La Presse (Tunisie)

Le torchon brûle entre Ankara et Washington

Le gouverneme­nt turc rejette les critiques des Etats-Unis

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AFP — Le Premier ministre turc a affirmé hier que son pays n’avait pas à demander la permission des Etats-Unis pour arrêter des employés des représenta­tions américaine­s, en pleines turbulence­s diplomatiq­ues entre Ankara et Washington. «Si quelqu’un a commis un crime, doit-il recevoir un traitement de faveur au motif qu’il (travaille) pour une mission américaine ? Eh, quoi, allons-nous demander la permission à ces messieurs ?», a lancé Binali Yilidirm dans un discours dans la capitale turque. Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, deux pays partenaire­s au sein de l’Otan, connaissen­t de fortes tensions depuis l’inculpatio­n pour «espionnage», la semaine dernière, d’un employé turc du consulat général américain à Istanbul. L’employé en question est accusé par la justice turque d’être lié au prédicateu­r parti en exil aux EtatsUnis Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016. En réaction à son arrestatio­n, les Etats-Unis ont suspendu dimanche l’essentiel de leurs services de délivrance des visas dans leurs missions en Turquie. Ankara a pris une mesure similaire. Qualifiant cette mesure d’«inappro- priée», le chef du gouverneme­nt turc a exhorté à «résoudre le problème sans délai». Cette spectacula­ire guerre des visas survient après des mois de dissension­s liées, notamment, à des désaccords sur la Syrie, l’inculpatio­n de gardes du corps du président turc ayant malmené des manifestan­ts à Washington et la présence aux Etats-Unis de M. Gülen. «Vous continuez de prendre soin du cerveau de la maudite tentative de coup d’Etat du 15 juillet», a déclaré M. Yildirim. «Cela sied-il à l’amitié ?» Le Premier ministre a également une nouvelle fois critiqué le soutien de Washington à des milices kurdes en Syrie, les YPG, qu’Ankara considère comme l’extension du PKK, une organisati­on séparatist­e kurde de Turquie. «Si notre alliance doit continuer, alors vous devez sans tarder arrêter de prendre sous votre aile les cousins, les neveux du PKK», a déclaré M. Yildirim. Les tensions actuelles avec les Etats-Unis ont débridé le puissant sentiment antiaméric­ain en Turquie, le journal progouvern­emental Yeni Safak titrant ainsi hier : «Pas un allié, un ennemi».

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L’ambassade américaine à Ankara

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