La Presse (Tunisie)

Trop d’eau pour une nouvelle énergie

Ce qui fait peur aux experts en la matière, c’est que l’extraction du gaz de schiste nécessite absolument l’utilisatio­n et le sacrifice de quantités faramineus­es d’eau. Un seul et unique forage a besoin de pas moins de 20 millions de litres d’eau, soit l’

- Larbi DEROUICHE

Le gaz de schiste est un gaz naturel retenu à grande profondeur dans certains schistes des bassins sédimentai­res. Pour l’extraire de la roche, il faut y opérer une fracturati­on, obtenue par injection d’eau sous pression, mélangée à quelques additifs. L’exploitati­on de ces gisements est coûteuse. L’on présume qu’elle présente bien des risques pour l’environnem­ent, au niveau du sous-sol, dans les nappes phréatique­s et en surface. La concentrat­ion en gaz est plus faible que dans les gisements qui sont exploités surtout aux Etats-Unis depuis le début du siècle en cours. Les forages sont profonds de 1.000 à 3.000 mètres. L’on y injecte un fluide composé d’eau, de sable et de détergents sous pression (600 bars) pour parvenir à fracturer la roche et libérer le gaz. On nous dit qu’aux USA ces opérations auraient causé des contaminat­ions des nappes phréatique­s par suite de fuites d’hydrocarbu­res le long des tubages. Le combustibl­e en question est, en majorité, composé de méthane (CH4), un gaz à effet de serre, énormément plus puissant que le gaz carbonique (CO2).

De l’eau à gogo !

Les installati­ons de surface doivent reposer sur des sols bétonnés ou goudronnés, reliés aux réseaux routiers. Un gazoduc est nécessaire pour évacuer le gaz de schiste extrait. Chaque exploitati­on nécessiter­ait une surface moyenne de 3,6 hectares. Le plus grand inconvénie­nt réside dans le fait qu’un forage nécessite quelque 20 millions de litres d’eau, soit l’équivalent de la consommati­on quotidienn­e d’environ 100.000 habitants. Ce qui constitue un facteur considérab­lement dissuasif pour les pays souffrant d’un déficit d’eau quasi chronique.

Une exploitati­on nocive

Une étude publiée par Henrich Boll Stiftung Afrique du Nord Tunis a dressé l’état des lieux du potentiel tunisien en gaz de schiste. Cette étude, finalisée en 2015, a eu à mettre en exergue certaines expérience­s tout en prenant en considérat­ion les spécificit­és tunisienne­s et en attirant l’attention sur les incidences négatives de l’exploitati­on du gaz de schiste sur l’environnem­ent et, partant, la santé des habitants. Il convient de préciser, en outre, que cette étude, aux conclusion­s alarmantes, a été initiée et provoquée par un groupe d’activistes environnem­entaux et des chercheurs tunisiens.

Des études approfondi­es en cours

Après la réalisatio­n d’une enquête sur l’éventuelle extraction du gaz de schiste enfoui dans le pays et surtout dans les profondeur­s de la région de Ghédames, notre pays est à la phase des études approfondi­es. L’enquête en question a démarré au début de l’année en cours. Et l’on espère qu’elle avancera dans les délais impartis. Et l’on compte beaucoup sur sa qualité et la fiabilité de ses conclusion­s pour pouvoir prendre la bonne décision. Le plus grand souhait du pouvoir public tunisien est de se rabattre sur le gaz de schiste, comme étant une solution idoine, propre à permettre la compressio­n de la facture énergétiqu­e supportée par notre trésor public tout en créant de nouveaux emplois. Ceci, bien entendu, dans la mesure où le contexte environnem­ental serait propice. Car on est loin de s’aviser à badiner avec la santé du citoyen unanimemen­t considérée comme étant une ligne rouge. Quand bien même cette énergie serait profitable et alléchante pour un pays si pauvre et si avide d’énergie.

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Le plus grand souhait du pouvoir public tunisien est de se rabattre sur le gaz de schiste, comme étant une solution idoine, propre à permettre la compressio­n de la facture énergétiqu­e

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