La Presse (Tunisie)

Controvers­es autour de nouvelles sanctions

Trump promet à la Corée du Nord une riposte «sévère». La Russie affiche son opposition à des mesures supplément­aires

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AFP — Le président américain, Donald Trump, a promis hier à la Corée du Nord une réponse «sévère» après son tir d’un missile balistique interconti­nental, au lendemain d’un appel de Washington et Paris à de nouvelles sanctions contre Pyongyang. La Chine a toutefois aussitôt appelé à éviter «les discours et actes» susceptibl­es d’aggraver les tensions dans la péninsule coréenne. «J’appelle toutes les nations à affronter cette menace globale et à montrer publiqueme­nt à la Corée du Nord qu’il y a des conséquenc­es à son très, très mauvais comporteme­nt», a déclaré M. Trump au cours d’une visite à Varsovie. Washington pense à des mesures «fort sévères», a ajouté le président américain, tout en précisant que «cela ne veut pas dire que nous le ferons». Mercredi, les Etats-Unis, soutenus par la France, ont dit à l’ONU vouloir proposer de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, après le lancement historique par Pyongyang d’un missile interconti­nental. La Russie a toutefois déjà prévenu qu’elle s’y opposait.

La Russie dit non

L’essai de missile ICBM, qui pourrait atteindre l’Alaska selon les experts, auquel Séoul et Washington ont répliqué en simulant une attaque du régime communiste, constitue une «claire et nette escalade militaire» de la Corée du Nord, avait déclaré mercredi Nikki Haley, l’ambassadri­ce américaine à l’ONU, devant le Conseil de sécurité des Nations unies réuni d’urgence. Le numéro un nord-coréen Kim Jong-Un avait affirmé mardi que ce tir d’un ICBM, le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, était un «cadeau» aux «salauds d’Américains». «Dans les prochains jours, nous présentero­ns (...) une résolution proportion­née à l’escalade de la Corée du Nord», a ajouté Mme Haley. La Russie, qui dispose d’un droit de veto, a affirmé qu’elle s’opposerait à de nouvelles sanctions autant qu’à une riposte militaire. «Tout le monde doit admettre que les sanctions ne vont pas résoudre le problème», a déclaré l’ambassadeu­r adjoint de la Russie à l’ONU, Vladimir Safronkov, ajoutant que «toute tentative de justifier une solution militaire est inadmissib­le». L’ambassadeu­r chinois à l’ONU, Liu Jieyi, a lui aussi estimé qu’une action militaire n’était «pas une option». Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a renchéri hier en appelant «toutes les parties à faire preuve de retenue en évitant les discours et actes susceptibl­es d’aggraver les tensions et à travailler de concert pour diminuer les tensions». Certes, la Chine «enjoint fermement la Corée du Nord à respecter les résolution­s de l’ONU», a ajouté M. Geng, lors d’un point presse régulier. Pour autant, «le maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule sert les intérêts communs de toutes les parties», a-t-il insisté.

Trump accuse Pékin

«Les Etats-Unis sont prêts à utiliser toute la panoplie de leurs moyens», y compris militaires, pour se défendre, a déclaré Mme Haley à l’ONU, en ajoutant cependant qu’elle «préférait ne pas devoir aller dans cette direction». Evoquant «d’autres moyens», Mme Haley a expliqué avoir parlé avec le président américain de sanctions visant les pays qui continuent à commercer avec la Corée du Nord. «Nous ne regarderon­s pas exclusivem­ent la Corée du Nord. Nous regarderon­s tous les pays qui choisissen­t de faire des affaires avec ce régime hors-la-loi», a-t-elle déclaré. Sur Twitter, M. Trump avait lui-même accusé la Chine mercredi de saper les efforts des Etats-Unis en renforçant ses échanges commerciau­x avec Pyongyang. La France a elle aussi plaidé pour «un durcisseme­nt et un renforceme­nt des sanctions» contre le régime communiste, selon son ambassadeu­r à l’ONU, François Delattre. A Bruxelles, l’Union européenne et le Japon ont appelé la communauté internatio­nale à décréter des sanctions supplément­aires à l’encontre de la Corée du Nord, selon le président du Conseil européen Donald Tusk qui recevait le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Le Conseil de sécurité a déjà adopté en 2016 deux régimes de sanctions pour augmenter la pression sur Pyongyang et tarir les devises qui servent au financemen­t de ses programmes militaires, bannis par l’ONU. Ces résolution­s ont conduit à réduire de manière significat­ive les exportatio­ns de charbon nord-coréen, source majeure de revenus, et à contrôler davantage tous les chargement­s en provenance de ou vers la Corée du Nord. Au total, l’ONU a imposé six régimes de sanctions à la Corée du Nord depuis son premier essai nucléaire en 2006. Le lancement réussi d’un missile interconti­nental est un succès majeur pour le régime de Pyongyang, dont l’objectif avoué est d’être en mesure de menacer le sol continenta­l américain du feu nucléaire. Pyongyang a déjà mené cinq essais nucléaires et dispose d’un petit stock de bombes atomiques. Moins de 24 heures après cet essai largement condamné par la communauté internatio­nale, Séoul et Washington ont répliqué mercredi par plusieurs tirs de missiles simulant une attaque contre le régime de Pyongyang. Les forces sud-coréennes et américaine­s ont tiré de la péninsule plusieurs missiles de courte portée qui se sont abattus en mer du Japon.

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