Des histoires inspirantes
«Se frayer un chemin vers la réussite n’est pas impossible»
Souvent en errance dans une Tunisie postrévolutionnaire, la jeunesse se bat chaque jour pour trouver sa voie de réussite dans un contexte socioéconomique morose. Nonobstant cette fragilité qui caractérise cette phase transitoire, plusieurs jeunes n’ont pas lâché prise et n’ont point hésité à prendre l’initiative et lancer leurs propres projets.
Faire ce qu’on aime
Ce sont ces jeunes-là, dont a parlé le secrétaire d’Etat à la jeunesse, Abd El Kodous Saâdaoui, dans son allocution lors du séminaire sur les relations intergénérationnelles, organisé par l’Institut tunisien des études stratégiques et qui s’est tenu le 7 novembre à Tunis. «Nos jeunes sont en train d’écrire l’Histoire d’une Tunisie moderne, et d’effectuer de véritables bouleversements sans s’en rendre compte» . Salma Inoubli, 27 ans, est étudiante en médecine. Passionnée de lecture et d’écriture, elle poursuit parallèlement des études en littérature française à Université Paris Diderot. Le 10 juin 2017, était la date de sortie de son premier roman «Là où tu n’es jamais allé» . Salma, son seul et unique credo est de réaliser ses rêves et se surpasser continuellement. «Je fais ce qui me chante, ce qui me fait palpiter, ce que je vais possiblement regretter plus tard. Je prends des risques, je ris trop fort, je pleure pour rien, j’angoisse, je gueule, je me calme, je marche beaucoup, j’essaie de m’aimer pour ce que je suis, je suis mes rêves, j’accepte de me casser la gueule, je vais de l’avant, je prends du recul, j’apprends les valeurs des choses. Acceptez-vous», a-telle publié sur son compte Facebook, confirmant son choix de percer dans le domaine et de faire partie d’une nouvelle génération naissante qui a faim de littérature, en Tunisie.
Avoir le courage de lancer son projet
Hanen Ayechi, 30 ans, ingénieur en chimie analytique et instrumentation, originaire de la région de Kairouan, a décidé de se lancer dans une aventure en créant sa propre unité de production d’huile de pépins de figue de Barbarie. En 2015, elle a commencé son sinueux périple. Après avoir effectué son plan d’affaire CFE avec l’assistance du bureau de l’emploi de l’Ariana, puis avec le centre d’affaires du Grand-Tunis, elle a déposé un dossier de prêt auprès de la BTS, pour le financement de son projet. «Au début, ce n’était pas facile du tout. Tout d’abord, lors de l’étude du projet. Ensuite, durant la phase du financement. En tout, il m’a fallu un an pour que le projet soit mis en place. J’ai réhabilité la maison délaissée appartenant à notre famille, sise à Kairouan, pour la transformer en un atelier accrédité, suivant la norme ISO 22000. En août 2016, les machines de fabrication ont été installées dans la fabrique, mais, malheureusement, après l’achèvement de la saison. J’étais obligée, avec l’assistance de plusieurs femmes employées de faire tout le travail manuellement pour sauver cette saison et commencer la production dans l’immédiat. Nos mains se sont abîmées suite au tamisage et au frottement manuel. On travaillait durant de longues heures. Mais tous ces efforts ont porté leurs fruits» nous a-t-elle confié. Elle a confirmé qu’actuellement, après l’arrivage des équipements, le travail est devenu beaucoup plus facile. Elle est en train d’élargir la gamme des produits entre poudre de gommage, crèmes pour amincissement ou anti-vergetures (ces petites raies qui apparaissent sur la peau du ventre suite à la grossesse). Hanen travaille également à obtenir la certification bio pour tous les produits dérivés de la figue de Barbarie pour une commercialisation à l’étranger. Salma et Hanen ne sont qu’un petit échantillon d’une génération qui cherche à s’imposer dans une Tunisie postrévolutionnaire et inscrire leurs noms dans le registre des femmes qui changent —d’une manière visible ou non—, toute une mentalité dans une société en pleine mutation.