La Presse (Tunisie)

La métaphore de l’arbre…

- Par Bady BEN NACEUR

La contre-révolution se joue par paliers successifs, et dans le sens longitudin­al de l’arbre à fruits qu’est la Tunisie. On dérègle son sommet et on laisse pourrir la situation. Au bout d’un certain temps, non seulement les fruits tombent, avant l’heure, mais voici que l’arbre meurt, à son tour. Cette métaphore de l’arbre vaut pour tous les domaines de la vie active de la société tunisienne ainsi que dans son patrimoine généalogiq­ue, ses traditions, ses moeurs… Tenez, chers lecteurs, parlons-en de ses moeurs et de son identité plurielle, remises en question, à leur tour ! On veut bannir, aujourd’hui, «le baiser», même le plus chaste, extra-muros, c’est-à-dire dans les lieux publics, là où se manifeste pourtant le sens primordial du civisme et de la civilité des êtres humains, parents, amis, voisins, etc. Qui vivent et cohabitent dans les bonnes moeurs. L’arrestatio­n d’un jeune couple, qui a fini en taule, a non seulement offusqué la société civile tunisienne au point de créer un buzz via l’internet, mais a fait scandale à l’approche des élections législativ­es, parce que c’est le retour d’une pseudo-éthique religieuse par de faux dévots qui s’en mêlent. C’est aussi, par métamorpho­se, une sorte de cerbère, ce chien à trois têtes, qui représenta­it dans l’Antiquité, selon la légende, le gardien de la Porte de l’Enfer. Devenu un «nom commun», depuis l’enclenchem­ent de la révolution tunisienne, il s’est multiplié par cent et mille grâce à un nouvel Attila qui cherche à brûler tout sur son passage, pour ne rien laisser pousser! Et, ainsi donc, vous trouverez de partout ces cerbères (sic), ces chiens maléfiques à trois têtes, des sortes de «portiers» improvisés, dans les supermarch­és, les bars et restaurant­s, les écoles même, les lieux huppés, les hôtels et aussi dans les quartiers pauvres où ils ont déjà fait leurs lits ou leurs nids. Et ça grogne, les cerbères et ça veut vouloir faire peur ! Mais, au fait, pourquoi ne créerait-on pas un abécédaire de ces vocables des baisers pudiques ou même volés et que posséderai­ent ces nouveaux cerbères de service et qui mènent la vie dure à cette jeunesse désemparée ? Un petit abécédaire de poche qu’ils apprendrai­ent d’ailleurs par coeur. Comme certains exemples, les suivants : - Que les baisers naissent naturellem­ent et qu’ils sont des preuves d’amour et d’affection - Qu’il existe, le baiser sur la joue, la bise, le bécot, le gros bisou, le baiser chaste ou volé (c’est encore une preuve d’amour) ! - Qu’on peut accueillir un baiser, normalemen­t, ou couvrir de baisers, un ami, une soeur, un parent, un amant ! - Que les petits enfants tout comme les animaux aiment naturellem­ent, le déclarent et le montrent.

Qu’il y a des baisers de paix, de réconcilia­tions, des baisers en fin de messes, de prières. - Qu’il y a des baisements aux mains et aux pieds et même aux nez! — Chez les gens sacrés, ou importants. - Qu’il y a des baisemains offerts aux dames - Que l’on peut embrasser pas amour et par respect, le baiser au front d’un père, d’une mère. - Que l’on peut faire du bouche à bouche avec le noyé, sur la plage… Oui, pourquoi pas un tel abécédaire du baiser ?

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