Un tissu de camouflage inspiré du poulpe
Des chercheurs se sont inspirés des capacités de défense de mollusques pour mettre au point un matériau aux propriétés étonnantes.
Des scientifiques ont créé un tissu artificiel de camouflage inspiré de la peau du poulpe et de la seiche, deux animaux qui changent d’apparence pour se fondre dans l’environnement et échapper à leurs prédateurs. Ces animaux peuvent, en effet, rapidement modifier la texture de leur peau ainsi que sa couleur pour ressembler à des algues, des coraux ou d’autres éléments qu’ils détectent pour se camoufler, expliquent ces ingénieurs de l’Université Cornell, dans l’Etat de New York, dont l’invention fait l’objet d’une présentation jeudi dans la revue Science. Ces chercheurs ont mis au point un matériau activé pneumatiquement qui imite le fonctionnement des papilles, de petites éminences charnues à la surface d’une muqueuse, que ces céphalopodes activent en un clin d’oeil pour changer leur apparence.
«Tout dépend de la position du muscle»
Ils peuvent tout aussi rapide- ment rétracter ces papilles. «Un grand nombre d’animaux ont des papilles, mais ils ne peuvent pas les étendre ou les rétracter instantanément comme les poulpes et les seiches» , explique le biologiste Roger Hanlon du Marine Biological Laboratory (MBL). «Ces mollusques n’ont pas de coquille, et leur principale défense contre des prédateurs est leur peau capable de changer d’apparence» , ajoutet-il. Ces papilles sont des exemples d’hydrostat musculaire, un muscle qui peut changer de forme tout en conservant son volume, comme la langue humaine, précisent les chercheurs. «Chez la seiche européenne, on compte au moins neuf groupes de papilles qui sont contrôlées indépendamment par le cerveau. Et chacune de ces papilles passe d’un état en deux dimensions à une forme qui peut être par exemple conique, ou à une dizaine d’autres formes possibles», précise James Pikul, professeur au Département d’ingénierie et de mécanique appliquée à l’Université de Pennsylvanie. «Tout dépend de la position du muscle» , ajoute-t-il.
«Un système simple»
Cette avancée technologique a permis de fabriquer un tissu synthétique pouvant passer d’une forme en deux dimensions à une autre en trois dimensions en se rétractant. «Les ingénieurs avaient déjà mis au point des moyens sophistiqués de contrôler la forme de matériaux souples...mais nous voulions un système simple, rapide et solide facile à contrôler» , explique le professeur Pikul.