Un partenaire privilégié
LE motif de la visite du président du Parlement européen est essentiellement sécuritaire. Et pour cause : l’Europe a de réels soucis sécuritaires. L’importante et massive mobilisation de ses ressources humaines, financières, logistiques et de renseignements généraux dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme semble insuffisante. Le sentiment d’insécurité lié au terrorisme et à son corollaire, les flux migratoires vers l’Europe, a engendré la montée de l’islamophobie, du racisme et des extrémismes : l’entrée au Bundestag de la droite nationaliste lors des dernières élections législatives allemandes en est la parfaite illustration. En Tunisie, la transition démocratique pacifique, « qui a valeur d’exemple dans le monde arabe », comme le souligne Antonio Tajani, ne s’est pas faite sans dégâts économiques et sociaux.
Pour les pays européens, la situation sécuritaire exige aujourd’hui des coopérations multilatérales plus renforcées, surtout avec les pays du Sud. Antonio Tajani est venu en Tunisie pour mettre l’accent sur l’importance du renforcement de cette coopération, particulièrement entre l’Union européenne et la Tunisie. Et pour cause : la sécurité de la première est étroitement liée à celle de la seconde, a-t-il dit en substance devant les élus de l’ARP, rappelant à l’occasion le démarrage, d’ici à la fin de l’année, des négociations entre les deux parties pour un accord sur l’échange de renseignements entre Europol et le gouvernement tunisien.
La Tunisie a aussi des soucis sécuritaires, malgré une nette amélioration de la situation. Ces soucis s’expliquent par le risque de retour de manivelle d’une double crise économique et sociale lancinante qui menace le processus démocratique, la stabilité sociale et les avancées sécuritaires. La Tunisie est également embourbée dans une sale guerre contre la corruption et la contrebande, deux relents dangereux du terrorisme. La survie de son processus démocratique et la pérennité de sa stabilité dépendent aussi et surtout du redémarrage de l’économie, du retour de la croissance et des investissements. Et l’Europe peut faire beaucoup dans ce domaine pour son partenaire prioritaire dans la lutte contre le terrorisme et les flux migratoires clandestins vers le Nord.
La résolution du Parlement européen en date du 14 septembre 2016 portant sur les relations de l’Union européenne avec la Tunisie dans le contexte régional actuel préconise un partenariat réel avec la Tunisie et la conversion de ses dettes auprès des pays européens en investissements pour promouvoir l’emploi et le développement régional. Hier, le président du Parlement tunisien, Mohamed Ennaceur, a formulé le souhait de voir le contenu de la résolution se concrétiser et a appelé de ses voeux le Parlement européen à poursuivre ses efforts pour faire de la Tunisie un partenaire privilégié à la hauteur de son rôle dans la région et de ce qu’attendent de lui ses partenaires européens.
La survie du processus démocratique et la pérennité de la stabilité de la Tunisie dépendent aussi et surtout du redémarrage de l’économie, du retour de la croissance et des investissements. Et l’Europe peut faire beaucoup dans ce domaine pour son partenaire prioritaire dans la lutte contre le terrorisme et les flux migratoires clandestins vers le Nord