Les prémices d’une bonne récolte
Des mesures ont été prises afin de garantir les meilleures conditions pour la cueillette
Après deux saisons caractérisées par une faible production d’olives, la saison 2017-2018 paraît très prometteuse puisque les techniciens du Crda estiment la récolte à 122.000 tonnes (soit 22.000 t d’huile) contre 68.000 t l’année dernière. Le gouvernorat de Kairouan compte 7 millions d’oliviers couvrant une superficie de 150.000 ha répartis en plusieurs variétés dont 85% sont de type Chamlaly, 10% Oueslati et et 5% Chetoui. En outre, beaucoup d’oliviers sont millénaires et remontent à l’époque romaine. C’est pourquoi ils révèlent une dimension socioéconomique et culturelle qu’on peut constater ces jours-ci, dans toutes les délégations où on a démarré la cueillette, le 4 novembre, dans une ambiance de fête et de remueménage. Dans les différentes oliveraies dont celles situées à Haffouz, on constate la présence de jeunes femmes ayant pris position sous les oliviers et qui procèdent à la cueillette à l’aide de cornes naturelles pour éviter le plus possible la chute des feuilles. Et les hommes font le même travail sur des échelles, le tout agrémenté par des chansons traditionnelles, des youyous de joie et l’odeur du thé noir, dénotant le bonheur des uns et des autres. Puis, on passe aux séances de dégustation, de détente et de rencontres entre différentes générations dans un gouvernorat comme celui de Kairouan où on vénère l’huile d’olive à la qualité irréprochable avec un taux d’acidité ne dépassant pas 0,3 degré et qui est un remède contre la toux, les maux de gorge et le cholestérol. Après la cueillette, on entreprose les olives dans des caisses aérées et permettant la filtration des éventuels résidus et on les achemine vers les unités de transformation. Néanmoins, beaucoup de villa- geois continuent de perpétuer certaines traditions de transformation des olives en huile en recourant à d’anciennes méthodes de presse mécanique à l’aide de meules tournantes. Dans la zone de Dhibet (délégation d’El Ala), Mme Jeanette Rebhi, 58 ans, propriétaire d’une petite oliveraie héritée de ses parents, possède un matériel adéquat et archaïque. Elle se plaît à écraser les olives à l’aide de grands pilons dont la pâte mélangée avec un peu d’eau chaude est ensuite déposée dans une cuvette où l’huile flotte en surface, ce qui lui permet de la récupérer à l’aide de ses deux mains pour la déposer dans des récipients, dont des gargoulettes ou des bidons. Notons dans ce contexte que la plupart des fellahs kairouanais consacrent une petite partie de leur production pour extraire de l’huile «Ennoudhouh» au goût un peu piquant et aux vertus curatives pour les hypertendus, les insuffisants hépatiques et les cardiorénaux.
Des problèmes malgré tout
Il va sans dire que des mesures à même de garantir les meilleures conditions de cueillette ont été prises par les responsables régionaux afin d’assurer une production d’huile de qualité et de protéger l’environnement contre la pollution engendrée par la transformation des olives. Ainsi, on a sensibilisé les oléiculteurs à la question de la bonne méthode de cueillette, afin qu’ils évitent le gaulage, nuisible à l’arbre, de lutte contre le présence des étourneaux, et de l’emploi des caisses pour le transport des olives, et non des sacs en plastique. En outre, on a décidé de faciliter le déplacement des ouvriers qualifiés par les moyens de transport des producteurs afin d’éviter les accidents. Néanmoins, les fellahs sont confrontés au problème du manque de main-d’oeuvre qualifiée pour la cueillette car, comme on est payé au kfiz et non à la journée, les jeunes trouvent que les salaires ne sont pas compétitifs par rapport à d’autres secteurs, d’où leur réticence à vieillir les olives, malgré une hausse constatée cette année (de 20 à 25 D par jour) qui engendre un manque à gagner pour les producteurs. Par ailleurs, le fléau du pillage a pris de l’ampleur ces dernières années, surtout que les voleurs n’hésitent pas à couper les arbres à la base du tronc puis les cheminent vers des huileries clandestines. Ainsi, on ne se sent plus en sécurité, de nuit comme de jour,face à des bandes de malfrats équipés de barres de fer et d’armes blanches. C’est pourquoi les agriculteurs souhaiteraient l’augmentation du nombre de patrouilles policières afin de lutter contre ce phénomène. D’autre part, les fellahs se plaignent de la cherté et de la difficulté d’acheter des plants de bonne qualité ainsi que de la présence dans la plupart des délégations d’étalages anarchiques de vente d’olives. Tous ces problèmes obligent les oléiculteurs à procéder à la vente de leur production sur pied.