La Presse (Tunisie)

Brève visite de Macron à Mohamed Ben Salmane

«J’ai entendu des positions très dures» exprimées par l’Arabie Saoudite «vis-à-vis de l’Iran qui ne sont pas conformes à ce que je pense», avait indiqué le président français avant son départ

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AFP — Le président français Emmanuel Macron a effectué jeudi soir une visite surprise en Arabie Saoudite où il s’est entretenu avec le jeune prince héritier Mohamed Ben Salmane, sur fond de tension entre Riyad et l’Iran. Depuis le week-end dernier, le ton est encore monté entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Au coeur des nouvelles tensions, le sort du Liban mais aussi du Yémen, en proie à un conflit meurtrier où les deux poids lourds du Moyen-Orient soutiennen­t des camps opposés.

AFP — Le président français Emmanuel Macron a effectué jeudi soir une visite surprise en Arabie Saoudite où il s’est entretenu avec le jeune prince héritier Mohamed Ben Salmane, sur fond de tension entre Riyad et l’Iran. Depuis le week-end dernier, le ton est encore monté entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Au coeur des nouvelles tensions, le sort du Liban mais aussi du Yémen, en proie à un conflit meurtrier où les deux poids lourds du MoyenOrien­t soutiennen­t des camps opposés. Ce pays de la péninsule arabique est le théâtre de la pire crise humanitair­e de la planète, selon l’ONU. L’Arabie Saoudite a accusé mercredi l’Iran «d’agression directe» après le tir d’un missile en direction de l’aéroport internatio­nal de Riyad par des rebelles yéménites chiites houthis. Selon l’agence de presse d’Etat saoudienne SPA, «le président français a condamné cette attaque au missile sur Riyad par les Houthis, et souligné la solidarité de la France avec le Royaume». SPA a ajouté que le prince Salmane et Emmanuel Macron avaient «également discuté des récents développem­ents au Moyen-Orient et de leurs efforts pour la sécurité et la stabilité dans la région, y compris via une coordinati­on dans le combat contre le terrorisme». Dans un communiqué, l’Elysée a souligné que les deux hommes avaient «échangé longuement sur l’importance de préserver la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et surtout travailler à la paix». Au sujet du Yémen, Emmanuel Macron «a souligné sa préoccupat­ion sur la situation humanitair­e et sa disponibil­ité à faciliter une sortie de crise politique», a ajouté la présidence française. Il a également «rappelé l’importance que la France attache à la stabilité, la sécurité, la souveraine­té et l’intégrité du Liban». Plus tôt, M. Macron avait indiqué que des «contacts informels» avaient été établis avec le Premier ministre démissionn­aire Saad Hariri. Il a assuré que ce dernier n’avait pas demandé à venir en France, alors que des rumeurs circulaien­t dans ce sens. Il avait précisé vouloir se rendre au Liban en 2018. «Dans la zone sahélienne, la France et l’Arabie Saoudite sont convenues de soutenir conjointem­ent les pays participan­ts au G5 dans la lutte contre le terrorisme», ajoute le communiqué de la présidence française. Au terme d’une visite de 24 heures aux Emirats arabes unis, M. Macron avait annoncé en début de soirée à Dubaï un déplacemen­t de «deux heures» à Riyad, le temps de rencontrer le jeune prince, considéré comme l’homme fort d’Arabie Saoudite. «Il est important de parler avec tout le monde», avait souligné M. Macron, ajoutant que la France avait un rôle «pour construire la paix». «J’ai entendu des positions très dures» exprimées par l’Arabie Saoudite «vis-à-vis de l’Iran qui ne sont pas conformes à ce que je pense», avait-il précisé.

«Convaincre»

Avant cette visite, M. Macron avait indiqué vouloir préserver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, par lequel Téhéran s’est engagé à ne pas se doter de l’arme atomique en échange d’une levée des sanctions économique­s. Cet accord a déjà été fragilisé par sa remise en cause par le président américain Donald Trump, proche du roi Salmane d’Arabie Saoudite et de son fils, le prince Mohamed. Cet accord «doit être préservé» mais «complété avec deux piliers, une négociatio­n sur l’activité balistique de l’Iran, avec des sanctions si besoin, et une discussion stratégiqu­e encadrant l’hégémonie iranienne dans toute la région», selon M. Macron. M. Macron a par ailleurs qualifié de «très fructueuse» sa visite aux Emirats, son premier déplacemen­t au Moyen-Orient depuis son élec- tion. Il a notamment inauguré le Louvre Abu Dhabi. M. Macron a qualifié les Emirats de «partenaire essentiel» de la France, notamment dans le domaine de la défense, se félicitant de leur décision d’acquérir deux corvettes construite­s par le groupe Naval Group. La France entretient une «coopératio­n opérationn­elle de très haut niveau» avec l’Etat des Emirats qui participe depuis 2014 à la coalition internatio­nale anti-EI et mène aussi une politique de «tolérance zéro» sur son territoire à l’égard des islamistes. M. Macron a ainsi rendu visite aux plus de 700 soldats français stationnés aux Emirats, dont certains participen­t aux opérations en Irak et en Syrie. «Nous avons gagné à Raqqa», «cette ville d’où les attentats» ayant fait 130 morts à Paris le 13 novembre 2015 «avaient été planifiés, organisés, dirigés», a déclaré M. Macron devant les troupes. «Et les prochaines semaines et les prochains mois nous permettron­t, je le crois profondéme­nt, de gagner complèteme­nt sur le plan militaire dans la zone irakosyrie­nne», a ajouté M. Macron. Séparément, Mme Macron a visité jeudi l’immense mosquée cheikh Zayed, à Abou Dhabi, portant pour l’occasion un foulard sur ses cheveux.

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