Un territoire et des artistes
Cela a donné lieu à des approches différentes, développées en plusieurs temps et espaces mais qui dialoguent inexorablement et ouvrent sur une multitude de sujets et de questions éludés ou laissés en suspens.
Le B’chira Art Center accueille la deuxième exposition du projet Under the sand du 29 septembre au 20 octobre. Intitulée «Metaxu, poé(li)tique du voisinage», l’exposition présente les travaux des artistes Imen Bahri, Minhee Kim, Farah Khelil, Amélie Labourdette, Dominique Leroy, Souad Mani, Wilfried Nail, Pascale Rémita, Ali Tnani, Benoît Traver et Haythem Zakaria. «Performance, vidéo, installation, peinture ou encore dessin, un large éventail de pratiques est déplié à travers l’exposition, offrant un discours polyphonique où s’articulent histoire, anecdotes, mythologies, gestes archaïques et intelligence artificielle. Pas de parcours spécifique mais une structure éclatée qui rend compte de la réalité hétérogène d’un territoire oscillant entre permanence et transformation, condensation et dissémination» , notent Fatma Cheffi et Marion Zilio, commissaires associées au projet Under the sand. Impulsé par l’artiste français Wilfried Nail, Under the sand est né en 2015, dans le contexte d’un projet de mobilité artistique en Tunisie dans le cadre de la coopération entre la Région des Pays de la Loire et le gouvernorat de Gafsa. Inscrit dans la durée (de 2016 à 2019) et porté par les deux artistes, ce projet de rencontres artistiques transdisciplinaires et internationales, ambitionne de valoriser le territoire de Gafsa. Des échanges entre artistes et curateurs tunisiens et français sont, ainsi, établis à travers une suite de résidences et d’expositions en Tunisie et en France. Ses initiateurs visent à co-construire, d’ici 2019, un évé- nement régulier : une rencontre biennale croisant art, recherche scientifique et territoire. L’exposition « Metaxu, poé( li) tique du voisinage» présentée au B’Chira Art Center fait suite à la troisième résidence organisée par le projet Under the sand dans la région de Gafsa. Elle prolonge les problématiques de la première exposition intitulée Nucléus qui s’est tenue en décembre 2016 à Nantes, lors du retour du premier volet de résidences. La résidence s’est tenue à Gafsa, une ville, comme le notent encore les commissaires de l’exposition, impactée depuis des années par l’exploitation minière et les mouvements sociaux et qui se présente aujourd’hui comme une ville aux multiples facettes. Les artistes ont pu arpenter ses quartiers résidentiels en chantier, ses montagnes d’ocre et de sable, ses oasis tentaculaires, son centre-ville défraîchi ou encore ses sites préhistoriques et romains, autant de paysages contrastés qui ont nourri leurs différents travaux. Ces derniers proposent de réifier la mémoire des hommes et des lieux (Farah Khelil, Amélie Labourdette, Wilfried Nail, Ali Tnani), de réactiver des croyances ancestrales (Imen Bahri, Haythem Zakaria), de capter l’empreinte de l’artiste dans le paysage (Souad Mani, Benoît Travers) ou encore d’invoquer des imaginaires inattendus par l’isolement ou la stylisation des motifs observés in situ (Minhee Kim, Pascale Rémita). Cela a donné lieu à des approches différentes, développées en plusieurs temps et espaces mais qui dialoguent inexorablement et ouvrent sur une multitude de sujets et de questions éludés ou laissés en suspens. Des oeuvres qui, comme on nous l’annonce, introduisent de nouvelles dimensions, de nouveaux filtres de perception. Plus encore, elles restituent l’épaisseur du temps, de la matière et de la parole oubliée dans un territoire aussi large et complexe que celui de Gafsa. A découvrir du 29 septembre au 20 octobre au B’chira Art Center (Sabbelet Ben Ammar).