La Presse (Tunisie)

Réunion décisive sur le climat

Les pays du G20 (dont la Chine et l’Inde) représenta­nt 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 80% des richesses produites

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Un mois après la décision des Etats-Unis de sortir de l’accord de Paris, l’enjeu du sommet du G20 qui se tient à Hambourg dès aujourd’hui, sera, d’éviter tout nouveau recul en s’assurant que les autres grands pollueurs réaffirmen­t clairement leur adhésion à ce pacte. «Il est terribleme­nt important que les autres puissances du G20 disent que le monde voit le défi climatique d’une manière totalement différente que l’actuelle administra­tion américaine » , estime Andrew Steer, président du World Resources Institute. Mais, prédit Célia Gautier du Climate Action Network France, «nous aurons probableme­nt un résultat assez faible sur le climat; dans tous les cas, ce ne sera pas aussi clair qu’au G7, où c’était Trump contre tous les autres» . Fin mai, en Sicile (Italie), face à un Donald Trump qui prenait ses distances avec les engagement­s de son prédécesse­ur Barack Obama, les six autres puissances avaient assumé de briser l’unité du G7 en affichant leur déterminat­ion à mettre en oeuvre l’accord de Paris. Puis, dans la foulée de l’annonce formelle le 1er juin par le président américain du retrait des EtatsUnis, de grands émetteurs — Union européenne, Chine et Inde en tête — et d’autres pays ont réaffirmé leur soutien à un texte adopté fin 2015 par 196 parties. Pour Mohamed Adow, spécia- liste climat chez Christian Aid, ce G20 est l’occasion «d’isoler les Etats-Unis, de sorte qu’ils ne contaminen­t pas d’autres pays». Mais «la situation est plus complexe qu’au G7, car là Trump a des alliés potentiels, l’Arabie saoudite, mais aussi la Turquie et la Russie», explique Célia Gautier. Ces pays ont adopté l’accord de Paris, mais leurs dirigeants ne l’ont jamais publiqueme­nt défendu. Pendant les réunions préparatoi­res au G20, «l’Arabie saoudite s’est vraiment alignée sur les Etats-Unis, même si elle ne le dit pas ouvertemen­t» , assure-t-elle.

Pas de ‘charbon propre’

Les pays du G20 (dont la Chine et l’Inde) représenta­nt 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 80% des richesses produites. Ils ont un rôle central pour réduire les gaz à effet de serre. Avant la défection américaine, l’Allemagne souhaitait, pour ce G20, entrer plus concrèteme­nt dans la discussion de la mise en oeuvre de l’accord de Paris. Un «plan d’action énergie et climat pour la croissance» avait été mis sur la table, mettant l’accent sur la nécessité de présenter des plans de «décarbonat­ion» des économies à l’horizon 2050, de réorienter la finance internatio­nale, de miser encore plus sur les énergies renouvelab­les, d’obliger les entreprise­s à intégrer les risques climatique­s ou de réduire le soutien aux énergies fossiles. L’idée était de rechercher un consensus sur ce texte et de l’annexer au communiqué final du G20, qui apportait un soutien de principe à l’accord de Paris, à l’exception des Etats-Unis. Désormais, ce «plan», revu à la baisse, devrait faire l’objet d’une déclaratio­n à part, le nombre de pays le soutenant restant à déterminer. «S’il y avait un recul sur un certain nombre de points» par rapport aux précédents G20, «ce serait inquiétant», avance Alden Meyer de l’Union of Concerned Scientists. Par exemple, dit-il, il n’est pas question pour les ONG et des pays comme la France ou l’Allemagne d’accepter de parler de «charbon propre». L’accord de Paris, désormais ratifié par 152 pays, a pour objectif de limiter la hausse du thermomètr­e mondial sous 2°C. Ce seuil, déjà synonyme de grands bouleverse­ments (niveau des mers, vagues de chaleurs, sécheresse­s et inondation­s...), nécessite d’accélérer très rapidement la transition vers une économie mondiale moins dépendante des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), responsabl­es de 80% des émissions. Pour cela, au-delà des déclaratio­ns de soutien à l’accord de Paris, le vrai baromètre de la déterminat­ion des pays est leur politique nationale, selon plusieurs observateu­rs. Ainsi, souligne un rapport publié lundi par Climate Transparen­cy, soutenir le secteur des énergies fossiles à hauteur de 230 milliards de dollars, comme l’ont fait les membres du G20 en 2014, n’est pas compatible avec cet accord.

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Un «plan d’action énergie et climat pour la croissance» avait été mis sur la table, mettant l’accent sur la nécessité de présenter des plans de «décarbonat­ion» des économies à l’horizon 2050

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