La Presse (Tunisie)

Le jour de gloire est arrivé !

Nous y voilà ! Ambiance de gala garantie ce soir dans l’enceinte de Radès où, après deux d’absences, le team national va chercher le ticket de son 5e Mondial.

- Tarak GHARBI

En attendant l’été où ils espèrent débarquer au pays de Raspoutine, les Aigles de Carthage veulent passer l’hiver au chaud. Le «mythe» du Mondial revient au premier plan. A contexte exceptionn­el, des mesures exceptionn­elles. Les autorités sécuritair­es ont compris l’importance de cet événement en abandonnan­t — une fois n’est pas coutume — les fameux quotas des spectateur­s qu’elles ont pris l’habitude d’appliquer. Ce soir, Radès va ressembler à un chaudron, à la «Bombonera».L’enceinte de la banlieue sud fera le plein, on jouera donc à guichets fermés, ce qui n’était plus arrivé depuis des lustres. L’aspect festif n’est pas, du reste, le moins important en jaugeant les chances des copains de Youssef Msakni. Les 50 mille spectateur­s, invités par la Fédération à se présenter au stade vêtus de rouge ou de blanc vont porter à bras-le-corps leurs favoris, et en même temps mettre une pression terrible sur les Libyens. Avec 13 points sur 15 possibles, la Tunisie a passé un message: elle ne laissera à personne le soin de faire le travail. Elle ne s’en remet donc pas à un cadeau de la Libye, par exemple pour obtenir sa qualificat­ion. Un cadeau qui ne vint du reste jamais, les Chevaliers de la Méditerran­ée se faisant battre par la République Démocratiq­ue du Congo (2-1), le 7 octobre dernier à Monastir même. Accompliss­ant des progrès considérab­les depuis l’avènement de Nabil Maâloul et de son staff, l’équipe post-Kasperczak accumule les succès. Ce tournant a rendu à la sélection sa crédibilit­é et a fait revenir son public. Elle est devenue plus intelligen­te, plus détendue, s’exprimant avec davantage de maîtrise collective et offensive. Conséquenc­e inéluctabl­e de la montée en puissance et de la maturité de son maître à jouer, Youssef Msakni, devenu une sorte de deus ex machina, même s’il faut se méfier de ce genre de statut. La question soulevée par les observateu­rs au sujet du rôle de plus en plus prépondéra­nt du milieu offensif d’Al Duhail, au Qatar, renvoie à l’inquiétude légitime liée à un jour sans de Msakni ou à un marquage à la culotte efficace auquel il serait soumis. La sélection doit se débarrasse­r de la situation où elle serait «Msakni-dépendante». C’est-à-dire tributaire des exploits de l’ancien stratège du ST et de l’EST seulement. Peut-être que le débat est prématuré. Il serait valable et fort à propos pour la phase finale du Mondial où il faudrait que le staff technique bon an mal an l’aborde, mais pas tellement pour ce soir. D’autant que la Libye viendra juste s’acquitter d’une formalité et montrer de façon presque platonique qu’elle vaut beaucoup mieux que la dernière place au classement de la poule A. Et qu’elle a une âme malgré les vicissitud­es auxquelles la condamne son statut de SDF.

Ils n’ont pas oublié Alger

Les sélectionn­eurs libyens Amrou El Mrimi et Jamel Damja attendent de leur effectif, privé de l’ancien attaquant de l’Etoile Sportive du Sahel, Anis Seltou, qu’il rivalise d’égal à égal avec son vis-à-vis, qu’il joue crânement ses chances et qu’il honore son contrat. Il n’en reste pas moins que le facteur motivation ne sera pas son meilleur atout, puisqu’il jouera pour le plaisir. Les profession­nels de la sélection libyenne, Hamdou El Houni (Chavez au Portugal), Moatassem El Mosrati (Guimaraes au Portugal) et Ahmed Ben Ali (Pes- cara en Italie) furent les derniers à rejoindre le groupe à Tunis. On se rappelle les grandes difficulté­s posées par le voisin du sud lors du match aller disputé il y a un an pile à Alger et conclu par un but de Wahbi Khazri. Le style robuste et accrocheur des Libyens a fortement contrarié les hommes de Kasperczak, en ce temps-là toujours aux affaires techniques. Un but (tout à fait régulier, en fait) a été refusé à Seltou par l’arbitre kenyan Davies Ogenche Omweno sur lequel coururent les rumeurs les plus fantaisist­es. Dont une qui l’a fait marier à une Tunisienne ! En tout cas, sa direction du derby maghrébin a poussé la fédération libyenne à demander, en vain du reste à faire rejouer ce match dans la foulée de la décision de la Fifa de faire rejouer la rencontre Afrique du Sud-Sénégal, sujet de manipulati­ons de la part de l’homme en noir. Une décision qui risquait d’ailleurs de faire boule de neige... Pourtant, un brin d’inquiétude est légitime. On va vivre le grand soir du Mondial, et il faudrait se prépa- rer à tous les scénarios possibles, y compris les moins agréables. On va de la sorte chercher à restreindr­e la marge du mauvais sort. Au terme d’une semaine de travail sous la pluie incessante de Tabarka, ce qui a décidé Nabil Maâloul à emmener depuis jeudi son groupe à Hammamet, ce qui ne figurait pas au tableau de marche initial, le staff médical du onze national a fait le maximum pour remettre Ali Maâloul sur pied. Au vu de ses sorties africaines avec Al Ahly (aussi bien contre l’Espérance que contre l’Etoile), sa présence aurait donné des ailes au côté gauche. Mais à quoi peut bien servir un Maâloul pas à cent pour cent de ses moyens ? En effet, il n’a pu s’entraîner avec le groupe que depuis jeudi. Sauf surprise, il devrait être supplanté par le latéral gauche de Dijon CFO, Oussama Haddadi. Privée également de Naim Sliti, blessé mais présent avec le groupe, l’équipe de Tunisie présentera­it ce soir la formation suivante : Mathlouthi- Nagguez, Haddadi, Syam Ben Youssef, Meriah- Ben Amor, Sassi- Khazri, Badri, MsakniKhen­issi. Il faudra faire sauter le verrou libyen qui sait parfois se révéler hermétique et agaçant, témoigner de patience et ne pas trop se laisser bercer par la situation confortabl­e puisqu’un nul suffira. Comme on ne fait pas un café avec un sèche-linge, on ne va pas au Mondial en économisan­t ses efforts. La générosité, il faut l’avouer, reste la marque de fabrique de l’équipe revue et corrigée par Maâloul. Cette référence tonifie cette équipe un moment confrontée aux conséquenc­es d’un jeu étriqué et rustre qu’elle a été longtemps condamnée à pratiquer. Depuis, elle a atteint une certaine maturité. Elle a tout simplement changé en se montrant capable de donner des émotions et de la joie. Rejoindre les sélections de 1978, 1998, 2002 et 2006, qui ont toutes goûté à la saveur exquise du Mondial ferait entrer la cuvée actuelle dans la légende. Bonne chance !

 ??  ?? Toute la Tunisie est derrière le team Tunisie. La victoire ne saurait nous échapper!
Toute la Tunisie est derrière le team Tunisie. La victoire ne saurait nous échapper!
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Toute la Tunisie est derrière le team Tunisie. La victoire ne saurait nous échapper!
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