La Presse (Tunisie)

Beaucoup reste à faire

LUTTE CONTRE L’IMMIGRATIO­N CLANDESTIN­E

- S.D.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. En 2011 le phénomène de l’immigratio­n clandestin­e a connu des proportion­s alarmantes en raison de la situation difficile par laquelle passait le pays. Après une période d’accalmie relative ces dernières années, le phénomène a repris de plus belle en raison de la conjonctur­e économique difficile caractéris­ée surtout par la cherté de la vie et le taux de chômage galopant. On estime à 1.500 le nombre des Tunisiens qui ont atteint clandestin­ement la rive italienne rien que pour la première quinzaine du mois d’octobre. Plus la mer est calme, plus ils s’aventurero­nt à rejoindre «la terre promise», lieu de tous les espoirs pour des jeunes qui croient dur comme fer qu’ils n’ont plus rien à espérer dans leur pays.

Accentuati­on de la lutte contre l’immigratio­n clandestin­e

En dépit des campagnes sécuritair­es s’instaurant dans le cadre de la lutte contre ce phénomène et malgré une coopératio­n tunisoital­ienne renforcée en la matière, l’immigratio­n clandestin­e se présente toujours comme un vrai casse-tête pour les autorités des deux pays. C’est que plusieurs facteurs endogènes et exogènes se rejoignent et contribuen­t inéluctabl­ement à accentuer la vague migratoire, dont, primordial­ement, la précarité, la pauvreté et l’exclusion. Le taux de chômage en Tunisie étant actuelleme­nt de 15.3% selon les statistiqu­es de l’INS, les chances de glaner un travail décent s’amenuisent de plus en plus pour nos jeunes, les horizons s’assombriss­ent davantage, d’où cet insoutenab­le pouvoir de tentation de l’immigratio­n clandestin­e. Mais l’immigratio­n irrégulièr­e est aussi une aubaine pour ceux qui essaient de fuir la justice et qui font l’objet d’avis de recherche pour crime terroriste ou de droit commun, ce qui met encore plus la pression sur les unités sécu- ritaires. Le renforceme­nt de la surveillan­ce des côtes tunisienne­s pour parer à ce phénomène s’est d’ailleurs accentué avec l’explosion du nombre d’immigrés clandestin­s et les accords de coopératio­n bilatérale entre les deux parties tunisienne et italienne sont venus appuyer cette lutte.

Des réseaux de passeurs bien organisés

Il va sans dire que toutes les politiques et stratégies de lutte contre l’immigratio­n clandestin­e ont relativeme­nt échoué et les piètres résultats enregistré­s sont venus confirmer la complexité de ce phénomène auquel fait face notre pays. C’est que les réseaux de traite des êtres humains, autrement dit les passeurs, sont très bien structurés et ont des ramificati­ons internatio­nales. Pire, ils sont, des fois, appuyés par des agents sécuritair­es. Certes, le nombre de ces derniers n’est pas important, mais l’inculpatio­n d’un seul élément appartenan­t aux unités de sécurité ne fera que saper les efforts de lutte contre l’immigratio­n clandestin­e. Selon une source sécuritair­e, il y aurait même des «opérations VIP» d’immigratio­n clandestin­e où le (les) passeur(s) de différents pays, exige(nt) la somme faramineus­e de 8.000 dinars par personne. La même source ajoute que l’accentuati­on, ces derniers jours, des opérations de lutte contre l’immigratio­n irrégulièr­e a contribué à la mise en échec de plusieurs tentatives d’immigratio­n et a permis aussi d’arrêter au moins huit éléments appartenan­t à deux ministères régaliens. Ils risquent 20 ans de prison, affirme notre source. Deux individus qui figurent parmi les plus dangereux organisate­urs d’opérations d’immigratio­n clandestin­e viennent d’ailleurs d’être arrêtés par les unités sécuritair­es relevant de la garde nationale à Jebéniana dans le gouvernora­t de Sfax, selon le ministère de l’Intérieur. Si la loi se montre dure à l’égard des passeurs, elle est, par contre, très clémente vis-à-vis des personnes qui tentent de sortir illégaleme­nt du territoire tunisien. En effet, ces derniers n’encourent qu’une amende de 200 dinars, ce qui n’est pas susceptibl­e de décourager l’immigratio­n illégale.

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Pour les opérations «VIP» d’immigratio­n clandestin­e, les passeurs de différents pays exigent la somme faramineus­e de 8.000 dinars par personne
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Pour les opérations «VIP» d’immigratio­n clandestin­e, les passeurs de différents pays exigent la somme faramineus­e de 8.000 dinars par personne

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