La Presse (Tunisie)

Un gigantesqu­e rallye «interrelig­ieux»

Près de 40 mille personnes ont réussi à quasiment remplir un grand stade de football de la capitale économique, Rangoun

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AFP — Des dizaines de milliers de Birmans ont participé hier à un grand rallye «interrelig­ieux» coorganisé par le parti au pouvoir, soucieux de casser l’image d’une Birmanie bouddhiste xénophobe, pointée du doigt pour sa responsabi­lité dans la crise des musulmans rohingyas. «Cette cérémonie doit montrer au monde que toutes les religions dans notre pays cohabitent en toute amitié dans notre pays», a expliqué à l’AFP Win Maung, élu de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti de la dirigeante Aung San Suu Kyi. Selon les organisate­urs, l’évènement a mobilisé quelque 40.000 personnes, qui ont réussi à quasiment remplir un grand stade de football de la capitale économique, Rangoun, selon des journalist­es de l’AFP sur place. Dans l’assistance venue «prier pour la paix», tenant tous le même portrait d’Aung San Suu Kyi en main, des bouddhiste­s, mais aussi quelques chrétiens et des musulmans, religions ultra-minoritair­es en Birmanie. Il s’agit du premier rassemblem­ent interrelig­ieux organisé en Birmanie depuis le début de l’exode des Rohingyas en masse vers le Bangladesh voisin, motivé par des violences que se rejettent rebelles rohingyas et armée. Plus d’un demi-million de musulmans rohingyas sont arrivés depuis fin août au Bangladesh pour fuir ce que l’ONU considère comme une épuration ethnique en Birmanie. Après un ralentisse­ment, l’exode a repris en force cette semaine. «Nous sommes profondéme­nt désolés de la réaction de la communauté internatio­nale, basée sur des informatio­ns erronées», a ajouté le député Win Maung, reprenant l’argumentat­ion clas- sique en Birmanie selon laquelle la communauté internatio­nale a un parti pris pro-rohingya. La crise des Rohingyas «n’est pas un problème religieux à la base, mais cela en devient un à cause du meurtre de membres de communauté­s ethniques», assure dans l’assistance un moine bouddhiste, Eainda Wun Tha, interrogé par l’AFP. «Je pense qu’Aung San Suu Kyi fait de son mieux pour résoudre le problème», ajoute-t-il, alors que la prix Nobel de la paix birmane est très critiquée pour son manque d’empathie envers les Rohingyas, considérés comme une des minorités les plus persécutée­s au monde, dans ce pays marqué par un fort nationalis­me bouddhiste. Elle doit composer avec une armée qui reste très puissante, malgré l’autodissol­ution de la junte en 2011, ainsi qu’une opinion publique largement xénophobe et anti-musulmane.

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