Quand Abdelkefi perd son sang-froid
C’est désormais un habitué de l’hémicycle et de cet exercice qui consiste à écouter les éloges de la majorité et les virulentes attaques de l’opposition. D’habitude, Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ministre des Finances par intérim, assiste stoïque au spectacle, puis, prend la parole pour répondre calmement aux questions auxquelles il veut bien répondre. Mais hier, alors qu’il assistait à l’hémicycle à l’occasion du vote du projet de loi d’un crédit de 500 millions d’euros (environ 1.400 millions de dinars) accordé par l’UE, et au moment de répondre aux interrogations des députés, le ministre sort de ses gonds et qualifie d’impolies certaines interventions de députés et invitant, de manière caricaturale, ceux qui critiquent le gouvernement de proposer des solutions de rechange pour soutenir le budget de l’Etat. C’est bien la première fois que le ministre semble agir comme un politique prêt à aller au casse-pipes. Il répondait au tac au tac aux députés qui commençaient à s’agiter. Puis calmement, il a défendu le projet de loi en rappelant que « la liquidité de l’Etat atteint parfois des niveaux qui ne permettent pas le paiement des salaires ». Mais ce comportement a déplu aux députés de l’opposition, comme Aymen-Aloui du Front Populaire qui qualifie le ministre et le gouvernement d’union nationale de « nerveux ». « Ce comportement est indigne d’un ministre dans un gouvernement, dit-il. Il nous a invités à faire des propositions, je veux lui dire que l’opposition n’a pas vocation à donner des solutions, mais elle dénonce les catastrophes qui menacent le pays ». Il estime également que le gouvernement n’est pas capable de réfléchir à de vraies solutions, en se cachant derrière le pragmatisme. « L’obéissance aveugle aux instances internationales, nous savons où est-ce qu’elle a mené plusieurs pays dans le monde », déclare AymenAloui.