«Le congrès aura probablement lieu en octobre»
RADHIA JERBI, PRÉSIDENTE DE L’UNION NATIONALE DE LA FEMME TUNISIENNE (UNFT)
Après six ans de résistance aux tentatives d’étouffement de l’Unft, cette organisation a pu décrocher un financement salvateur — quoique provisoire —, de quoi reprendre ses acquis, relancer ses programmes et s’appliquer à la réalisation des projets restés, des années durant, en stand-by, faute de moyens. Aujourd’hui, cette organisation nationale oeuvre pour l’exportation de l’expérience tunisienne et pour la représentativité de la femme tunisienne à l’étranger. Elle s’apprête, aussi, à organiser son congrès national et à élire les membres de son nouveau bureau exécutif
Comment se porte l’Unft après des années de difficultés budgétaires ?
Bien, du moins pour ce qui est de la présente année. Il a été décidé, en effet, d’excepter l’Unft du décret sur le financement des associations ; une solution provisoire qui prendra fin en mars 2018. Cela dit, pour les années à venir, la situation financière de l’Organisation demeure floue. Mais des promesses ont été avancées afin de d’excepter l’Unft d’une manière définitive dudit décret. Il faut dire que la situation financière influe significativement sur l’activité de l’Organisation tout comme sur la motivation du personnel. La mise en application de la convention collective, cette année, nous a permis de réviser les salaires et de doter — et pour la première fois- le personnel d’une prime de rendement. Nous avons créé, en outre, des cellules d’internet et de wifi afin de faciliter le travail et développer davantage l’un des outils fondamentaux à notre mission, à savoir la communication. C’est dire l’importance des moyens matériels et financiers dans le déroulement du travail de l’Organisation.
Une fois les subventions de l’Etat versées, l’Unft a réussi à reprendre ses activités et à continuer à militer pour le renforcement du rôle de la femme dans la société. Quels sont les grands projets auxquels vous vous appliquez actuellement ?
Ce qui est important à souligner, d’abord, c’est que l’Unft a réussi à reprendre bon nombre de locaux qui lui reviennent de droit et qui lui ont été confisqués après la révolution, dont des centres de formation et des bureauxannexes, situés dans les zones frontalières et rurales. Les centres de Tataouine, de Médenine, de Kébili, de Siliana, de Sidi Bouzid, de Kasserine et de Jendouba ont rouvert leurs portes. Le centre de Jbedda, qui a été saccagé, est actuellement en pleine activité. Ce centre, rappelons-le, est spécialisé dans la formation agricole. Il offre aux femmes rurales l’opportunité de bénéficier de formations en apiculture et cultures maraîchères. Nous nous appliquons à l’enrichissement de son activité par l’introduction d’autres spécialités agricoles dont l’élevage des cailles. Nous avons, également, créé un centre culturel à la Cité el Khadhra pour diffuser, entre autres, la culture de l’égalité de genres auprès des jeunes. Par ailleurs, nous avons renoué avec nos traditions festives à vocation sociale. Plusieurs événements ont été tenus au profit des populations d’El Jem, de Sousse et de Hammamet. Nous avons signé des conventions de partenariat avec des institutions nationales dont une avec le ministère de l’Education pour la lutte contre l’analphabétisme. Nous avons réussi à unifier notre programme éducatif et ce, en collaboration avec les délégations régionales. Nous oeuvrons sans relâche pour la lutte contre la violence à l’égard du genre, surtout dans les régions. Plaider pour l’adoption de la loi organique sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes constitue, indéniablement, le cheval de bataille des militants féministes; un défi qui doit être relevé. Nous avons aussi organisé des activités sportives, en collaboration avec la Ligue tunisienne du football féminin.
Qu’en est-il du réseautage international de l’Unft ? Et quels sont les projets en cours de réalisation ?
Cette année, l’Unft a brillé à l’échelle international à plusieurs occasions. D’abord, elle a été élue au bureau du Conseil européen des femmes. Elle a repris sa place à l’Union générale des femmes arabes et à ONU-Femmes. Nous avons mené beaucoup d’actions à l’échelle africaine; l’Unft, rappelons-le détient le statut de secrétaire général de l’Union africaine des femmes. Aussi, avons-nous lancé des enquêtes sur les conditions de travail des femmes, les conditions sanitaires des femmes rurales, le travail domestique des femmes et sur le mariage coutumier. D‘un autre côté, nous continuons à mener le projet du tourisme alternatif en collaboration avec le Réseau euroméditerranéen pour le développement (Euro-Med). Nous sommes sur le point de lancer un nouveau projet portant sur le tourisme social, destiné aux séniors et aux personnes à besoins spécifiques. Je tiens aussi à souligner que j’ai représenté l’Unft et la femme tunisienne en général dans plusieurs pays où j’étais invitée, notamment lors de ma participation à un congrès international sur le rôle économique des femmes au Japon, à une conférence sur le développement économique en Chine. L’Unft a été conviée à participer aux festivités relatives à la célébration de la Journée mondiale de la femme, en date du 8 mars, à l’ONU aux Etats-Unis. Je serai demain en Egypte pour participer à une émission sur la chaîne BBC arabe et pour exporter l’expérience législative tunisienne proféministe, notamment le CSP et son rôle dans l’émancipation des femmes. Je participerai aussi, le 27 juillet 2017, aux travaux du bureau du Conseil européen des femmes à Lausanne.
Le mandat du présent bureau exécutif de l’Unft touche à sa fin. Quand auront lieu le congrès de l’Unft et l’élection d’un nouveau bureau exécutif ?
Le congrès sera tenu cette année. Nous espérions l’organiser en août, simultanément avec les festivités du 13 août mais ce serait un objectif difficile à atteindre. Ce qui est certain, c’est que le conseil de l’Organisation se réunira ce dimanche pour fixer la date du congrès et décider des délais de dépôt des éventuelles candidatures. L’organisation du congrès et l’élection du nouveau bureau exécutif se dérouleront, probablement, en octobre. Elles se tiendront conformément aux conditions juridiques réglementant notre organisation. Je tiens à dire que l’Unft est ouverte à toutes les candidatures féminines.