La Presse (Tunisie)

C’est prouvé : les poissons ont des sentiments

- Entraîneme­nt

Des chercheurs ont identifié chez des daurades des signes biologique­s prouvant qu’elles éprouvent des sentiments. Une première dans le domaine de la recherche sur la «sensibilit­é animale».

Après des millénaire­s de déni, la souffrance animale — et, plus largement, la sensibilit­é animale — est devenue une préoccupat­ion publique et un domaine de recherche très actif. Si la loi reconnaît désormais l’animal comme un être doué de sensibilit­é, on ne sait encore que peu de chose sur celle-ci, et on a prouvé qu’elle n’existe que chez certains mammifères (dont les chiens) et chez les primates... Or, voilà qu’une équipe de chercheurs vient d’étendre la faculté d’éprouver des sentiments aux poissons, plus précisémen­t aux daurades. Un résultat qui, s’il se confirme, indiquerai­t que cette faculté est apparue très tôt dans l’évolution chez des ancêtres communs aux poissons et aux mammifères, voici quelque 375 millions d’années...

Les daurades ressentent

Les chercheurs se sont servis de 96 daurades qu’ils ont soumises à des entraîneme­nts puis à des tests sur une période de 15 jours, selon un système de récompense­s, pour les uns, et un système de punitions, pour les autres. L’idée : comparer leurs réactions physiologi­ques à celles d’animaux chez qui l’on a déjà identifié la présence de sentiments. Comme il est très difficile de faire dire à un poisson ce qu’il sent, les chercheurs ont puisé dans un ensemble de signaux biologique­s dont on sait par des études antérieure­s qu’ils reflètent un état émotionnel chez certains animaux (mammifères, primates) : comporteme­nt de fuite ou comporteme­nts sociaux (avec les autres animaux), taux de cortisol dans le sang (hormone de stress).

Modèle à appliquer aux poissons

Surtout, les chercheurs se sont appuyés sur un modèle animal du «sentiment», déjà validé expériment­alement, qui associe les sentiments positifs à l’activation de certaines régions cérébrales spécifique­s. Il fallait donc vérifier que chez les poissons ces zones (ou leur équivalent) présentaie­nt le même type d’activité. En particulie­r, les chercheurs ont choisi quatre gènes qui s’activent dans ces régions quand l’animal éprouve un sentiment positif : en mesurant le taux d’activation de ces gènes (après sacrifice de l’animal), on sait si ces zones ont été sollicitée­s.

L’entraîneme­nt (12 jours) a consisté à habituer les poissons, par groupes séparés, à associer un signal lumineux à la délivrance de nourriture (un des groupes) ou à l’enfermemen­t dans un filet suivi d’une exposition durant 5 secondes (autre groupe) - ce que les poissons n’apprécient pas, mais vraiment pas du tout. Puis, les chercheurs ont procédé à 3 jours de tests où ils soumettaie­nt les poissons à ce stimulus lumineux qui pour les uns représenta­it la nourriture et pour d’autres le calvaire. Ils ont alors vérifié que le mécanisme cérébral et physiologi­que de ces poissons ressemble très fortement à celui des espèces «à sentiments prouvés» (primates, chiens, hommes, etc.). Bref, soyez gentil avec votre poisson rouge.

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L’animal, un être doué de sensibilit­é

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