La Presse (Tunisie)

L’autorité de l’Etat réside dans l’applicatio­n de la loi

- Par Brahim OUESLATI B.O.

Le décret présidenti­el portant «proclamati­on des sites de production et des installati­ons sensibles et vitales, zones militaires interdites», sera publié dans le prochain numéro du Journal officiel de la République tunisienne(Jort) du vendredi 7 juillet. Ce décret, dont le contenu a été publié dans La Presse du mercredi 5 juillet, vient en concrétisa­tion des décisions prises lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale tenue le 28 juin sous la présidence du chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, qui, dans son discours du 10 mai, avait annoncé qu’il serait fait appel à l’armée pour protéger les sites vitaux et stratégiqu­es. Composé de dix articles, il définit les dispositio­ns à prendre pour assurer la protection de ces sites. Il autorise «les unités militaires chargées de la protection et la sécurisati­on des zones militaires interdites à utiliser tous les moyens de force en possession, pour faire face à toute agression ou attaque ciblant les personnes ou les installati­ons, y compris les actes de sabotage et tentatives d’entrée en force». Y compris l’usage des armes.

Que de pertes pour l’économie !

Depuis le 14 janvier 2011, on assiste régulièrem­ent à des occupation­s de ces sites par des protestata­ires, ce qui a provoqué l’arrêt de production pendant des périodes plus ou moins longues et a lourdement impacté l’économie nationale et causé des pertes énormes au budget de l’Etat. L’exemple le plus significat­if est celui de la Compagnie des phosphates de Gafsa qui a enregistré des pertes se chiffrant à des milliers de milliards et elle a, du coup, perdu sa place dans le marché internatio­nal. Le dernier cas est celui de la fermeture par les «sit-inneurs» d’El-Kamour de la vanne de production de pétrole et dont l’une des conséquenc­es est la hausse, à partir de dimanche dernier, des prix du carburant.

Sur un autre plan, les forces de sécurité ont été, dans la plupart des cas, souvent contrainte­s de se retirer devant les offensives menées par les protestata­ires, de crainte que les affronteme­nts ne tournent au pire. Comme elles se sont trouvées la cible d’attaques coordonnée­s de la part de ces mêmes protestata­ires, infiltrés par des «forces du mal». Elles ont même payé de leur sang leur volonté d’assurer la protection des biens et des personnes, et ont subi des pertes douloureus­es dont la dernière est la mort atroce du lieutenant Mejdi Hajlaoui à Bir El Hfay dans le gouvernora­t de Sidi Bouzid. Les postes de police, de la douane et de la garde nationale incendiés se comptent par dizaines, ce qui a considérab­lement affecté le maintien de la sécurité dans plusieurs régions et favorisé l’infiltrati­on des terroriste­s et facilité le passage des produits prohibés comme les armes et la drogue. Ce qui a constitué une belle aubaine pour le trafic en tous genres.

Faire preuve de fermeté

Le spectacle donné par des commerçant­s furieux en raison du démantèlem­ent de leurs commerces anarchique­s, s’attaquant aux policiers, dans les faubourgs de Tunis, reflète une réalité qui ne cesse de se développer chez bon nombre de nos concitoyen­s, celle de ne pas se conformer à la loi. Il n’échappe à personne que, des fois, on a l’impression de vivre dans un pays où le respect de la loi est devenu une exception. Certaines gens se comportent, en effet, comme dans un territoire de non-droit où la loi s’applique peu ou prou. Car quand des citoyens commettent des agressions contre des personnes investies de l’autorité publique, incendient des bâtiments publics, et sont auteurs de troubles qui menacent l’ordre public, l’on est en droit de se demander si nous sommes dans une société de droit et si l’Etat existe encore. L’incivisme et, d’une manière générale, le non-respect de la loi par les citoyens n’ont pas de place dans une démocratie qui se respecte. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a bâti son programme électoral sur la restaurati­on de l’autorité de l’Etat. Il a promis que «toutes les mesures seront étudiées et mises en oeuvre pour que force reste à la loi». L’autorité de l’Etat suppose la réunion de plusieurs conditions, dont notamment «l’existence d’un dispositif institutio­nnel efficace, d’un appareil d’Etat capable, crédible et impartial». Et des responsabl­es alliant compétence et culture de l’Etat. Aussi faut-il donner des moyens aux forces de l’ordre, assurer leur protection par la loi pour leur permettre d’accomplir leur tâche en toute quiétude. Il faut faire preuve de fermeté à l’égard de tous ceux qui mettent en jeu la sécurité du pays, son économie et ses concitoyen­s.

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