La Presse (Tunisie)

Une image écornée, malgré un bilan raisonnabl­e

Souvent critiqués, parfois diabolisés et même raillés par une opinion publique qui ne comprend pas toujours ce qu’ils font, les députés estiment, pour la plupart d’entre eux, que le bilan est positif, malgré le manque de moyens logistique­s, un règlement i

- Karim BEN SAïD

Comme prévu par l’article 57 de la Constituti­on, « l’Assemblée des représenta­nts du peuple se réunit en session ordinaire débutant au cours du mois d’octobre de chaque année et prenant fin au cours du mois de juillet ». Autrement dit, à partir du mois d’août et jusqu’à la fin du mois de septembre, nos élus sont normalemen­t en vacances, à moins qu’ils ne soient convoqués en session extraordin­aire à la demande du président de la République ou du chef du gouverneme­nt ou du tiers de ses membres, pour examiner un ordre du jour déterminé. Le bureau de l’Assemblée réuni mercredi dernier n’a quant à lui prévu aucune session extraordin­aire, contrairem­ent à l’année dernière. Selon le député de Nida Tounès Jalel Ghedira, son bloc n’est pas tout à fait de cet avis et est attaché à la tenue d’une session parlementa­ire extraordin­aire afin de faire voter des projets de loi très importants. «Il est important aujourd’hui d’élire les membres de la Cour constituti­onnelle, mais également de voter la loi sur la réconcilia­tion économique et financière et plusieurs autres projets de loi », explique-t-il. Et pour plus d’efficacité du travail, Ghedira se prononce en faveur de l’amendement du règlement intérieur, « sauf qu’il faudrait, dit-il, aboutir à un consensus ».

Comme prévu par l’article 57 de la Constituti­on, « l’Assemblée des représenta­nts du peuple se réunit en session ordinaire débutant au cours du mois d’octobre de chaque année et prenant fin au cours du mois de juillet ». Autrement dit, à partir du mois d’août et jusqu’à la fin du mois de septembre, nos élus sont normalemen­t en vacances, à moins qu’ils ne soient convoqués en session extraordin­aire à la demande du président de la République ou du chef du gouverneme­nt ou du tiers de ses membres, pour examiner un ordre du jour déterminé. Le bureau de l’Assemblée réuni mercredi dernier n’a quant à lui prévu aucune session extraordin­aire, contrairem­ent à l’année dernière. Selon le député de Nida Tounès Jalel Ghedira, son bloc n’est pas tout à fait de cet avis et est attaché à la tenue d’une session parlementa­ire extraordin­aire afin de faire voter des projets de loi très importants. «Il est important aujourd’hui d’élire les membres de la Cour constituti­onnelle, mais également de voter la loi sur la réconcilia­tion économique et financière et plusieurs autres projets de loi », explique-t-il. Et pour plus d’efficacité du travail, Ghedira se prononce en faveur de l’amendement du règlement intérieur, « sauf qu’il faudrait, dit-il, aboutir à un consensus ».

Peut mieux faire

Avant de partir en vacances, pour certains ou pour préparer les échéances électorale­s, pour d’autres, le Parlement a mis les bouchées doubles ces derniers jours pour examiner et voter des projets de loi jugés urgents par la majorité ou par le gouverneme­nt. Dernier projet voté et salué par l’ensemble de la classe politique et la société civile : la loi intégrale sur la lutte contre la violence faite aux femmes. C’est l’une des fiertés des élus, même si le texte est longtemps resté dans les tiroirs avant de passer devant la commission des droits et libertés puis voté en séance plénière. Souvent critiqués, parfois diabolisés et même raillés par une opinion publique qui ne comprend pas toujours ce qu’ils font, les députés estiment, pour la plupart d’entre eux, que le bilan est positif, malgré un manque criant de moyens logistique­s et un règlement intérieur inadéquat. « De par le nombre de projets de loi votés et leur importance, le bilan est raisonnabl­e, note le député Abdellatif Mekki, du bloc parlementa­ire d’Ennahdha. Le bilan aurait pu être meilleur si l’administra­tion politique du parlement avait été mieux organisée ». A propos de l’image négative du parlement aux yeux de l’opinion publique, le député considère que celle-ci ne reflète pas la réalité, puisque certains élus travaillen­t sans relâche parfois de 7h00 jusqu’à tard dans la nuit. « Si l’image est écornée, c’est en partie en raison de la mauvaise administra­tion de l’ARP, de la conduite individuel­le de ceux qui s’absentent de manière récurrente et aussi à cause des lacunes du règlement intérieur », affirme Mekki.

Le travail des commission­s peu valorisé

De son côté, Abderraouf El May, élu de Machrou Tounes, voit une « évolution positive du travail parlementa­ire sur les trois sessions ». Le fait d’avoir dépassé les balbutieme­nts et les dérapages, notamment de l’Assemblée nationale constituan­te, est déjà une victoire du régime politique de la IIe République. Pour lui aussi, son coup de coeur va pour la loi intégrale sur la lutte contre la violence faite aux femmes, « à laquelle, dit-il, il a activement participé » et qui, en plus de sa valeur intrinsèqu­e, améliore l’image et le rayonnemen­t de la Tunisie à l’échelle internatio­nale. Sereinemen­t, El May considère que le rythme de travail de l’assemblée est plus que satisfaisa­nt. Il prétend même que « plus, ce serait de l’esclavage ». Mais en même temps, il regrette que le parlement ne communique pas assez sur le travail des commission­s permanente­s et spéciales, assuré au quotidien par les députés. Il regrette également que les députés soient obligés de travailler dans l’urgence au détriment de la qualité, comme c’est le cas de ces derniers jours. A l’image de la majorité des élus, il se plaint du manque de moyens à dispositio­n des parlementa­ires. En tant qu’élu des Tunisiens à l’étranger, El May évoque la difficulté de rester en contact avec ses électeurs. « J’appelle à ce que le transporte­ur national aérien accorde la gratuité du voyage aux 18 élus des Tunisiens résidant à l’étranger », lance-t-il.

Budget benaliste

Plus exhaustif, le député d’Afek Tounès, Karim Helali, rappelle que la session parlementa­ire qui s’achève a été marquée par le vote de confiance pour le gouverneme­nt d’union nationale, le vote de la loi de finances, la loi d’accès à l’informatio­n, la loi de protection des lanceurs d’alertes ou encore la loi portant création de l’instance de lutte contre la corruption. Il explique, par ailleurs, que le travail parlementa­ire est exténuant, d’autant plus que pour chaque projet de loi, il fallait trouver des formes de consensus. Le député semble toutefois reprocher aux médias et aux ONG de diaboliser systématiq­uement les hommes politiques en les mettant tous dans le même sac. « Ce genre de comporteme­nt ne profite pas à la démocratie, dit-il. Bien sûr qu’il faut critiquer et rester vigilant, mais évitons de railler les élus qui font tout simplement leur travail ». Le manque de moyens agace aussi Karim Helali qui indique que comparé à d’autres budgets, notamment celui de la présidence de la République, le budget de 30 millions de dinars alloué à l’ARP est dérisoire. «Loin du populisme, nous attendons du parlement qu’il fasse tout, avec un budget d’un parlement benaliste », précise-t-il.

Otage des priorités du gouverneme­nt

Pour l’opposition, le bilan de l’ARP reste mitigé. Ainsi, Ghazi Chaouachi, du bloc démocrate, et membre du bureau de l’Assemblée, estime que l’ARP travaille sans véritable feuille de route et n’arrive pas à organiser ses priorités. « Nous sommes encore otages des priorités que fixent le gouverneme­nt, déclare-t-il. Et même pour les priorités du gouverneme­nt, certains projets restent bloqués, comme celui de l’état d’urgence économique. Quant aux initiative­s législativ­es des députés, elles sont reléguées au second plan, ce qui fait qu’à la fin de la troisième session de la législatur­e, aucune des 45 initiative­s des députés n’a été votée ». D’un autre côté, le député ne nie pas l’existence d’importants projets de loi votés, mais critique la manière avec laquelle ils ont été votés. Selon lui, le nombre de projets de loi attaqués pour inconstitu­tionnalité illustre le manque de profession­nalisme du gouverneme­nt qui présente des projets dont le contenu est différent du titre. « Nous avons attaqué pour inconstitu­tionnalité les dispositio­ns communes des instances constituti­onnelles et la loi portant création de l’Instance de lutte contre la corruption, pour ne citer que ceux-là ». Les députés estiment aussi que le travail de contrôle du gouverneme­nt par le Parlement est en deçà des attentes, « notamment en raison d’une mentalité bloquée à l’heure du régime présidenti­el, où le centre de gravité est toujours du côté de l’exécutif » (dixit Abdellatif Mekki).

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Mohamed Jalel (Nida Tounès)
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Abdellatif Mekki (Ennahdha)
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Ghazi Chaouachi (Courant démocratiq­ue)
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Abderraouf El May (Machrou Tounès)
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Karim Helali (Afek Tounès)

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