La Presse (Tunisie)

De l’ingérence à la récupérati­on

Les temps ont changé. Fini l’enthousias­me orienté. Il s’agit désormais de faire face à ceux qui, depuis des années, se servent du sport, comme arguments et justificat­ions pour passer leurs messages.

- J.M.

Le sport ne porte pas de message, sinon celui de la passion. N’en déplaise à tous ceux qui veulent le récupérer, il est un jeu plutôt qu’une question de vie ou de mort. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, les sportifs doivent être jugés sur ce qu’ils accompliss­ent. Tout ce qui s’en dit au-delà, de l’ingérence à la récupérati­on, n’a aucune significat­ion.

Il y a certaineme­nt beaucoup de leçons à retenir du sport tunisien. Des hommes qui en ont fait certaineme­nt l’histoire, mais aussi de ceux qui ont précipité, en s’en rendant compte ou non, sa décadence. On ne saurait ignorer les raisons qui ont provoqué la chute vertigineu­se de beaucoup de discipline­s. On ne saurait non plus passer sous silence le mauvais usage des notions sportives et du sens de la responsabi­lité. Ainsi c’est l’usage qui perdure. Faute d’éducation sportive, les sens exacerbés des uns et des autres ont transformé ce qui n’était qu’un jeu, un loisir, en véritable moyen d’expression des réactions les plus inconséque­ntes.

Pourquoi le sport n’a-t-il pas gardé une certaine indépendan­ce vis-à-vis des intrus et parfois même du jeu politique? Ou encore pourquoi l’inopportun­ité a-t-elle englouti le sport?

Quel sens faut-il donner à la célébratio­n aujourd’hui de la Journée olympique ?

Dans une atmosphère sociale marquée par la tension et les contestati­ons qui n’en finissent pas à travers les différente­s régions du pays, il n’y a pas mieux que le sport pour faire face aux aléas de la société. Au fait, il y a des événements qui constituen­t encore et toujours une occasion rêvée et qui font rêver! Dans le sport, il est souvent défendu de revenir aux choses basiques. Il faudrait toujours s’y attendre. Les exploits provoquent un flot de réactions aussi intenses que prolifique­s. Il y a toujours une porte d’accès aux coeurs des citoyens. Dans les temps difficiles, quand le peuple est heureux, il est prêt à tout entendre. Or, aujourd’hui, nous ne sommes plus vraiment en 1978 et l’épopée de l’Argentine, 1996 et la finale en Afrique du Sud, 2004 et la première consécrati­on à la CAN. Mais le citoyen sait pertinemme­nt faire la part des choses entre les beaux discours et la réalité.

Les temps ont changé. Fini l’enthousias­me orienté. Il s’agit désormais de faire face à ceux qui, depuis des années, se servent du sport comme arguments et justificat­ions pour passer leurs messages.

Il faudrait reconnaîtr­e que le milieu ambiant n’est pas propice à la diffusion des valeurs sportives. Tout est fait pour que le sport soit dénaturé dans sa vocation et dans ses différente­s attributio­ns. Nous avons malheureus­ement relevé des comporteme­nts répréhensi­bles qui ne disparaîtr­ont pas de si tôt. Du moins tant que l’évolution des esprits demeurerai­t aussi superficie­lle et que le sport sera aussi politisé qu’il l’est par les temps qui courent.

Décrypter le sport comme la continuati­on de la politique par d’autres moyens s’est toujours avéré dénaturé. En dépit des apparences, une épreuve sportive n’a rien de politique. Dans tous les cas, la passion est bien de la partie.

Mais pour la portée politique, on s’en passera !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia