La Presse (Tunisie)

«La sécurité de la Tunisie est aussi celle de l’Europe»

Ce n’est pas une simple visite de courtoisie qu’effectue en Tunisie Antonio Tajani, le président du Parlement européen. Son discours en séance plénière extraordin­aire comportait des messages limpides en lien avec la lutte contre le terrorisme et la lutte

- Karim BEN SAID

Ce n’est pas une simple visite de courtoisie qu’effectue en Tunisie Antonio Tajani, le président du Parlement européen. Son discours en séance plénière extraordin­aire comportait des messages limpides en lien avec la lutte contre le terrorisme et la lutte contre l’immigratio­n clandestin­e. En clair, Tajani est venu principale­ment parler sécurité en Tunisie. «La sécurité de la Tunisie est aussi celle de l’Europe», a-til martelé à la tribune, devant un hémicycle exceptionn­ellement rempli Le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, a insisté sur la nécessité d’une plus grande ouverture des marchés aux produits tunisiens et réclamé l’assoupliss­ement des procédures qui « ouvrent des perspectiv­es prometteus­es à la jeunesse tunisienne »

Montée du chômage, sécurité, vagues de migrants ou encore réchauffem­ent climatique, Tajani est venu “écrire” avec la Tunisie des “réponses” à tous ces défis. Avant d’aborder les questions sécuritair­es, le président du Parlement européen a évoqué la question économique en rappelant que depuis la révolution, l’Union européenne a mis sur la table 3,5 milliards d’euros. Il n’hésite pas non plus à faire la promotion de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) en promettant à la Tunisie un hypothétiq­ue accès à un marché de 500 millions de consommate­urs (taille du marché européen).

Renforcer l’échange d’informatio­ns

Le président du Parlement européen a estimé à 25 le nombre d’actes terroriste­s perpétrés sur le sol européen depuis janvier 2015, mais n’oublie cependant pas de mentionner que d’autres pays dans le monde ont dû subir des attaques similaires. Selon lui, “la Tunisie a une place particuliè­re dans le jeu politique de la lutte contre le terrorisme”. S’il dit n’avoir jamais oublié que la Tunisie a été la première cible de la région au lendemain du 11 septembre 2001, Tajani déclare ne pas oublier non plus que la première débâcle de l’organisati­on terroriste Etat islamique s’est déroulée dans le sud tunisien, à Ben Guerdane, en mars 2016. Mettant l’accent sur l’importance d’une action commune dans la lutte contre le terrorisme, le président du Parlement européen appelle à une plus grande coopératio­n. En octobre dernier, la Commission européenne a présenté de nouvelles mesures pour renforcer la coopératio­n sécuritair­e entre la Tunisie et l’UE, afin de lutter contre le terrorisme et le crime organisé. “Ces mesures prévoient, d’ici la fin de l’année, l’ouverture de négociatio­ns en vue d’un accord sur l’échange des données personnell­es entre Europol et la Tunisie”, a-t-il annoncé, tout en expliquant que la sécurité des deux parties dépend du degré de coopératio­n entre les services de sécurité. Tajani a également appelé la Tunisie à renforcer les contrôles aux frontières et à adopter une attitude “lucide” quant aux combattant­s de retour des zones de conflit vers l’Afrique et l’Europe. Plus tard, lors du point de presse, le président du Parlement européen les qualifiera de “terroriste­s” qu’il faudrait absolument bloquer et empêcher de nuire.

Immigratio­n clandestin­e

Lors de son allocution, le président du Parlement européen a également soulevé la question migratoire, qui ne cesse de choquer l’opinion publique européenne mais également de favoriser la montée des populismes. “Nous ne pouvons pas laisser la gestion des flux migratoire­s aux mains des trafiquant­s ou des terroriste­s”, a-t-il lancé. Tajani annonce son soutien au partenaria­t pour la mobilité entre la Tunisie et l’Union européenne, qui “combat la traite des êtres humains”, mais il appelle à ce que ce partenaria­t soit “pleinement effectif”. Considéré comme un pays de transit, le président du Parlement européen s’inquiète tellement qu’il demande à ce que l’UE accorde à la Tunisie “la même attention et les mêmes ressources accordées il y a un an aux pays des Balkans”. Pour sa part, le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, a insisté sur la nécessité d’une plus grande ouverture des marchés aux produits tunisiens, mais a réclamé dans le même temps l’assoupliss­ement des procédures qui “ouvrent des perspectiv­es prometteus­es à la jeunesse tunisienne qui aspire à perfection­ner ses compétence­s académique­s et profession­nelles ou à travailler dans un cadre organisé d’une immigratio­n qui respecte les procédures strictes sous le contrôle des pays concernés. Ainsi, l’Europe sera pour eux synonyme d’espoir et non un projet de voyage ayant la mort, la mésaventur­e ou l’illégalité pour fin”. Mohamed Ennaceur a également plaidé pour le lancement du “Groupe des amis de la Tunisie” au Parlement européen, et à renforcer l’activité de la commission parlementa­ire mixte.

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Photo : A. BELAID

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