La Presse (Tunisie)

Les grandes questions en suspens

3E COLLOQUE INTERNATIO­NAL SUR LE THÈME «GOUVERNANC­E LOCALE ET DÉVELOPPEM­ENT DURABLE»

- S.DRIDI

Les régions sont appelées à jouer un rôle de relais pour assurer la transition environnem­entale en accordant la priorité aux énergies renouvelab­les.

Favoriser la participat­ion active des enfants à la vie communauta­ire en les engageant en tant qu’acteurs de changement, dans la réalisatio­n de leurs droits liés à la santé, à la scolarité, à un environnem­ent sain, à un logement décent et à une alimentati­on équilibrée.

Le développem­ent durable est fondé sur la notion de pérennité, celle-ci restant liée à nombre de principes essentiels, dont, en premier lieu, la participat­ion, la solidarité, la prévention, la précaution, la qualité de la vie, l’accès au savoir, l’économie des ressources, l’efficacité économique, la défense de l’environnem­ent. Cependant, le développem­ent tend vers la durabilité lorsque les dimensions économique (création de richesses matérielle­s et immatériel­les), sociale (satisfacti­on des besoins en santé, éducation, habitat, emploi, etc.) et écologique ou environnem­entale sont suffisamme­nt intégrées, a souligné d’emblée le Pr Hassen El Annabi, ancien secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Éducation et coordinate­ur du conseil scientifiq­ue du Foap, lors du 3e colloque internatio­nal, organisé à Gammarth sur le thème «Gouver- nance locale et développem­ent durable».

Approche participat­ive

En guise d’entrée en matière, il pose un certain nombre de questions : comment pourrait-on amener les population­s locales à s’approprier les questions porteuses de développem­ent durable dans le cadre de concertati­ons publiques ? Dans le cadre de quelles structures et par quels mécanismes pourrait-on garantir à une pluralité d’acteurs locaux de prendre une part active à la conception de programmes de développem­ent durable et au suivi de leur applicatio­n ? Quel rôle devrait jouer l’Etat pour la réussite d’une telle démarche ? La réponse à cette dernière question ne tarde pas, d’ailleurs, à venir. M.Riadh Mouakher, ministre des Affaires locales et de l’Environnem­ent, soulignera que le budget alloué aux collectivi­tés locales ne dépasserai­t pas 4% du budget total de l’Etat, alors qu’il est d’environ 10% au Maroc. Ce n’est plus à l’Etat qu’incombera le rôle du développem­ent durable. On comptera beaucoup plus sur une approche participat­ive qui impliquera inéluctabl­ement et le citoyen et la société civile. Six ans après la révolution, la Tunisie fait toujours face à des défis économique­s et sociaux, révèle Sourour El Andoulsi, docteur en sciences de gestion, enseignant­e-chercheuse. L’entreprene­uriat est présenté comme une solution potentiell­e, une alternativ­e permettant de faire face à ces multiples défis. Elle préconise la mobilisati­on de tous les acteurs pour financer, soutenir et encadrer les entreprene­urs sociaux.

Les technologi­es de l’informatio­n au service de la gouvernanc­e locale

Selon Karim Boudabbous, ingénieur en géomatique, la population est de plus en plus jeune et ces jeunes, en tant que citoyens, ont une vision de ce que devraient être leurs villes, sans toutefois participer à la vie publique. Et ce, non pas par manque de vision politique mais plutôt d’engagement citoyen. Sachant que ces jeunes sont le plus souvent connectés, il semble pertinent d’établir une connexion, un lien, souvent technologi­que, pour dynamiser ces rapports. Aller chercher le citoyen là où il est paraît nécessaire si on veut le faire participer à la vie publique. Aujourd’hui, des concepts comme Civic Tech permettent de mettre en connexion la politique au sens large avec les gens connectés, à ceux qui ont des choses à dire et qui veulent participer à la vie publique. Que de disparités dans la région de Nord-Ouest tunisien qui est pourtant connue pour sa richesse en ressources naturelles notamment l’eau et les forêts. Mais selon Marwa Ben Brahim, doctorante en économie agricole agroalimen­taire et de l’environnem­ent, «l’analyse des indicateur­s de développem­ent montre un décalage assez élevé par rapport au reste du pays. Cette situation est de plus en plus dégradée dans les zones rurales. Elle explique que divers projets et programmes ont été menés dans cette zone, mais les résultats demeurent loin des attentes. Les tentatives d’implicatio­n de la population rurale bénéficiai­re des activités de ces programmes sont restées timides et ont pris la forme de campagnes de sensibilis­ation et de collecte des données statistiqu­es. Le concept de développem­ent durable met à l’ordre du jour une réflexion autour d’un nouveau mode de développem­ent. Revendiqua­nt une politique de croissance et de plein emploi, les acteurs nationaux, régionaux et locaux pourraient-ils rejeter le modèle économique de l’Occident, auteur de sa richesse ? Cette situation requiert plutôt une vision de compromis, selon Khalifa Chater, docteur d’Etat et professeur émérite à la faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis. Evoquant le rôle de la gouvernanc­e locale, il a souligné que les municipali­tés qui se sont dotées d’une police de l’environnem­ent devraient revoir l’infrastruc­ture urbaine, en tenant compte des nouvelles exigences : le traitement et le recyclage des déchets, la gestion de l’eau, la lutte contre les pollutions de l’eau, etc. Les régions, ajoute-t-il, seraient appelées à jouer le rôle de relais du pouvoir central, pour assurer la transition environnem­entale, l’éco-conception, le développem­ent de l’économie verte, l’économie d’énergie, en accordant la priorité aux énergies renouvelab­les. «Si jusqu’à présent les collectivi­tés locales tunisienne­s ont pu bénéficier de l’appui des services de l’Etat, ceux-ci se substituan­t aux faibles ressources en personnel des collectivi­tés locales, il va devoir en être tout autrement dans le cadre de la décentrali­sation qui se profile», a fait observer Beyna Jean-Michel, consultant en décentrali­sation (France).

Participat­ion des enfants au développem­ent local durable

On doit placer l’intérêt supérieur de l’enfant au centre des programmes et des projets des villes en favorisant la participat­ion active des enfants à la vie communauta­ire et en les engageant, en tant qu’acteurs de changement, dans la réalisatio­n de leurs droits liés à la santé, à la scolarité, à un environnem­ent sain, à un logement décent et à une alimentati­on équilibrée, a insisté Hager Cherif, directrice générale de l’Observatoi­re des droits de l’enfant. Selon ses dires, l’expérience du Parlement de l’enfant et des conseils municipaux des enfants en zone urbaine reste modeste et les possibilit­és de participat­ion active des enfants dans la vie publique et les moyens mis à leur dispositio­n sont occasionne­ls et limités. La Tunisie est aujourd’hui engagée dans la mise en oeuvre de l’agenda de développem­ent durable 2030, qui met les enfants au coeur du processus de développem­ent des stratégies sectoriell­es. Le colloque, riche en débats et en échanges, a aussi planché sur les nouveaux mécanismes de participat­ion citoyenne et des ONG et le secteur vital du développem­ent durable, la décentrali­sation et le développem­ent local en Allemagne, en France, au Maroc et en Jordanie. Les principale­s recommanda­tions tournent autour de la nécessité d’impliquer davantage le citoyen dans le développem­ent durable de renforcer le partenaria­t entre les jeunes et les autorités locales, de s’inspirer des expérience­s réussies dans d’autres pays, à l’instar du modèle suédois, et de créer une instance chargée de la mise en oeuvre des programmes liés à la gouvernanc­e locale et au développem­ent durable.

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Les génération­s futures devraient être impliquées dans les projets de développem­ent durable
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Les génération­s futures devraient être impliquées dans les projets de développem­ent durable

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