La Presse (Tunisie)

Situation tendue

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Des échauffour­ées entre manifestan­ts palestinie­ns et forces de l’ordre israélienn­es ont éclaté tard avant-hier soir aux abords de la Vieille ville d’Al-Qods occupée

AFP — La situation restait tendue hier entre Israéliens et Palestinie­ns autour de l’esplanade des Mosquées à Al-Qods malgré le retrait de détecteurs de métaux controvers­és, suscitant la crainte d’une éruption de violence lors de la grande prière du vendredi. Des échauffour­ées entre manifestan­ts palestinie­ns et forces de l’ordre israélienn­es ont éclaté tard avant-hier soir aux abords de la Vieille ville d’Al-Qods où est située l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam. Ces heurts ont fait 13 blessés palestinie­ns, selon le CroissantR­ouge palestinie­n. Hier matin, la Vieille ville était calme mais les fidèles musulmans refusaient toujours d’entrer sur l’esplanade et priaient dans les rues adjacentes comme ils le font depuis plus d’une dizaine de jours, a constaté un journalist­e de l’AFP. Les tensions étaient montées brusquemen­t autour de ce site religieux situé à Al-Qods-Est, partie palestinie­nne de la ville occupée par Israël, après l’installati­on le 16 juillet par l’Etat hébreu de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade. Les musulmans palestinie­ns y avaient vu une tentative d’Israël d’augmenter son contrôle sur ce site, administré par la Jordanie. Les autorités israélienn­es avaient, elles, justifié ce dispositif par le fait que les assaillant­s qui avaient tué deux policiers israéliens le 14 juillet avaient dissimulé des armes sur ce site et en étaient sortis pour mener leur attentat. Cinq Palestinie­ns ont trouvé la mort la semaine dernière au cours des affronteme­nts qui ont éclaté après l’installati­on des détecteurs. Trois Israéliens ont également été tués pendant la même période par un Palestinie­n dans une colonie israélienn­e en Cisjordani­e occupée. Après d’intenses pressions de la communauté internatio­nale qui craignait une contagion de la violence, Israël a finalement accepté de retirer les détecteurs de métaux avant-hier. Mais le gouverneme­nt a indiqué qu’il les remplacera­it «par une inspection de sécurité basée sur des technologi­es avancées et sur d’autres moyens» au grand dam des autorités musulmanes qui ont maintenu la consigne de boycott du site. «Nous rejetons les détecteurs de métaux, nous rejetons les caméras» (de surveillan­ce), a déclaré à l’AFP Oum Maath, une Arabe israélienn­e venue de la ville de Nazareth, dans le nord d’Israël, pour prier aux abord de l’esplanade. «Tout doit être comme avant le 14 juillet», a-telle ajouté. Elle a précisé qu’une cinquantai­ne de femmes de la ville et de ses environs venaient tous les jours à Al-Qods dans des autobus spécialeme­nt affrétés pour prier aux alentours de l’esplanade.

Caméras de surveillan­ce

Selon le quotidien israélien Haaretz, citant des sources de police, le gouverneme­nt israélien veut mettre en place un réseau de caméras de surveillan­ce sophistiqu­ées, reposant sur une technologi­e de reconnaiss­ance biométriqu­e. Pour identifier d’éventuels suspects, le système utiliserai­t une base de données de photos qui pourraient provenir de la police, du Shin Bet, le service de sécurité intérieure et de ministères, précise le journal. Les autorités musulmanes et le président palestinie­n Mahmoud Abbas ont indiqué avant-hier qu’ils n’accepterai­ent aucune mesure alternativ­e aux détecteurs de métaux et ont exigé un retour pur et simple à la situation d’avant le 14 juillet. «Tant que toutes les mesures (de sécurité) ne reviennent pas à ce qu’elles étaient avant le 14 juillet, il n’y aura pas de changement» au gel de la coopératio­n avec Israël, a déclaré avant-hier soir le président palestinie­n. Une porte-parole de la police israélienn­e a affirmé avant-hier que «cette dernière n’utilise aucun type de caméra portant atteinte à la vie privée et n’a aucune intention de le faire dans le futur». La Maison-Blanche a salué hier la décision de retirer les détecteurs de métaux, louant «les efforts d’Israël pour assurer la sécurité tout en réduisant les tensions dans la région». Les entrées de l’esplanade où se trouvent la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher sont contrôlées par Israël, qui l’appelle Mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme, mais elle est gérée par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu’à certaines heures et n’ont pas le droit d’y prier. Les autorités israélienn­es assurent qu’elles n’ont pas l’intention de modifier ces règles tacites. Le nouvel accès de fièvre autour de l’esplanade des Mosquées fait craindre une reprise de la vague de violences qui secoue Israël et les Territoire­s palestinie­ns depuis octobre 2015 et qui a coûté la vie à 289 Palestinie­ns, 47 Israéliens, deux Américains, deux Jordaniens, un Erythréen, un Soudanais et une Britanniqu­e, selon un décompte de l’AFP. Cette vague de violences avait éclaté après plusieurs jours d’affronteme­nts en septembre 2015 autour de l’esplanade des Mosquées.

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