Des lacunes à combler
85 millions d’enfants de moins de cinq ans n’ont pas accès à l’éducation préscolaire
L’Unicef vient de publier son nouveau rapport qui dresse dans son ensemble un tableau sombre sur les politiques adoptées par les pays pour promouvoir un développement équilibré des enfants en bas âge. D’après les chiffres présents dans ce document, qui est mis à la disposition des pays pour améliorer leurs programmes et leurs stratégies pour le développement de la petite enfance, 85 millions d’enfants de moins de cinq ans n’ont pas accès à l’éducation préscolaire. Un autre chiffre non moins préoccupant: 32 pays n’ont pas prévu de lois et de mesures privilégiant l’instauration d’une relation épanouissante entre les mères actives et leurs enfants nouveau-nés à travers l’aménagement de plages horaires rémunérées pour l’allaitement et l’octroi de congés de maternité et de paternité payés, indispensables au bon équilibre et développement de l’enfant au cours des six premiers mois après la naissance, période au cours de laquelle la présence des parents est fondamentale pour un bon démarrage dans la vie. En effet, libérer du temps pour les parents actifs afin de leur permettre de rester avec leurs enfants pour leur inculquer les règles et les valeurs fondamentales à leurs premiers pas et à leur intégration dans la vie sociale est préconisé par les psychologues et les pédopsychiatres pour qui les liens qui se tissent entre les parents et les enfants au cours des cinq premières années sont très importants dans la mesure où ils contribuent à l’équilibre psychologique de l’enfant qui ressent un important besoin de sécurité pendant cette période. Si Cuba, la France, le Portugal, la Suède, l’Italie et la Bulgarie ont mis en place des politiques qui prennent en considération le rôle très important joué par les parents dans les premiers stades du développement psychomoteur de leurs enfants grâce à l’aménagement de plages horaires et de congés rémunérés, ce n’est pas le cas par contre pour l’Afrique du Sud, l’Australie, l’Algérie ou la Bosnie-Herzégovine qui ne disposent pas de politique permettant aux femmes et hommes actifs de bien concilier vie professionnelle et vie familiale grâce à l’octroi de congés de maternité et de paternité rémunérés afin que les parents actifs puissent passer suffisamment de temps avec leurs enfants pour pouvoir contribuer à leur éducation et à leur socialisation. « Quelle est la chose la plus précieuse que possède un enfant? Son cerveau. Malgré tout nous ne prenons pas soin du cerveau des enfants comme nous prenons soin de leur corps surtout pendant la petite enfance, une période où la science nous montre que le cerveau et l’avenir d’un enfant se dessinent rapidement », a affirmé, à ce propos, Anthony Lake, Directeur Général de l’Unicef, à l’occasion du lancement du rapport, ajoutant, par ailleurs, « qu’il faut redoubler d’efforts pour donner aux parents et aux éducateurs le soutien dont ils ont besoin pendant cette étape critique du développement cérébral ». Si la Tunisie a réalisé des avancées considérables en matière de droits de la femme et de protection de l’enfance, certaines lacunes restent à combler relatives notamment à l’enseignement préscolaire gratuit et à la période prévue pour les congés de paternité et de maternité et l’allaitement rémunérés. En effet, quinze pays ont déjà adopté des mesures qui prévoient une période d’allaitement qui s’étend sur les six mois et qui est rémunérée ainsi que deux années d’enseignement préscolaire gratuit pour tous les enfants. En outre, le congé de paternité a été adapté ,dans ces pays,aux besoins des nourrissons. Or, en Tunisie, non seulement le congé de maternité et la période prévue pour l’allaitement rémunéré ne dépassent pas les trois mois, mais l’enseignement préscolaire se limite, par ailleurs à une année préparatoire pour les enfants âgés de cinq ans non généralisée à tout le territoire alors que l’enseignement préscolaire devrait inclure deux ans d’enseignement préparatoire. Il y a lieu de souligner que le rapport comporte une série de recommandations pour les pays qui ne disposent pas de ces trois politiques nationales essentielles pour soutenir les familles et les jeunes enfants.
Si la Tunisie a réalisé des avancées considérables en matière de droits de la femme et de protection de l’enfance, certaines lacunes restent à combler relatives notamment à l’enseignement préscolaire gratuit et à la période prévue pour les congés de paternité et de maternité et l’allaitement rémunérés.