La Presse (Tunisie)

«Il existe une campagne systématiq­ue contre l’actuelle instance et son président»

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Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), Chawki Tabib, a appelé les députés «à assumer leurs responsabi­lités et de récuser la constituti­onnalité» du projet de loi sur l’Instance de la bonne gouvernanc­e et de la lutte contre la corruption adopté le 19 juillet, les exhortant à «amender soit cette loi, soit la constituti­on». Dans un enregistre­ment vidéo à l’adresse des députés diffusé mardi sur la page facebook de l’Inlcc, Chawki Tabib a estimé que les députés «ont adopté une loi régissant une instance constituti­onnelle qui n’est pas constituti­onnelle et incompatib­le avec les accords et convention­s internatio­naux». «Cette instance sera démunie de prérogativ­es et incapable de mener à bien sa mission», a-t-il fait valoir, estimant que cette loi «constitue une régression par rapport à la constituti­on et au décret créant l’instance actuelle de lutte contre la corruption. Le président de l’Inlcc a précisé qu’il a tenu à diffuser cette vidéo pour répondre aux «allégation­s ciblant l’actuelle instance et son président en l’accusant de vouloir faire mainmise sur l’Etat, ôter la magistratu­re de ses prérogativ­es, emprisonne­r les personnes et les exproprier sans contrôle judiciaire», outre l’intention qu’on lui prête «de se porter candidat à la présidence de la prochaine instance après accord avec les blocs parlementa­ires influents pour le soutenir». « Je n’ai guère demandé ou exprimé l’intention de présider l’instance, tout le contraire, soit par le biais de mes déclaratio­ns à la presse ou lors d’entrevues avec des responsabl­es d’institutio­ns de l’Etat car je perçois le danger qui plane sur l’instance», a-t-il souligné. Chawki Tabib s’est déclaré surpris par «la campagne systématiq­ue contre l’actuelle instance et son président à travers la publicatio­n d’articles et l’expression d’opinions tendancieu­x et pleins de contrevéri­tés». Au sujet de l’incompatib­ilité de la loi adoptée avec la Constituti­on, il a fait valoir que «les prérogativ­es accordées à l’instance sont insuffisan­tes et contre l’esprit de l’article 130 de la Constituti­on qui a délimité clairement ses missions». «Les agents de l’appareil d’investigat­ion (des fonctionna­ires recrutés par le Conseil de l’instance) qui bénéficien­t de toutes les prérogativ­es seront une sorte de police judiciaire sous la tutelle du ministère public, ce qui constitue une entrave à la célérité de la réaction de l’instance et la collecte des informatio­ns sur le crime de corruption qui est souvent complexe et mettant en cause des parties multiples», a-t-il ajouté. Il a démenti par ailleurs avoir demandé des pouvoirs judiciaire­s à l’instance, mais a appelé à lui attribuer des prérogativ­es prévues par la Constituti­on, à savoir l’observatio­n, l’investigat­ion et le transfert des affaires de corruption à la justice. L’Assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) a adopté mercredi 19 juillet cette loi par 116 voix pour, 10 voix contre et 5 abstention­s. Les 67 articles du projet de loi ont été adoptés après le rejet de la plupart des amendement­s, notamment ceux portant sur l’élargissem­ent des prérogativ­es de l’instance.

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