Une tour aztèque de crânes humains découverte à Mexico
La découverte d’une structure composée de crânes humains, à Mexico, autrefois la capitale de l’empire aztèque, révèle l’existence de victimes jusque-là insoupçonnées par les chercheurs : des femmes et des enfants
Coup de théâtre. Dans les soussols de Mexico, l’actuelle capitale mexicaine, l’ancienne Tenochtitlan des Aztèques, se dresse une sinistre tour constituée de crânes humains.
Découverte en 2015, elle dévoile peu à peu ses terribles secrets aux archéologues. Ainsi, parmi les 675 crânes d’hommes sacrifiés exhumés patiemment depuis un an et demi, les anthropologues ont eu la stupéfaction d’identifier des femmes et des enfants, là où ils ne pensaient trouver que ceux de guerriers ! “Une réelle surprise”, a déclaré au quotidien The Guardian, Raul Barrera, chercheur de l’Institut national d’histoire et d’anthropologie du Mexique (INAH), responsable des fouilles. L’effrayante architecture, large d’environ 6 mètres de diamètre, se situait dans l’enceinte sacrée du Templo Mayor, le plus important centre cérémoniel des Aztèques, non loin du sanctuaire dédié à Huitzilopochtli, le dieu du soleil. La tour aurait fait partie du terrifiant Huey Tzompantli, un “râtelier à crânes” décrit dans les chroniques historiques. Cette énorme collection, qui avait horrifié les Espagnols à leur arrivée dans Tenochtitlan, avait été mentionnée par Andres de Tapia, un compagnon d’Hernan Cortes, lequel avait participé à la conquête du Mexique en 1521. “[…] des tours faites de chaux et de têtes de morts, sans autre pierre aucune, et les dents vers l’extérieur pour autant que l’on pouvait voir […] ”, avait décrit le conquistador. Les Espagnols ont été épouvantés par la violence des sacrifices humains qui se pratiquaient dans la civilisation aztèque, compris comme “la mise à mort d’êtres humains dans le cadre d’une communication avec le surhumain”, ce qu’expliquait dans son ouvrage* Michel Graulich (1944-2015), l’un des meilleurs spécialistes des religions de la Méso- Amérique. Ces macabres trouvailles soulèvent aujourd’hui de nouvelles questions sur les cérémonies rituelles et la sélection des victimes. Bernardino de Sahagún (1499-1590), un missionnaire franciscain espagnol, célèbre pour son travail précurseur sur l’ethnologie aztèque, relatait déjà dans son Histoire générale des choses de la NouvelleEspagne qu’au cours de certaines fêtes on sacrifiait tous les captifs, prisonniers de guerre. Aussi bien les hommes que les femmes et les enfants. Les guerres (yaoyotl) étaient alors incessantes pour soumettre les cités, avec pour tribut la livraison de victimes à sacrifier. Toujours en cours, les travaux des archéologues devraient livrer un plus grand nombre de crânes. La base du site n’a pas encore été atteinte.
* Le Sacrifice humain chez les Aztèques, Michel Graulich, Fayard.