Des icônes en mouvement
Dans sa démarche plastique, elle réinterprète les zones d’ombre et de lumière, agit sur le bois, dessine, lacère, creuse et sculpte pour donner une présence plastique à ses portraits.
La galerie Le Violon Bleu de Sidi Bou Saïd entame cette nouvelle saison culturelle avec l’exposition «Ombres Blanches» de Sinda Belhassen. Du pop art en clair-obscur, nos icônes culturelles sortent de l’ombre, nous livrent leurs discours plastiques jusqu’au 31 octobre. Après avoir fait de hautes études commerciales, Sinda Belhassen opère un virage en suivant des formations dans les arts décoratifs et plastiques. Elle se consacre alors pleinement à l’art pour en faire un terrain d’expérimentations et de recherches et enrichit son parcours par des expositions personnelles et de groupe. Son talent a été révélé par Le Violon Bleu et remporte souvent des concours internationaux. Sa reconnaissance par Pierre Bergé constituera pour elle un tournant important. La sulfureuse Habiba Msika, célèbre chanteuse tunisienne des années folles, Ommi Traki, fameuse figure des débuts de la télévision tunisienne, Farhat Hached, Lamine Bey, Habib Bourguiba et autres icônes populaires dont l’artiste fragmente et reconstruit les images à travers ses bas-reliefs ou portraits-objets. Une manière de questionner notre identité culturelle, notre mémoire collective. Dans sa démarche plastique, elle réinterprète les zones d’ombre et de lumière, agit sur le bois, dessine, lacère, creuse et sculpte pour don- ner une présence plastique à ses portraits. Plus encore, elle les met en scène, raconte des anecdotes, fait des clins d’oeil avec l’ajout d’ornementations et d’objets divers. Un pop art tout en blanc, avec pour outils des jeux d’ombres et de lumières… Tout est dans les contrastes entre obscurité et clarté, entre les signes iconiques et les signes plastiques. Des mouvements se créent dans ces varia- tions de lumières, entre ce que l’on garde de ces bouts de mémoires, leurs projections et ce que l’artiste nous présente… Des images réinventées et théâtralisées dans un contexte actuel qui, lui, se moque des repères. La Dame de coeur (El Moujira) de Sinda Belhassen est imposante avec une présence quasi divine et «affirme son rôle essentiel dans ces jeux de cartes. On crie, on s’exclame, on «chak- kab» avec bruit ! La dame de coeur est lumineuse, se pare de tous ses atours, devenant plus divine, moins accessible, renvoyant ainsi à la condition humaine », écrit le commissaire de l’exposition, Souheïl Bouden. A voir.