L’avenir de l’automobile détenu par les pays émergents
Une récente étude de l’Organisation internationale du travail montre qu’une transformation fondamentale est en cours dans le domaine de l’industrie automobile.
Cette transformation résulte à la fois de la globalisation mais aussi de la déglobalisation, un processus qui réduit l’interdépendance et l’intégration entre certaines unités de production dans le monde. Aussi, est-il vrai que les tendances à la déglobalisation ne sont pas tant alimentées par le protectionnisme que par la nature même du produit. Par exemple, une voiture électrique peut avoir un impact CO2 différent selon le type d’énergie utilisé pour produire l’électricité, qui varie d’un lieu à l’autre. Il est également à prendre en compte les hauts niveaux de pollution dans les grandes villes, en particulier dans les pays en développement, qui peuvent pousser à l’utilisation de technologies dédiées.
Côté chiffres, les économies émergentes représentaient un quart du total de la production automobile au début des années 2000. En 2015, elles en constituaient plus de la moitié. Il apparaît donc clairement que la croissance du secteur automobile est intervenue dans les économies émergentes comme la Chine. En l’an 2000, moins de 4 millions de voitures étaient produites en Chine, nous en sommes aujourd’hui à près de 30 millions. La Chine est devenue le principal producteur automobile du monde et le plus grand marché. Tout ce qui se passe en Chine est d’une importance stratégique pour l’ensemble de l’industrie. Une industrie automobile aussi puissante que celles de l’Europe et des EtatsUnis réunies a émergé en Chine en à peine 15 ans, alors qu’il avait fallu plus d’un siècle pour la bâtir ailleurs. Nous pouvons nous attendre à ce que cette tendance se poursuive également dans d’autres pays comme l’Inde, le Brésil et la Russie. Dans les pays émergents, les constructeurs automobiles sont souvent contrôlés par les principales marques internationales. Cependant, ces filiales peuvent avoir plus ou moins d’autonomie et de nouveaux acteurs locaux arrivent, en Chine et en Inde par exemple. Pour ce qui est du savoir-faire, l’étude note que beaucoup d’usines dans les pays émergents ont été mises en place par des firmes internationales selon des normes de production mondiales. Elles disposent, donc, d’un système de production très avancé, comparable à celui des pays occidentaux. De ce fait, les conditions de travail dans ces usines peuvent être considérées comme bonnes la plupart du temps. Cependant, il faut faire la distinction entre travailleurs permanents et travailleurs temporaires. Ces derniers apportent une flexibilité qui permet de contrebalancer les coûts structurels élevés pour demeurer compétitifs, et la situation est encore pire chez les équipementiers qui produisent souvent plus de 80 pour cent de la valeur. Cela aboutit fréquemment à des tensions sociales: l’un de nos défis est donc de rééquilibrer le système et d’améliorer la situation de tous.