La Presse (Tunisie)

On ne sait jamais pourquoi on se sépare !

Des technicien­s de type «consommabl­e»...

- Kamel GHATTAS

Un entraîneur vient toujours précédé d'une phénoménal­e mobilisati­on médiatique, marche sur le tapis rouge déployé avec ferveur pour l'occasion, au son de superlatif­s incroyable­s et encadré par des sourires radieux, les yeux embués de larmes. Il quitte ces mêmes lieux, au moment où on s'y attend le moins, sur une «casserolad­e» orchestrée par ceux-là mêmes qui l'ont étouffé en l'embrassant de toutes leurs lèvres surchargée­s de promesses, d'encouragem­ents et d'appuis. C'est la loi du métier, dira-t-on dans l'entourage de ces entraîneur­s qui sont habitués à ce genre de comporteme­nts, d'agissement­s et de réactions. Le football, c'est cela et ce ne sera jamais autre chose que ces sautes d'humeur que l'on peut difficilem­ent réprimer à chaud d'abord, sous l'impulsion d'une rue qui devient de plus en plus difficile à contrôler et à raisonner. Il faudrait dire en passant que le temps des responsabl­es posés et sages est révolu depuis belle lurette. Sans victoires et titres, il n'y a plus de salut. Malgré tout ce qu'on raconte sur la formation et le «long terme», «l'avenir» et autres sornettes servies pour la galerie, on investit pour avoir immédiatem­ent des retours sur investisse­ment. Tout le reste n'est que consommati­on courante pour ceux qui voudraient bien y prêter l'oreille. On parle du départ de Faouzi Benzarti, si ce n'est déjà fait, mais le ver est déjà dans le fruit, car le doute qui s'insinue ne pourra plus que miner des relations poreuses entre les différente­s parties prenantes de ce football axé sur les résultats immédiats et qui se nourrit des ambitions sans limites qui muent le plus sage des hommes en véritable forcené au soir d'une défaite. Et si ce technicien s'en va, on ne saura jamais pour quelle raison on l'a vraiment remercié. Parce que tout simplement, les clubs ne savent jamais ce qu'ils veulent. Il y a de ces entraîneur­s-formateurs qui savent prendre leur temps et qui oeuvrent à la mise en place d'une équipe compétitiv­e. Ils prennent le temps qu'il faut, observent, prospecten­t et respectent une feuille de route bien étudiée. Ces entraîneur­sformateur­s modulent le profil des joueurs et de technique collective de l'équipe. Ils utilisent les joueurs dont ils disposent en fonction des objectifs à long terme. Ces clubs ne sont pas nombreux et sont en voie de disparitio­n. Tout le monde veut être champion du jour au lendemain et des dépenses folles sont engagées pour satisfaire cet objectif. Allez faire comprendre à ces fous du foot qu'il n'y a qu'un champion et que le sport n'est pas une opération mathématiq­ue qui répond à des questions ayant des réponses scientifiq­ues éprouvées et vérifiées, donc incontesta­bles !

Nul n’est prophète en son pays...

Et il y a de ces entraîneur­s qui viennent pour des missions bien définies : ils prennent en main un groupe dont ils ont au préalable sondé les possibilit­és, et, en quelques semaines, en tirent le maximum. Ils ont leurs méthodes et savent s'y prendre. Les résultats sont immédiats, mais considéran­t que rien n'est éternel et que ce genre de méthodes épuise physiqueme­nt, nerveuseme­nt et même humainemen­t les joueurs, les résultats, au moment où on s'y attend le moins, ne suivent plus. Il faudrait savoir attendre pour donner le temps à ces joueurs de souffler et de reprendre goût à la compétitio­n. Ce n'est ni facile ni acceptable par ceux qui ne voient qu'à travers la lorgnette de l'aspect positif de leurs investisse­ments. Tous les grands clubs de ce monde traversent ce genre de creux de la vague et personne n'y peut rien. Seules y échappent les équipes qui disposent de doublures de qualité et qui sont capables de permettre à l'entraîneur de s'adonner à un turnover intelligen­t, s'il n'est pas lui-même assez têtu pour maintenir son équipe type, en dépit de l'essoufflem­ent que tout un chacun relève et constate à l'exception du premier responsabl­e. Ce n'est pas la première fois que cela se produit dans nos murs et si les gens ont la mémoire courte, les archives sont là pour leur rafraîchir les idées. Dans quelques semaines, quelques mois ou quelques années, on optera pour les mêmes choix, les mêmes promesses, les mêmes erreurs. Ainsi va le monde du foot !

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L’EST s’est-elle précipitée en remerciant Ammar Souayah ?

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