La Presse (Tunisie)

Place aux solutions durables

Vers la création d’un Centre de contrôle et de transfert des déchets ménagers et d’une Unité de compostage des déchets verts.

- Dorra BEN SALEM

«Il n’est plus judicieux de perpétuer les campagnes de propreté, qui, par leur aspect ponctuel, voire occasionne­l, ont bien prouvé leur inefficien­ce. L’heure est aux programmes d’action à moyen terme et à une stratégie fondée sur un processus applicable et évolutif» . Tel est le concept sur lequel mise la municipali­té de La Marsa ; cette ville balnéaire qui accueille, durant la saison estivale, autant de visiteurs qu’elle doit assumer les conséquenc­es évidentes d’une consommati­on doublée. Alors que les institutio­ns de gouvernanc­e locale s’appliquent, non sans peine et contrariét­és techniques, financière­s et de ressources humaines, à garantir un tant soit peu les services relatifs à la propreté des villes, la municipali­té de La Marsa passe la vitesse supérieure en élaborant une stratégie quinquenna­le de propreté. Un saut qualitatif qui témoigne d’une volonté confirmée à optimiser les services en épousant le rythme accéléré de la population, de l’activité de développem­ent et des besoins croissants en propreté et en bien-être collectif.

Privatiser 70% des services de propreté

La stratégie de propreté de la ville de La Marsa s’étale sur le quinquenna­t 2017/ 2022. Baptisée «Ejbek hakka? Oukayet bech nbadlou» (Cette situation vous plaît-elle ? Il est temps de changer les choses au mieux ), elle anticipe, d’emblée, sur la nécessité, désormais, de changer les mentalités en commençant par un changement structurel salutaire. «Nous avons décidé d’opter pour la privatisat­ion des services de propreté afin de couvrir au mieux les arrondisse­ments de la ville de La Marsa. Dorénavant, le recours aux sociétés privées investies dans le domaine de la propreté, notamment la collecte des déchets, le balayage manuel et mécanique, passera de 30% à 70%. Ainsi, la propreté des arrondisse­ments de Marsa-ville et de Marsa Riadh sera allouée aux sociétés partenaire­s» , indique M. Sofiène Bouslimi, chef de service de la communicat­ion et chargé de l’environnem­ent à ladite municipali­té. Le recours à la privatisat­ion des services de propreté revient, en grande partie, aux exigences de la situation démographi­que et territoria­le de La Marsa. La localité de Bhar Lazreg vient de s’ajouter au territoire de la ville pour en constituer le 5e arrondisse­ment. Sans oublier la localité de Sidi Daoued et son importante population. Il faut dire que la ville de La Marsa compte, selon les chiffres relatifs à 2017, pas moins de 98.500 habitants, produisant 39.550 tonnes de déchets par an. En été, la production des déchets ménagers passe de 100 tonnes par jour à 130 tonnes par jour. Sans compter les déchets végétaux (25.400 tonnes par an) et les gravats (26.000 tonnes par an). Face au besoin insistant de propreté de l’espace urbain, la municipali­té a dû opter pour un nouveau concept, une nouvelle vision. La stratégie de la propreté comprend deux phases-clefs : un diagnostic et un plan qui démarreron­t en août prochain. Le diagnostic a permis de mettre le doigt sur les défaillanc­es structurel­les et autres, techniques, entravant le bon fonctionne­ment des services de propreté. Certes, les moyens financiers ne manquent pas. Néanmoins, les ressources humaines font défaut. Le service de propreté de la ville mobilise un agent de propreté ou balayeur au profit de 411 habitants. La municipali­té comptabili­se le manque en ressources humaines de 106 ouvriers. Quant aux équipement­s, ils nécessiten­t d’être renouvelés, vu que leur durée de vie touche à sa fin après sept ans d’usage. Le recours à la privatisat­ion des services de collecte des déchets ménagers permettra, en effet, de reprendre la pratique ancestrale du porte-à-porte ; l’implantati­on des conteneurs étant plus polluante qu’hygiénique. D’autant plus que cette technique permettrai­t de réduire le coût de la collecte des déchets en le faisant chuter de 67 dinars pour une tonne de déchets à seulement 45 dinars. «Nous avons, en outre, établi des convention­s de partenaria­t avec des sociétés privées spécialisé­es dans la collecte des déchets hôteliers, de restaurati­on et autres, des institutio­ns publiques. Cette solution nous permettra de comprimer le coût qui chutera de 67 dinars pour une tonne de déchets à seulement 39 dinars» , renchérit le responsabl­e.

Répondre aux besoins des arrondisse­ments emblématiq­ues

D’un autre côté, la municipali­té mettra à la dispositio­n des arrondisse­ments de Gammarth, Sidi Daoued et Bhar Lazreg des équipement­s et des ressources humaines nécessaire­s à la garantie de la propreté dans ces localités. «Le ministère des Affaires locales et de l’Environnem­ent vient de signer trois marchés de taille afin de combler les lacunes relatives à la collecte des déchets, au balayage manuel et mécanique. Il s’agit d’une solution ambitieuse, qui s’étale sur trois ans et qui promet de doter les municipali­tés des moyens à même de soutenir leurs actions et de renforcer leur autonomie. Ce projet promet de couvrir jusqu’à 80% du territoire» , ajoute M. Bouslimi. Toujours en ce qui concerne les actions-phares de la présente stratégie qui démarreron­t le mois prochain, il sera procédé à la généralisa­tion du balayage manuel et mécanique pour toucher tous les arrondisse­ments. Quatre convention­s de partenaria­t avec des sociétés privées assureront les ressources humaines nécessaire­s à ces prestation­s, via la mobilisati­on de 140 agents de propreté.

Les déchets seront recyclés !

S’agissant des projets qui seront lancés en octobre 2017, l’on compte la création d’un Centre de contrôle et de transfert des déchets ménagers. Par ailleurs, la valorisati­on des déchets verts sera, désormais, l’un des points forts de la municipali­té de La Marsa grâce, notamment, à la constructi­on d’une Unité de compostage des déchets verts. Un plan de gestion et de valorisati­on des déchets végétaux sera l’axe central d’un travail novateur. D’un autre côté, la présente stratégie promet d’apporter une solution radicale et tant attendue au problème relatif à la collecte et à la gestion des déchets de constructi­on. «Toutes les villes de la banlieue nord sont dépourvues d’une décharge contrôlée pour la gestion des déchets de constructi­on. Aussi, la présente stratégie compte-t-elle l’acquisitio­n d’une machine spécialisé­e dans la valorisati­on des gravats. Elle représente­ra, indéniable­ment, une solution cruciale pour ce genre de déchets et permettra ainsi la fermeture définitive de la décharge de Gammarth à l’horizon 2018» , souligne le responsabl­e. Ces projets tant attendus seraient en mesure de hisser le rendement des services de propreté et d’optimiser l’apport de la municipali­té en misant sur des interventi­ons pertinente­s à moyen terme. Le recours à la valorisati­on tant des déchets verts que ceux de constructi­on promet de convertir jusqu’à 15% des déchets en des produits utiles. Quant aux déchets organiques, il est question, d’ici 2018, d’en recycler un tiers. «Notre objectif, d’ici 2018, est de perfection­ner au mieux les prestation­s de la municipali­té en matière de propreté et de réduire de 20% le taux de mécontente­ment des concitoyen­s» , souligne M. Bouslimi. Outre la collaborat­ion entamée avec les agents de la police municipale, la municipali­té entreprend l’élaboratio­n d’un programme intégral pour le renforceme­nt du travail en réseautage avec les médias, mais aussi avec les associatio­ns environnem­entales. L’on ambitionne, aussi, de créer une Ecole environnem­entale d’ici 2018 dans l’espoir d’ancrer la culture environnem­entale auprès des futures génération­s.

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