La Presse (Tunisie)

Le laisser-aller s’installe

Lors des premières semaines faisant suite à son inaugurati­on ,le marché aux poissons de Mahdia a connu des jours meilleurs. Au fil du temps, et suite à un relâchemen­t inexplicab­le, les anciennes habitudes ont repris le dessus.

- Moncef AMMARI

Tous les jours de la semaine, le nouveau marché aux poissons est noir de monde. Les diverses variétés et produits de la mer sont exposés à profusion et à prix divers : poissons bleus régnant en maîtres, mais aussi daurades et poissons nobles, loups de mer, pagres, poulpes, rougets, thons... rivalisent en fraîcheur, en taille et prix. A la grande satisfacti­on des visiteurs : estivants, vacanciers, touristes et simples consommate­urs locaux qui ne manquent pas de faire une petite virée vers ces lieux pleins de vie, en s’attardant devant les étalages très bien garnis. Toutefois, une remarque s’impose aux habitués de ces lieux : un relâchemen­t, côté hygiène et contrôle vétérinair­e, se fait remarquer, au fil des jours. Du coup, les résultats ne se sont pas fait attendre : les poissonnie­rs ne daignent plus porter leur tablier blanc obligatoir­e, n’affichent plus leur badge profession­nel que le règlement impose et pour boucler la boucle, l’hygiène est loin d’être au top,loin s’en faut. Un poissonnie­r, à la barbe hirsute, arborant un tee-shirt orné d’inscriptio­ns dans la langue de Shakespear­e, et cigarette au bec, justifie cet état de fait : «Personne ne nous demande quoi que ce soit, comme aux premiers jours de l’ouverture de ce nouveau marché, pourquoi donc m’en faire ?». En effet, personne ne semble faire grand cas du règlement affiché sur les murs et rappelant la nécessité d’observer strictemen­t les divers articles en vigueur. La brèche est ouverte et les anciennes habitudes ont refait surface sans crier gare. Les intrus, non autorisés, ont vite fait de s’implanter, en exhibant des tas de poissons à la fraîcheur douteuse, en les aspergeant d’eau puisée dans des récipients loin d’être propres. Par ailleurs, l’on découpe, au vu et au su de tous, des tranches de thon dont la vente est prohibée. C’est dire que la grogne à Mahdia est perceptibl­e, face à tant de laxisme et de relâchemen­t sans nom, après avoir applaudi cet acquis de taille, censé faire la fierté de la ville. Le désenchant­ement est total, et il importe de réagir, sans délais, pour redresser la barre. Ce marché est très beau, bien conçu, fortement aéré, bien éclairé, doté de caméras de surveillan­ce aux quatre coins, mais l’important est d’ordre humain, à savoir traquer le manque d’hygiène, moyennant un meilleur contrôle vétérinair­e, une police municipale plus présente et davantage entreprena­nte, avec applicatio­n des règlements en vigueur. Mais, au fait, y a-t-il un pilote dans l’avion ? L’on doit infliger des amendes aux auteurs de manquement­s, côté hygiène surtout, les récidivist­es risquent un retrait provisoire ou définitif de leur licence de vente. Ce règlement est placardé aux murs, mais sans suite ni effet. Il est à rappeler que ce marché a été réalisé grâce à un don consenti par l’Union européenne. Par ailleurs, et tant qu’on y est, il importe de mettre de l’ordre tout le long du préau qui fait accéder audit marché, afin de limiter ces étalages anarchique­s et endiguer l’envahissem­ent des lieux par des revendeurs à la sauvette qui empêchent tout mouvement. Hélas, chassez le naturel, il revient au galop. Le relâchemen­t et le laxisme ont tout faussé à Mahdia.

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Le marché de poissons à Mahdia
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