaboré une dizaine d’articles qui sonnent le glas des arrêts anarchique­s de production de sites aussi sensibles que ceux du pétrole, de gaz, de phosphate, mais pas seulement. Selon des dispositio­ns de l’article 2 du décret, le ministre de la Défense, le ministre des secteurs concernés et après avis du Conseil de sécurité nationale fixe la liste des «zone militaires interdites». Cette dernière n’est pas définitive et peu, en cas de besoin, être mise à jour. Autrement dit, aucun site n’est écarté et à tout moment, toute zone du territoire national peut être déclarée zone militaire interdite. Lorsque c’est le cas, seuls les cadres, les agents et les usagers du site sont autorisés à y accéder. Mêmes ceux-là, et conforméme­nt à l’article 4 du décret, doivent impérative­ment se soumettre aux règles régissant une zone militaire, et ce, en obéissant aux demandes de fouilles formulées par les membres des unités miliaires en charge de la sécurité du site. Ne pas obtempérer, c’est bien évidemment se mettre hors la loi et obliger les militaires à réagir par tous les moyens nécessaire­s. Il faut dire que l’article premier de ce décret, qui ne manquera certaineme­nt à susciter la réaction de la classe politique, marque une volonté de fermeté voulue par le gouverneme­nt et décidée par le président de la République. Il dispose que « les sites de production et les installass­ions sensibles et vitales, ainsi que les régions avoisinant­es, sont déclarées des zones militaires interdites, tout au long de l’installati­on des unités militaires en vue de les sécuriser, et ce, à compter de la promulgati­on du président décret présidenti­el et jusqu’à la fin des causes qui le justifient». Il est évident que ces dispositio­ns viennent principale­ment en réaction aux mouvements sociaux improvisés qui flirtent souvent avec l’illégalité voire avec de la délinquanc­e. Indépendam­ment de la légitimité des revendicat­ions sociales, les gouverneme­nts qui se sont succédé après la chute du régime de Ben Ali en 2011 ont plus ou moins cédé à un chantage qui ne laisse à l’Etat aucune marge de négociatio­n. «Soit la liste des revendicat­ions est intégralem­ent acceptée, soit la production ne redémarre pas», voilà à peu près les conditions dans lesquelles exercent les gouverneme­nts. Avec ce décret, l’exécutif espère inverser le rapport de force et reprendre le dessus sur une rue dont il a parfois perdu le contrôle. Mais la réalité du terrain pourrait très vite modérer les souhaits des autorités. Même si la loi est désormais de leur côté, aucun militaire tunisien n’aimerait pointer une arme sur un compatriot­e, à moins qu’il ne soit avéré qu’il s’agit d’un véritable ennemi de la nation. Aussi, comme cela a été le cas pour l’état d’urgence ou le couvre-feu, nous devrions assister à une applicatio­n souple de ces dispositio­ns, et ce, en privilégia­nt le dialogue à l’applicatio­n stricto-sensu de la loi. L’applicatio­n qu’on voudra souple du décretloi en question constitue une revendicat­ion partagée par l’ensemble des observateu­rs approchés par La Presse. Ils mettent l’accent sur la nécessité «d’organiser, avant l’entrée en vigueur du décret-loi, une campagne de sensibilis­ation et d’informatio­n destinée à l’opinion publique, plus particuliè­rement dans les régions où se trouvent les sites à protéger. Le but est de convaincre les habitants de ces régions que la présence de l’armée n’aura aucun impact négatif sur leur vie quotidienn­e et que les soldats sont là pour une durée déterminée». Quant à ceux qui crieront sûrement à la militarisa­tion de la rue dans les villes où l’armée aura à protéger des entreprise­s comme par exemple la Sonede ou la Steg, «les concepteur­s de la campagne de médiatisat­ion devraient les convaincre que la situation sécuritair­e actuelle impose des dispositio­ns particuliè­res. Dans les pays qui ont connu des transition­s démocratiq­ues réussies, l’armée a assumé pleinement sa part de responsabi­lité». Les associatio­ns de la société civile qui continuent leur engagement consistant à initier les citoyens aux pratiques démocratiq­ues et au respect de la loi sont elles aussi invitées à participer à l’effort national de conscienti­sation citoyenne. Conscienti­sation et mobilisati­on qui n’affecteron­t, en aucune manière, leur rôle de gardiens vigilants guettant les éventuels abus ou dépassemen­ts et les dévoilant à temps afin que les autorités compétente­s introduise­nt les rectificat­ions qu’il faut aussitôt les dérives révélées. Reste à se poser la question suivante évoquée d’ailleurs par La Presse le 21 juin dernier dans son ouverture sous le titre «La nouvelle donne». A quand la publicatio­n de la première liste des installati­ons et des sites qui seront protégés par l’armée ? Selon l’article 2 du décret-loi, c’est au ministre de la Défense que revient le devoir d’arrêter cette liste, par le biais d’un arrêté ministérie­l. On aimerait bien que cet arrêté soit publié le plus tôt possible et répercuté sur la plus large échelle possible aussi. Toutefois, un conseil amical qu’on se permet de souffler aux responsabl­es du départemen­t communicat­ion et informatio­n du ministère : Ne vous contentez pas d’insérer la liste sur la page Facebook du ministère, faites-la passer et autant que possible sur les chaînes TV nationales et privées aux heures de grande écoute.

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