Impulser une dynamique de partenariat pour des villes plus attractives
Les échanges d’expériences intermaghrébines doivent permettre de renforcer la qualité infrastructurelle des villes et leur attractivité
Une conférence internationale s’est tenue les 25 et 26 septembre à l’Hôtel de Ville de Tunis. Intitulée «Partenariat public privé : pour des villes maghrébines globales et solidaires», cette conférence a enregistré notamment la participation d’éminents experts d’Algérie, du Maroc, de Mauritanie…L’événement a été organisé par la municipalité de Tunis, en partenariat avec le Réseau des femmes leaders du Maghreb. Après la session d’ouverture relative aux interventions des organisateurs du workshop, un premier atelier a été animé par Mme Maya Boureghda Chebeane. Professeur universitaire et avocate, elle a résumé les enjeux des projets PPP dans une déclaration à La Presse : «Le cadre juridique existe dans tous les pays du Maghreb. Maintenant, il faut résolument passer à l’acte, car c’est là une opportunité pour les villes du Maghreb d’améliorer la qualité de la vie du citoyen. Le PPP est une démarche qu’il faut entreprendre à l’avance et qui doit être réfléchie. Pour cela, il faut développer l’échange et l’expertise de projets en commun». A la question portant sur les avancées de la Tunisie dans ce domaine, elle émet des réserves en expliquant que la lenteur et le retard observés dans les projets PPP sont dus à des raisons institutionnelles et non politiques. «C’est avant tout un problème de passage à l’acte. Le cadre institutionnel est en train d’évoluer et de se mettre en place».
Dans son allocution à l’assistance, l’intervenante a également relevé que les blocages observés dans le lancement et la mise en place d’un partenariat public/privé fructueux s’expliquent par l’existence de préjugés tenaces qui représentent un frein à la dynamique qui peut être créée par les projets urbains issus d’un PPP. «Certains gouvernants pensent que le PPP est une bombe à retardement pour les collectivités locales. Ce n’est pas du tout le cas», explique la professeur universitaire qui a ajouté, par ailleurs, que si le PPP est un produit miracle, tout trouvé, pour le Maghreb et ses infrastructures en manque de modernisation, celui-ci doit être traduit en action ! «On demande parfois au public de financer le privé alors que l’Etat n’en a pas les moyens». Elle préconise un travail en amont, avec une évaluation préalable avant de lancer tout projet PPP et une préparation adéquate afin de déterminer le montant des investissements nécessaires à la création des projets. «Avant d’investir en ville, il faut se demander quels sont les moyens financiers disponibles pour pouvoir monter des projets issus de partenariats public/privé. Il faut évaluer leur faisabilité grâce à des études». Mme Leila Ben Gacem, propriétaire de la maison d’hôte, «Dar Ben Gacem», et directrice d’un bureau d’expertise, est venue témoigner de l’intérêt de préserver le patrimoine national grâce à la coordination des efforts de la société civile avec les instances gouvernementales. Dans la droite lignée de l’argumentaire de Mme Chebeane, M.Khaled Amri, consultant tunisien en PPP, apporte des éclaircissements. «Le partenariat public/privé doit être bancable et rentable sinon il n’a aucun lieu d’être… ». Faut-il priviliégier la création de projets sous forme de concession ou de partenariat? C’est l’une des questions qui a été soulevée par l’un des participants : «Prenons l’exemple de l’autoroute Tunis- Hammamet. L’aménagement d’une station de péage a permis le remboursement complet de l’infrastructure créée, via des concessions. Tandis que, dans les zones enclavées, à l’intérieur du pays comme Kairouan ou Gafsa, moins fréquentées et avec des moyens financiers plus réduits, le partenariat est plutôt recommandé au détriment de la concession à cause du risque du non-remboursement intégral», répond Mme Ben Chebeane. L’objectif est de mettre l’accent sur les potentialités du mécanisme du partenariat public/privé en tant qu’outils pour le déve- loppement des villes. Mme Cyrine Ben Mlouka, présidente du RFLM, affirme : «Nous savons tous que des villes développées conduisent à une économie inclusive et une meilleure qualité de la vie». Dans le même contexte, elle a affirmé que les maires des villes maghrébines seront à l’écoute du secteur privé et de la société civile, à travers des ateliers organisés dans le cadre de l’événement.
Des expériences différentes et variées
M. Mohamed Salim Telidji a fait un tour d’horizon des cas spécifiques à chaque pays du Maghreb. «Les démarches des pays du Maghreb en matière de partenariat public/ privé sont conformes aux standards internationaux. La bataille des marchés s’annonce grande ouverte». L’expert mauritanien, M. Hassan Boukhreis, directeur d’une institution PPP locale, a cité en exemple son pays qui dispose d’une législation et d’un cadre institutionnel pour les projets issus du partenariat public/ privé, soulignant, par ailleurs, que le développement des échanges interrégionaux peuvent permettre de renforcer les relations régionales et sous-régionales avec des pays comme le Sénégal ou la Côte-d’Ivoire. Cette conférence a rassemblé plusieurs maires maghrébins dont M. Seifallah Lasram, maire de Tunis, et des représentants des collectivités locales maghrébines. Les transferts et partages de savoirfaire, les échanges d’expertise pour déterminer l’impact sur les populations de la région ont été recommandés à moult égards. «On espère voir du PPP dans tous les pays de l’Union du Maghreb Arabe», conclut avec optimisme la modératrice de l’événement.
Mohamed Salem KECHICHE