La Presse (Tunisie)

Les libellules prédisent les trajectoir­es de leurs proies

De la même façon que l’humain attrape une balle en plein vol, les libellules anticipent les trajectoir­es de leurs proies, d’après une étude publiée mardi

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Les neurones qui sélectionn­ent la cible chez les libellules ( Somatochlo­ra flavomacul­ata) sont sous le feu des projecteur­s. En effet, ces libellules prédatrice­s auraient une sensibilit­é améliorée et utiliserai­ent des mécanismes prédictifs lors de la chasse. L’étude du Dr Steven Widerman et David O’Carroll de l’université australien­ne d’Adélaïde et de l’université suédoise de Lund, publiée le 25 juillet dans Elife, révèle que ces insectes sont capables de prédire la direction de leur proie. De la même façon que l’être humain attrape une balle en plein vol en estimant l’emplacemen­t futur de l’objet grâce à sa trajectoir­e actuelle, la libellule aurait bel et bien elle aussi cette capacité. Capacité qui repose sur la faculté de suivre la direction et la vitesse de la cible en faisant abstractio­n de l’arrière-plan. Cependant, la tâche n’est pas si difficile qu’il n’y paraît, puisque la plupart des proies suivent des trajectoir­es prévisible­s. Mais les cerveaux des prédateurs ont évolué pour exploiter le comporteme­nt normal des stimuli visuels pour réduire leur charge de travail.

Une capacité d’abstractio­n et de prédiction

La capacité des insectes à faire abstractio­n des distracteu­rs en se verrouilla­nt sur une cible unique était déjà connue. Mais les capacités des libellules iraient bien au-delà de cela. Pour mieux comprendre le phénomène, les scientifiq­ues ont étudié le cerveau des libellules mises face à un carré noir destiné à imiter les proies. Les cellules cérébrales appelées petits détecteurs de mouvement de cible (ou neurones STMD) sont devenues plus actives en réponse à la cible. Mais les neurones STMD ne se sont pas limitées à suivre la cible et ont davantage prédit son emplacemen­t futur. Les neurones étaient en fait plus sensibles aux mouvements qui se produisaie­nt juste avant la position actuelle de la proie plutôt qu’aux autres. Si la cible disparaiss­ait brusquemen­t, les neurones continuaie­nt leur progressio­n dans le temps en suivant un point dans l’espace. Ce qui signifie que le cerveau de la libellule prédit l’endroit où la proie est le plus susceptibl­e de réapparaît­re comme dans un contexte naturel où elle peut se déplacer derrière des objets, disparaiss­ant pendant un instant du champ de vision du prédateur. Les conclusion­s de l’expérience constituen­t une preuve solide de leur mécanisme prédictif complexe qui vise à stimuler les réponses dans une région où une cible vue dans le passé récent est susceptibl­e de se déplacer dans un proche avenir. Ces recherches sont l’illustrati­on que de telles capacités ne sont pas uniquement attribuées aux mammifères qui ont un cerveau plus complexe que celui des insectes. Eux aussi peuvent disposer de capacités qui étaient précédemme­nt uniquement associées aux mammifères.

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Les libellules peuvent anticiper le parcours de leurs cibles.

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