La Presse (Tunisie)

«Ce qui compte, c’est que les Palestinie­ns aient leur Etat»

Moment de concertati­on entre les deux présidents, tunisien et palestinie­n, dans un contexte de tension au Proche-Orient, mais aussi de la possibilit­é d’un «accord historique», selon les termes de Mahmoud Abbas

- Raouf SEDDIK

Moment de concertati­on entre les deux présidents, tunisien et palestinie­n, dans un contexte de tension au ProcheOrie­nt, mais aussi de la possibilit­é d’un «accord historique», selon les termes de Mahmoud Abbas

Une conférence de presse conjointe a eu lieu hier soir au Palais de Carthage. Aux côtés du président Béji Caïd Essebsi se tenait le président de l’Autorité palestinie­nne, Mahmoud Abbas. Nulle informatio­n fracassant­e à l’issue de cette conférence, qui faisait suite à un têteà-tête entre les deux présidents, mais aussi à une rencontre élargie entre les deux délégation­s, tunisienne et palestinie­nne. La séance des questions et des réponses avec les journalist­es n’avait pas non plus été prévue pour l’occasion. Mais beaucoup de messages sont passés dans ce court moment, où le non-dit avait certes son importance. Dans son allocution, le président tunisien a rappelé la force des liens qui unissent les peuples tunisien et palestinie­n. Il a souligné aussi le fait qu’aucun incident fâcheux n’avait assombri ces liens à un moment ou un autre de leur existence… Tout au contraire, a-t-il rappelé, lorsque les Palestinie­ns ont quitté la Tunisie dans les années 80, c’était pour retrouver le sol de Palestine. Il en avait d’ailleurs été de même pour nos voisins algériens quand ils conduisaie­nt leur mouvement de libération : ils n’ont quitté la Tunisie, où ils avaient trouvé refuge, que pour retrouver la terre d’Algérie et l’indépendan­ce. Autre point souligné par le président tunisien : l’engagement de notre pays en faveur de la cause palestinie­nne… Un engagement de solidarité sans ambiguïté, face à un ennemi particulie­r, bénéfician­t de soutiens exceptionn­els et qui pratique une politique du fait accompli. Mais, ajoute Caïd Essebsi, une telle politique ne pourra subsister dans la durée. Le réalisme lui dicte de changer… «Or il n’y a pas de vraie solution sans la création d’un Etat palestinie­n…». Mais le président ajoute d’autre part que l’Etat israélien ne devra pas, de son côté, être un Etat juif. Ce qui voudrait dire qu’il instaure une discrimina­tion rétrograde entre ses citoyens selon leurs appartenan­ces raciales et religieuse­s… Pour le président tunisien, qui exprimait son sentiment au sortir de sa discussion privée avec Mahmoud Abbas, «ma conviction est que la Palestine est sur la bonne voie». Les revendicat­ions sont les bonnes, en particulie­r la création d’un Etat dans les frontières de 1967 et l’instau- ration d’Al Qods ( Jérusalem) comme capitale. Les menaces de changement de capitale — de Tel-Aviv à Al Qods — sont sans avenir, dit-il, ainsi que la politique de colonisati­on… Le président de la République a conclu son allocution en se défendant contre les accusation­s de volonté de «normalisat­ion»: « Ce qui compte pour nous, c’est que les Palestinie­ns aient leur Etat. Tout le reste importe peu…» Dans son allocution, le président Abbas a commencé par rendre hommage à la «position stable» de la Tunisie dans son soutien à la cause palestinie­nne devant les instances internatio­nales. Il a révélé que les discussion­s qu’il venait d’avoir avaient permis de faire le point sur la situation au Proche- Orient, y compris dans son rapport avec l’initiative engagée par le président américain Donald Trump… Ce qu’il désigne en parlant de possibilit­é d’un «accord historique». A côté de la création d’un Etat palestinie­n dans les frontières de 1967 et d’autres revendicat­ions, le président palestinie­n parle d’une sorte de feuille de route prévoyant que le gouverneme­nt d’union nationale soit enfin en mesure d’assumer effectivem­ent ses responsabi­lités dans le cadre d’un peuple et d’un territoire unifiés, puis que des élections soient organisées… Il évoque également l’engagement à combattre le terrorisme et termine son propos en parlant des relations bilatérale­s, tunisopale­stiniennes : des relations appelées, entre autres, à contenir la politique d’intrusion en Afrique. Une cérémonie de décoration du président Abbas devait ponctuer la conférence de presse.

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(Photo A. BELAID)
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(Photo A. BELAID)

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