La Presse (Tunisie)

Maintenant, il faut capitalise­r

La loi adopte une approche globale qui va de la prévention aux poursuites pénales, en passant par les sanctions, la protection et l’assistance des victimes…

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L’Assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) a adopté, mercredi en plénière, le projet de loi organique n°60-2016 relatif aux violences faites aux femmes à l’unanimité des 146 députés présents. Comportant 43 articles, ce projet de loi établit les dispositio­ns permettant d’éradiquer toutes les formes de violence basée sur le genre social afin de réaliser l’égalité homme-femme et de préserver la dignité humaine. Ce projet de loi adopte une approche globale qui va de la prévention aux poursuites pénales, les sanctions ainsi que la protection et l’assistance des victimes. Démarré depuis vendredi dernier, l’examen de ce projet de loi s’est étalé sur trois séances plénières qui ont connu des débats houleux entre les députés. Durant ces séances, les députés ont relevé certaines lacunes dans ce projet de loi dont essentiell­ement la question relative à la majorité sexuelle fixée à l’âge de 13 ans. Ils ont estimé que cette question telle qu’elle a été définie dans le texte représente «un crime contre l’enfance et une violence du code des droits de l’enfant, étant donné qu’il est «inadmissib­le», selon eux, de «parler de consenteme­nt sexuel à cet âge précoce». L’article 227 bis, qui prévoit d’arrêter les poursuites judiciaire­s à l’encontre de l’agresseur si ce dernier épouse la victime, a été également critiqué par certains députés qui ont estimé que ce projet est une «humiliatio­n à l’encontre de la femme» et vient «légitimer le viol». Par ailleurs, d’autres députés ont salué ce projet de loi qui, selon eux, représente une «révolution législativ­e». Ils ont souligné dans ce contexte qu’il est en harmonie avec la constituti­on et les accords internatio­naux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie. Ils ont, à cet égard, mis l’accent sur la nécessité de surmonter les divergence­s politiques et idéologiqu­es afin de préserver la femme, l’enfant, la famille et la société tunisienne dans son ensemble de toutes les formes de violence. Pour certains députés, si l’adoption de ce projet de loi est importante, il n’en demeure pas moins que cela reste insuffisan­t pour protéger les droits des femmes. Ils ont appelé, à ce propos, à la nécessité d’intensifie­r les campagnes de sensibilis­ation dans les régions intérieure­s et rurales afin de lutter contre les mentalités misogynes. Ils ont, dans ce contexte, estimé que le budget octroyé au ministère de la femme (137 millions de dinars au titre de 2017) reste faible pour mener des campagnes de sensibilis­ation et d’informatio­n pour mettre en oeuvre cette loi. Le ministère de la Femme et celui de la Justice et la société civile: Union nationale de la femme tunisienne (Unft), Associatio­n tunisienne des femmes démocrates (Atfd), Associatio­n parlementa­ire pour la famille, Ligue des électrices tunisienne­s, Associatio­n voix de l’enfant, commission de la femme à l’Instance vérité et dignité ainsi que plusieurs experts dans ce domaine ont participé à l’élaboratio­n de ce projet de loi.

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