La Presse (Tunisie)

Défis et menaces

Dernièreme­nt, le ministère de l’Éducation a publié une circulaire dans laquelle il appelle les responsabl­es à tenir compte des élèves à besoins spécifique­s dont, en particulie­r, les élèves doués. S’il est vrai que l’on doit accorder l’intérêt qu’il faut à

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Dernièreme­nt, le ministère de l’Éducation a publié une circulaire dans laquelle il appelle les responsabl­es à tenir compte des élèves à besoins spécifique­s dont, en particulie­r, les élèves doués.

Actuelleme­nt, la situation qui prévaut dans tous les établissem­ents scolaires du pays n’est pas pour encourager ces apprenants à s’épanouir et à se performer.

Les pratiques quotidienn­es constatées dans les classes, par exemple, montrent, si besoin est, que le cadre général n’est pas du tout propice à favoriser l’épanouisse­ment et l’émulation. Il suffit de voir ce que chaque bon élément est chargé de faire pour comprendre le sens et les orientatio­ns qu’on veut imprimer ainsi que les traditions et habitudes qui sont installées dans ce domaine. Les meilleurs élèves, dans une classe, sont chargés des tâches les plus ingrates. Comme ils sont, généraleme­nt, «sages» et discipliné­s en comparaiso­n avec l’écrasante majorité de leurs camarades, on les «gratifie» d’une responsabi­lité ; celle de chef de classe. Ainsi ils devront servir de courroie de transmissi­on entre les professeur­s et l’administra­tion. Dans plusieurs cas, c’est ce chef de classe qui accompagne­ra un élève exclu auprès des responsabl­es et perdre, ainsi, un temps précieux. D’autres tâches les unes plus fastidieus­es que les autres lui sont confiées parce que, tout simplement, il est d’une rectitude exemplaire. C’est, malheureus­ement, un tribut que ces élèves brillants doivent payer. De bon ou de mauvais gré, ils acceptent cette situation qui va devenir un lourd fardeau à porter. Or, ce que nos élèves subissent (même si cela paraît normal) est de nature à interpelle­r les responsabl­es pour qu’ils réagissent et épargnent ces corvées handicapan­tes à ces futures élites.

Corvées et calvaire

Il ne leur suffit pas de vivre, au quotidien, le calvaire. Lors du passage des devoirs, ils sont, carrément, harcelés (quoique ce terme tant galvaudé ne signifie plus rien). Ils sont «sollicités» par leurs camarades qui leur demandent de les aider à répondre aux questions des devoirs. Parfois, ils font l’objet de menaces. Ils sont même la cible privilégié­e des dealers qui essayent de les inciter à s’adonner aux stupéfiant­s. Notre société s’installe lentement, mais sûrement, dans la médiocrati­e et, par conséquent, a horreur de l’excellence et du mérite. Cette situation est intenable et pèse, lourdement, sur l’équilibre de ces jeunes d’autant plus qu’ils ne trouvent aucun appui de l’administra­tion. Livrés à eux-mêmes, ils se confient peu à leurs parents ou à l’administra­tion de peur de représaill­es de la part de leurs camarades. Il faut le dire, il n’y a pas de personnel formé pour les encadrer ou pour les conseiller. Le peu de surveillan­ts qui existent ne suffit pas à gérer le quotidien. À toutes ces anomalies vécues par ces jeunes, s’ajoutent les autres carences du système. En effet, l’impact négatif de certaines matières ne fait que compliquer les choses. Alors que les notes obtenues dans les matières «principale­s» sont, toujours, excellente­s, celles d’autres matières viennent les concurrenc­er injustemen­t. En éducation physique, artistique, islamique ou dans les humanités, ces notes viennent leur saper le moral. Face aux efforts qu’ils fournissen­t pour garder le cap dans les discipline­s dites «nobles», leur déception n’en est que plus grande lorsqu’ils se voient attribuer de très modestes notes dans les matières précitées. Et, du coup, c’est la moyenne générale qui est impactée. On aura beau rectifier au moment des orientatio­ns scolaires grâce à une comptabili­sation de ce qu’on appelle les matières spécifique­s, le système actuel constitue un obstacle réel devant ces élèves.

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