Chahed à Washington
LE chef du gouvernement entame à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 12 juillet une visite officielle aux États-Unis à l’invitation de l’administration Trump. Le chef du gouvernement va y plaider la cause de la jeune démocratie tunisienne à un moment critique de sa transition. Il y va pour porter haut les couleurs de la Tunisie et ses valeurs de liberté et de démocratie auxquelles sont particulièrement sensibles le peuple et l’administration américains.
Ce déplacement, le premier de Youssef Chahed en tant que chef de gouvernement, intervient cependant au moment où le nouveau budget de l’administration Trump pour l’année 2018 prévoit une baisse drastique de l’aide militaire à la Tunisie. Un argumentaire fondé sur les valeurs universelles ne suffirait pas à lui seul à convaincre l’administration américaine de l’importance que revêt le renforcement de son soutien à la Tunisie. Il serait fortement utile de lui adjoindre un argumentaire qui s’inscrit dans la nouvelle logique américaine. Youssef Chahed ne manque, précisément dans ce sens, pas d’arguments, bien au contraire. La guerre qu’il mène contre le terrorisme et la corruption, celle aussi qu’il a d’ores et déjà engagée pour le développement et qu’il considère comme étant la mère des batailles font, à bien y réfléchir, écho aux nouvelles priorités de l’administration américaine en termes de lutte contre le terrorisme. Le chef du gouvernement pourrait tout autant se prévaloir du retour, sous l’impulsion du président Béji Caïd Essebsi, aux fondamentaux de la diplomatie tunisienne et de la Tunisie comme acteur agissant et influent sur la scène internationale. La neutralité positive et dynamique par laquelle s’est distinguée la position tunisienne dans la crise du Golfe et le conflit libyen confère à la Tunisie le statut de pôle de stabilité dans la région. Un statut vis-à-vis duquel la politique extérieure des États-Unis n’est pas insensible.