Quand les élèves font eux-mêmes le ménage!
A Sfax, les parents des élèves du lycée pilote (Sfax 2) rouspètent contre l’absence d’ouvriers et de gardiens au sein de l’établissement et brandissent la menace de passer aux sit-in. Pour le moment, ce sont les élèves eux-mêmes et les enseignants volonta
Incoroyable mais vrai! Voilà un nouveau lycée pilote qui a coûté à la communauté nationale la bagatelle de 4,5 millions de dinars, un bijou du genre, mais qui accuse l’absence de cadres ouvriers. Il s’agit bien du nouveau lycée pilote Sfax 2 qui, un mois après la rentrée scolaire, demeure toujours sans ouvriers préposés à la propreté ni cuisinier ni même un gardien. En somme, un établissement livré à lui-même en dehors des heures de cours. C’est en effet en ces termes que des parents d’élèves décrivent la situation dans cet établissement, où les élèves eux-mêmes ainsi que leurs professeurs se portent volontaires pour en assurer la propreté. Mais que répondre aux cinq élèves originaires d’El Hencha et de Jébéniana, supposés admis à l’internat mais qui doivent faire quotidiennement la navette entre leur domicile et l’établissement, faute de cuisiniers et surtout de gardien pendant la nuit, alors que le lycée pilote Sfax 2, vu son emplacement à la Cité El Ouns, située loin des grands axes routiers, en l’occurrence les radiales, est très mal servi par les moyens de transport.
Déficit de cadre ouvrier dans les établissements scolaires
A bout de patience, les parents, qui nous ont contactés, se plaignent de cette situation lamentable et pensent déjà organiser des rassemblements de protestation si la situation perdure : «Voilà une excellente manière de récompenser l’élite de nos élèves !» , ironise un parent dont la déception est unanimement partagée. A signaler que la région de Sfax accuse un déficit flagrant de cadre ouvrier. C’est, d’ailleurs, pour cette raison que les agents de l’éducation à Sfax ont observé une grève sectorielle régionale les 3, 4, 5 et 6 octobre. Mohamed Chaâbane, secrétaire général du syndicat des agents de l’éducation à Sfax, indique à ce propos que le gouvernorat de Sfax qui compte 120 collèges et lycées ainsi que 400 écoles primaires ne dispose que de 1.300 ouvriers, alors que trois gouvernorats limitrophes en comptent plus de 3.500 pour le même nombre d’établissements que celui de la région de Sfax. Mohamed Chaâbane dénonce aussi l’absence totale d’agents dans les établissements nouvellement créés depuis 2016, y compris le nouveau lycée pilote Sfax 2. Un déficit en agents aggravé par le fait que les 279 agents de l’édu- cation partis à la retraite ne sont pas encore remplacés. Selon le même secrétaire général du syndicat, déjà, dès le 20 septembre dernier, les agents de l’éducation appliquent la mesure décidée par le syndicat concernant l’unicité de la tâche à exécuter, provoquant ainsi des perturbations du travail au sein des établissements où ils sont affectés.